Assassinat du général Qassem Soleimani: comment l’Iran pourrait-il se venger des USA?

© AP PhotoLe général Soleimani
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L'assassinat par les États-Unis du général Qassem Soleimani, commandant de la force iranienne Al Qods, a bouleversé et profondément indigné le peuple de la République islamique qui crie vengeance. Un vétéran militaire américain, un ancien analyste de la CIA et un spécialiste du Proche-Orient commentent pour Sputnik la situation explosive.

Après la frappe d'un drone américain qui a coûté la vie au général Qassem Soleimani, commandant de la force Al Qods (unité d’élite des Gardiens de la révolution) chargée des opérations extérieures de l'Iran, Téhéran a juré de «riposter», ce qui a incité Washington à envoyer 3.000 soldats américains au Proche-Orient, alors que le département d'État a exhorté les ressortissants américains présents en Irak à quitter immédiatement le pays.

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La riposte iranienne est inévitable

«L'Iran ne manquera pas de riposter. Tout d’abord, en raison des dommages qui ont été infligés à sa souveraineté», a déclaré à Sputnik Mark Sleboda, vétéran américain et spécialiste des problèmes internationaux et de sécurité.

Et de rappeler que Qassem Soleimani n'était pas seulement un chef militaire vénéré et prospère, mais aussi un diplomate extrêmement efficace pour l'Iran et une figure extrêmement charismatique aux yeux de la population.

«Il était admis qu’en raison de sa relation très étroite avec le guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, il était présélectionné comme futur choix présidentiel pour l’Iran», a détaillé l’expert.

Un assassinat qui change la donne

Selon ce dernier, la riposte iranienne à l’assassinat du général Soleimani par les Américains pourrait être asymétrique et impliquer le Hezbollah au Liban, le Hamas en Palestine et les Forces de mobilisation populaire (PMF) et les mouvements politiques associés en Irak.

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«Cela ne signifie toutefois pas que cette action sera immédiate. […] L'Iran ne recourra pas à une guerre ouverte avec les États-Unis. Quoi qu’il en soit, cet assassinat change certainement la donne et élève le niveau de la guerre asymétrique, hybride et secrète qui se déroule depuis des décennies entre les États-Unis, les Saoudiens et Israël, d'un côté, et l'Iran, de l'autre», a résumé M.Sleboda.

Un autre interlocuteur de Sputnik, Larry Johnson, ancien analyste de la CIA, n’exclut pas que les États-Unis puissent avoir prévu de frapper les hommes forts iraniens un par un afin de saper le gouvernement du pays.

Un espoir insensé

«Je suppose que l'administration Trump estime que frapper des cibles iraniennes clés, comme Soleimani, renforcera l'opposition en Iran aux mollahs et ouvrira la voie à un changement de régime. À mon avis, c’est un espoir insensé. […] Je pense que cette attaque aura un effet contraire, celui de renforcer le soutien de la population au régime iranien actuel», a-t-il poursuivi.

Et de prévenir que les frappes dont le Pentagone menaçait l’Iran entraîneraient inévitablement des actes de représailles de la part de celui-ci, ce qui pourrait dégénérer en une véritable guerre.

Pour sa part, l'analyste politique canadien d'origine syrienne Christian Assad relève que «l'assassinat ciblé de Soleimani est une déclaration de guerre claire et la destruction totale du Plan d'action global conjoint (JCPOA)».

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«Les États-Unis, avec l'aide d'Israël et d'autres alliés, provoquent l'Iran et la résistance irakienne depuis longtemps. Les tensions présentes et passées sont de la seule responsabilité du gouvernement américain depuis l’écartement du shah d'Iran, en 1979», souligne-t-il.

Selon M.Assad, «il reste à voir si la Chine, la Russie et d'autres pays pourront exercer suffisamment de pression sur les États-Unis pour refroidir leur ardeur».

Est-ce bien de la «légitime défense»?

Dans la nuit de jeudi 2 à vendredi 3 janvier, les États-Unis ont procédé à l’assassinat du général Qassem Soleimani en bombardant le convoi dans lequel il se trouvait, à proximité de l'aéroport de Bagdad, tuant également Abou Mehdi al-Mouhandis, membre de haut rang de la milice irakienne Hachd al-Chaabi. Washington les déclare tous les deux impliqués dans l’attaque contre l'ambassade américaine à Bagdad le 31 décembre 2019.

Selon Donald Trump, Soleimani préparait des attaques «imminentes et sinistres» contre des diplomates et des militaires américains. Pourtant, le Président américain n’en a fourni aucune preuve. Dans ces circonstances, les observateurs constatent que les tentatives de Washington de justifier l'assassinat extraterritorial du général iranien par de la «légitime défense» semblent plutôt maladroites.

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