La mort volontaire d’Epstein en prison fait fleurir les théories du complot

© AFP 2023 Stephanie KeithJeffrey Epstein
Jeffrey Epstein - Sputnik Afrique
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Le financier américain Jeffrey Epstein, arrêté et accusé de trafic sexuel aux États-Unis, a mis fin à ses jours samedi 10 août. Ce qui n’a pas manqué de faire pleuvoir les questions et les théories du complot, dont les révélations sur le réseau d’exploitation sexuelle peut embarrasser nombre de personnes influentes.

Le multimillionnaire de Wall Street Jeffrey Epstein, arrêté le 6 juillet sur accusation de trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, s’est donné la mort samedi 10 août au Metropolitan Correctional Center, à Manhattan, où il était incarcéré dans l'attente d'un procès qui devait s’ouvrir dans plusieurs mois, a annoncé la chaîne de télévision ABC. Selon le New York Times, le financier s'est pendu.

Une enquête a été ouverte par le FBI et une enquête complémentaire a été lancée par le ministère de la Justice pour «suicide apparent» de Jeffrey Epstein, a annoncé le ministre de la Justice, William Barr.

«Il nous faut des réponses. Beaucoup», a écrit sur Twitter l’élue démocrate new-yorkaise du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.

Les détails de l’affaire demeurant flous, nombreux sont ceux qui émettent des doutes au sujet des conditions de cette mort. Ce qui fait fleurir de multiples théories du complot, certains allant même jusqu’à affirmer, voire expliquer, comment et pourquoi Epstein a été tué.

Pourquoi des théories du complot?

Jeffrey Epstein, ancien professeur de mathématiques accusé d'avoir mis en place un réseau de traite sexuelle, est devenu au fil du temps très proche de nombreuses personnalités haut placées — notamment Donald Trump, l'ex-Président américain Bill Clinton ou le prince Andrew, fils de la reine Elizabeth II d’Angleterre — de prix Nobel ou des élites de la Silicon Valley.

Ce qui fait naître l’idée que par sa mort, ces personnalités potentiellement impliquées, bien embarrassées par les révélations sur le réseau d’exploitation sexuelle sur mineurs, ont voulu se protéger, indique Le Parisien.

Lesquelles?

«C'est un cocktail explosif avec les tous les ingrédients pouvant exciter la complosphère: des milliardaires, des politiques de premier plan, en gros les puissants du monde, et des soirées orgiaques. C'est le cœur nucléaire de la fantasmagorie», a déclaré Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l'Université Paris-Diderot et spécialiste du numérique, cité par Le Parisien.

Une autre théorie, appuyée par les retweets de Donald Trump, suggère un lien avec l'ancien Président Bill Clinton.

«Mort de suicide alors qu’il est surveillé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7? Oui, d’accord! Comment cela arrive?», dit le message de Terrence K. Williams, commentateur et humoriste conservateur.

Le désir de trouver «la trace russe» reste toujours très présent. Par exemple, pour Joe Scarborough, animateur de MSNBC.

«Un gars disposant d’informations qui auraient détruit la vie d’hommes riches et puissants finit par mourir en prison. Comme on pouvait s'y attendre... Les Russes.»

Un autre trait particulier de l’affaire Epstein est qu'elle présente pour chacun des raisons justifiant un assassinat.

Elle «arrange les deux camps, les pro-Trump comme les anti-Trump», a indiqué Rudy Reichstadt, fondateur de l'observatoire du complotisme Conspiracy Watch, dont les propos sont repris par Le Parisien.

«Les partisans de Donald Trump sont persuadés que ça va éclabousser le clan Clinton», a-t-il affirmé.

Quant aux opposants au Président américain, ils peuvent se rappeler que l'affaire avait abouti à la démission du secrétaire au Travail à l’administration Trump, Alexander Acosta, qui avait quitté son poste après la polémique au sujet d’un accord judiciaire qui avait permis à Jeffrey Epstein de passer seulement 13 mois en prison.

Les faits

Toutefois, outre les théories, il y a également les faits. Ainsi, le millionnaire avait été débouté en juillet d'une demande de remise en liberté sous caution. En outre, le drame est survenu deux semaines après que l'homme a été retrouvé dans sa cellule avec des marques sur le cou. Jeffrey Epstein aurait alors été placé sous surveillance particulière, mais cette dernière semble avoir été levée quelques jours plus tard et le financier était placé simplement dans une unité de la prison à sécurité renforcée.

«Il y a des questions qui vont être évidemment posées, je ne vois pas les autorités ne pas faire d'enquête interne. Mais tant que les faits ne sont pas établis, on est susceptible de tomber dans des délires», indique Tristan Mendès France.

Le commentateur Michael Coudrey a estimé dans un tweet qu’au moment de la mort d’Epstein, il y aurait eu un «dysfonctionnement de la caméra».

Une enquête est en cours pour établir s’il s’agit d’un assassinat. Cependant, même si les autorités concluent au suicide de Jeffrey Epstein, «ça n'éteindra pas les théories», a souligné Rudy Reichstadt.

«Pour beaucoup, Epstein a été assassiné et éliminé politiquement. C'est toute la contradiction logique des complotistes: ils passent sous silence les informations qui ne vont pas dans le sens de leurs thèses, ou considèrent que c'est un enfumage», a noté ce spécialiste du conspirationnisme.

Que risquait Epstein?

En 2008, Jeffrey Epstein avait déjà été condamné pour avoir eu recours aux services de prostituées mineures. L’homme, qui avait alors plaidé coupable, encourait la prison à vie, mais n’avait finalement écopé que de 13 mois de prison à des conditions très favorables à l’issue d’une négociation de peine. Il était inscrit depuis sur la liste américaine des délinquants sexuels et était impliqué dans plusieurs procès.

Sur les nouvelles accusations pesant sur lui, Jeffrey Epstein était passible de 45  ans d’emprisonnement.

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