«Divergences» entre Riyad et Téhéran: qu’en est-il des perspectives de sortie de crise?

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Riyad  - Sputnik Afrique
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Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a reçu lundi 2 décembre à Téhéran son homologue omanais, Youssef ben Alaoui, qui a avancé l’idée d’une conférence en vue d’une détente au Proche-Orient et au Yémen. Deux politologues iranien et saoudien ont dit à Sputnik ce qu’ils en pensaient.

Lundi 2 décembre, lors de sa visite à Téhéran, le ministre omanais des Affaires étrangères, Youssef ben Alaoui, a proposé d’organiser une conférence pour apaiser les tensions au Proche-Orient et au Yémen. En réponse, son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, a indiqué que Téhéran prônait un dialogue qui associe tous les pays de la région, rappelant que l’initiative de paix d’Ormuz «HOPE» (projet iranien de coopération sécuritaire pour le Golfe) y tendait également.

Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères - Sputnik Afrique
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Les Américains ne laisseront pas les Arabes participer aux négociations

Tout dépend des pays du Golfe, l’Iran ayant déclaré auparavant être prêt à s’asseoir avec eux à la table des négociations pour discuter des problèmes, a déclaré à Sputnik le politologue iranien Imad Abashnas.

«Cela se rapporte évidemment plus à nos divergences avec l’Arabie saoudite. Quoi qu’il en soit, nous n’avons toujours pas eu de réaction de ces pays sur notre disposition à engager des négociations», explique l’expert.

Et de rappeler que le gouvernement de Rohani avait proposé à ces pays une initiative de paix dans le détroit d’Ormuz prévoyant la formation d’une coalition pour assurer la sécurité dans la région.

«La raison du rejet des négociations, ce sont les États-Unis. Ils ne permettent pas aux pays arabes, et surtout à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à Bahreïn de négocier avec Téhéran. Les Américains ont besoin de continuer à vendre leurs armes aux pays arabes. Et pour cela, il est nécessaire de maintenir la tension», résume M.Abashnas.

Il aurait d’abord fallu inviter les pays arabes

Avant de proposer à l’Iran une telle conférence, Oman aurait dû en discuter en détail avec les pays arabes. Mais dans le cas présent, la proposition est partie de Téhéran, et elle ne sera sans doute pas acceptée, a estimé dans un entretien à Sputnik le politologue saoudien Shaher al Nahari.

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«La poursuite de la confrontation entre Téhéran et Riyad est dans l’intérêt des USA»
«On peut poser certaines questions à Oman. Pourquoi la proposition d’une conférence n’a-t-elle été avancée que maintenant? Et où était-il [Oman, ndlr] quand l’Iran attaquait des navires et pilonnait des raffineries saoudiennes? Depuis de longues années, la guerre fait rage au Yémen. L’Iran en assume une bonne part de responsabilité. Néanmoins, pendant tout ce temps, Oman a gardé le silence. Tout cela est plutôt étrange.
On a bien l’impression qu’Oman essaie de sauver le gouvernement iranien face aux pressions américaines accrues, au mécontentement populaire en Iran, aux troubles anti-iraniens au Liban et en Irak», conclut le politologue.

Les relations entre Washington et Téhéran se sont fortement dégradées depuis le retrait unilatéral des États-Unis en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, suivi du retour de lourdes sanctions américaines contre l’Iran.

Privé des retombées économiques qu’il espérait de cet accord, l’Iran a commencé en mai 2019 à s’affranchir de certains de ses engagements pris dans son cadre.

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