Les dessous de l’intention de Trump de taxer le vin français

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À l’issue du G7, Emmanuel Macron a estimé que les menaces de Donald Trump de taxer lourdement le vin français n’étaient pas «à l’ordre du jour». Or, la réaction du Président des États-Unis restant mitigée, que pourrait-il se cacher derrière son attitude? Sputnik a posé la question à Yves Thétard, ex-directeur de l’export de la maison Jean Loron.

Derrière les menaces du Président américain d’imposer de nouveaux tarifs douaniers sur le vin français peuvent se cacher plusieurs motifs, affirme, dans un entretien à Sputnik, l’ancien directeur de l’export pour le compte de la maison Jean Loron (Beaujolais), Yves Thétard.

«S’ils le font», soit si la France applique une taxation indésirable à l’encontre des géants du numérique, «nous allons taxer leurs vins comme jamais ils ne l'ont été auparavant», s’était exclamé le Président Trump en colère.

Accord vs menaces

Les deux chefs d’État semblent dès lors avoir «trouvé un très bon accord», comme l’a annoncé Emmanuel Macron lors du discours de clôture du G7 à Biarritz. Son homologue américain, lui, est resté évasif, disant que les deux pays «s’approch[aient]» d’une entente. Faut-il en croire que les menaces sont de l’histoire ancienne? Et qu’y avait-il derrière ces promesses assurées?

«Le premier élément, c’est de la provocation, comme d’habitude, de la part de Donald Trump, en réponse à la proposition française de taxer les Gafa, c’est-à-dire les grandes entreprises américaines [Google, Amazon, Facebook, Apple] qui ne paient pas d’impôts dans les pays européens», explique Yves Thétard.

Pour ce dernier, la logique est la suivante: quand on impose une taxe, on répond avec une autre taxe. Le Président de la République y a quant à lui détecté «une menace», mais affirme ne pas l’avoir «surinterprétée, parce qu’il faut en voir l’efficacité. Il ne faut pas céder à toutes les menaces, on a pacifié les choses. Je pense que ce n'est plus à l'ordre du jour», a-t-il estimé.

Selon M.Thétard, Emmanuel Macron a annoncé la taxe Gafa «pour provoquer une prise de position de l’ensemble des pays européens, et même de l’OCDE». Ce qui «arrangerait Trump parce qu’eux aussi ils veulent taxer les Gafa aux États-Unis. C’est la partie sérieuse», souligne l’expert.

Cependant, Donald Trump ne peut pas taxer que les vins français. Puisqu’il imposerait ainsi des taxes non seulement à la France, mais à l’Europe, il ne s’y décidera probablement pas, pronostique M.Thétard.

«Dans le cas où il le ferait, cela va augmenter les vins français et européens –italiens, espagnols et autres– de quelques cents», explique-t-il. «Ce n’est pas énorme non plus auprès du consommateur américain qui, de toute façon, continuera dans la proportion d’un faible nombre –c’est 5% des consommateurs qui achètent des vins importés aux États-Unis– mais c’est un gros marché. Et donc ce ne sera pas gravissime. C’est plus une attitude pour montrer ses muscles qu’une menace réelle.»

La Chine face à Trump

L’expert donne l’exemple de la Chine pour illustrer l’impact potentiel des menaces de Trump. Un ralentissement économique se fait sentir pour le pays, selon lui.

Un certain nombre d’entreprises exportatrices chinoises ont été touchées par la guerre commerciale. Néanmoins, l’impact n’est pas très important.

«Il y a des entreprises chinoises qui vendaient beaucoup aux États-Unis qui ont été affectées, et les droits de douane augmentaient. Certaines entreprises chinoises commencent à en souffrir, celles qui font du commerce avec les États-Unis, bien sûr. Les autres –j’en connais beaucoup– qui font du commerce avec d’autres pays n’ont pas eu d’impact.»

M.Thétard rappelle que la Chine est un grand pays exportateur mais de plus en plus tourné vers la consommation intérieure. «Donc, cela affectera la croissance chinoise, mais pas autant que Trump voudrait le croire.»

État actuel des vignes

Après les bonnes récoltes de l’an passé, la vigne semble faire une pause en 2019; et cela serait le cas pour toute l’Europe, selon M.Thétard.

La production sera «moins importante que l’année dernière» et l’impact des conditions climatiques -sècheresse, gel ou grêle- joue également un rôle, résume-t-il.

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