À La Mecque, la «vue» sur la Kaaba fait le bonheur des hôtels de luxe

© Sputnik . Mikhail Voskresenskiyla Mecque
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Hôtels grand luxe avec vue sur la Kaaba et formules pèlerinage «VIP»: le grand pèlerinage des musulmans à La Mecque attire une clientèle fortunée qui ne lésine pas sur les moyens, faisant de la ville sainte l'eldorado d'un tourisme religieux de luxe.

Marbre étincelant, bois précieux, lustres majestueux... tous les standards du luxe international sont respectés dans les hôtels haut de gamme de La Mecque.

Mais leur principal atout est ailleurs: «nous disposons de trois salles de prière donnant sur la Kaaba», s'enorgueillit un responsable de l'un de ces établissements cité par l'AFP. 

Sanctuaire le plus saint de l'islam, la Kaaba est une structure cubique enveloppée dans une étoffe noire brodée d'or, au coeur de la Grande mosquée. C'est vers elle que les musulmans du monde entier se tournent pendant leurs cinq prières quotidiennes.

«Les clients rêvent de voir la Kaaba 24 heures sur 24», explique l'hôtelier, alors que dans une salle de prière du 29e étage, des hommes prient les yeux rivés sur ce sanctuaire en plein hajj, le grand pèlerinage de La Mecque. 

Quelque 2,5 millions de fidèles venus du monde entier participent cette année (du 9 au 14 août) à ce rassemblement religieux, un des cinq piliers de l'islam.

Tout aussi huppé, un autre établissement de luxe se veut un «lieu de pèlerinage» avec une vue sur «l'endroit le plus sacré de l'islam».

D'autres fleurons de l'hôtellerie de luxe ont été érigés ces dernières années dans des gratte-ciel près des lieux saints, souvent avec une vue «panoramique».

Tous affichaient complet pour la période du hajj, mais aussi une douzaine de jours avant et autant après. Ils le sont également pour le hajj 2020. Le tarif d'une chambre dépasse généralement les 1.000 dollars en haute saison.

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C'est au sein ou à proximité d'un vaste complexe de gratte-ciel baptisé Abraj Al-Bait (Tours de la Kaaba), ouvert en 2012, qu'on trouve les plus opulents hôtels de La Mecque.

Le complexe abrite l'une des plus hautes tours du monde, reconnaissable à son horloge 35 fois plus grande que Big Ben à Londres.

Réalisé par le groupe Binladin (lié à la famille du fondateur d'Al-Qaïda), il a été bâti sur le site de la forteresse historique Othoman Ajyad, dont la démolition avait provoqué une crise diplomatique entre l'Arabie saoudite et la Turquie. 

«On estime que 95% des édifices millénaires de la ville ont dû être démolis pour bâtir cette éruption de clinquant architectural», déplore l'intellectuel Ziauddin Sardar dans son ouvrage «Histoire de La Mecque». 

D'autres chantiers ont été lancés dans les lieux saints, comme l'agrandissement de la Grande mosquée pour accueillir plus de fidèles. 

De nombreux voyagistes spécialisés proposent des packages «VIP» pour un «pèlerinage exceptionnel», avec «chambre donnant sur la Kaaba», pour plusieurs milliers de dollars.

«Certaines agences de voyages privées proposent des formules pouvant atteindre les 25.000 dollars», selon un responsable saoudien.

«Le pèlerinage s'apparente de plus en plus à un phénomène de tourisme sacré incluant un ensemble de prestations "clé en mains"», souligne l'universitaire Luc Chantre, auteur d'ouvrages sur l'histoire contemporaine de La Mecque. 

«L'agrandissement des infrastructures à La Mecque va de pair avec le développement parallèle de loisirs profanes comme le shopping, le tourisme culturel ou la mise en valeur d'espaces naturels», poursuit l'universitaire.

Le royaume, assez fermé jusqu'ici, a fait du tourisme l'une des pièces maîtresses de son programme de réformes à l'horizon 2030 visant à réduire sa dépendance au pétrole.

Il a annoncé le lancement d'un projet consistant à transformer une cinquantaine d'îles de la mer Rouge en stations balnéaires de luxe et la construction d'une cité du divertissement à Riyad. 

Ce pays, qui impose de stricts codes sociaux, est cependant considéré par beaucoup comme une destination touristique improbable. 

Le tourisme religieux a en revanche de beaux jours devant lui: Riyad prévoit d'attirer 30 millions de pèlerins par an d'ici 2030 pour le hajj et le petit pèlerinage (omra) qui peut avoir lieu à tout moment de l'année. Ce tourisme draine annuellement des milliards de dollars. 

Les pèlerins ne sont pas tous logés à la même enseigne: des milliers s'entassent dans des dortoirs bondés, dans des conditions hygiéniques précaires.

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