Victoire du dauphin d’Evo Morales en Bolivie: «Il est difficile pour les États-Unis de refaire le même coup deux fois»

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Luis Arce, candidat de la gauche en Bolivie, a battu de loin ceux du centre et de la droite proaméricaine. Décryptage de cette victoire par Jean-Louis Martin, économiste et ancien responsable des pays émergents et de la recherche macroéconomique au Crédit Agricole, pour le Désordre mondial.

Un an après les élections en Bolivie, contestées au point de provoquer le départ du Président élu et la mise en place de l’un de ces Présidents par intérim soutenus par l’Organisation des États américains (dont le siège est à Washington), le pays a enfin choisi un nouveau Président.

Il n’est autre que le dauphin de l’ancien Président de gauche, Evo Morales. La police et l’armée avaient exigé la démission de ce dernier il y a un an, provoquant sa fuite au Mexique. Le 12 novembre, Jeanine Añez, une politicienne de l’opposition, s’est déclarée Présidente par intérim. Il est difficile de ne pas faire de parallèle avec Juan Guaido au Venezuela.

La grosse différence est que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a félicité le nouveau Président, Luis Arce, qui a remporté 55% des voix, contre 29% pour le candidat centriste et seulement 14% pour le leader de la contestation proaméricaine.

Que signifie cette victoire? Et quel lien avec des remarques faites par Elon Musk, le PDG de Tesla et de SpaceX, au sujet de la Bolivie?

Jean-Louis Martin, économiste et ancien responsable des pays émergents et de la recherche macroéconomique au Crédit Agricole, explique pourquoi le gouvernement américain a rapidement reconnu le résultat des urnes:

«Je pense qu’il est difficile pour les États-Unis de refaire le même coup deux fois. La deuxième chose, c’est qu’Evo Morales n’est plus là et que les élections se sont quand même passées dans des conditions moins controversées que la dernière fois.
En particulier, le candidat Luis Arce était absolument indiscutable puisqu’il n’y avait pas eu besoin de modification de la Constitution pour qu’il se présente. Une autre chose qui a sans doute joué dans la reconnaissance par les États-Unis, c’est que le principal candidat de l’opposition en Bolivie, Carlos Mesa, a très rapidement reconnu la victoire de Luis Arce, donc il était difficile aux États-Unis de dire non encore une fois.»

Martin analyse la victoire de la gauche, un phénomène qui ne serait pas particulièrement idéologique, mais plutôt le résultat d’un rejet du gouvernement proaméricain en place:

«C’était l’extrême droite latino-américaine dans toute sa splendeur, qui n’avait pour souci que de maintenir l’ordre, y compris en faisant donner la troupe et qui n’avait pas le moindre début de préoccupation pour l’essentiel de la population. Elle était là pour protéger les intérêts de la classe dominante.»

Et enfin, comment expliquer les remarques du patron de Tesla, Elon Musk, envers la Bolivie, lorsqu’il a dit sur Twitter que les États-Unis feraient des coups d’État à leur guise dans ce pays? L’ancien responsable des pays émergents et de la recherche macroéconomique au Crédit Agricole y voit une raison économique:

«La Bolivie dispose des principales réserves de lithium mondiales –qui est un composant tout à fait indispensable dans la production de batteries–, entre 25 à 30% des réserves mondiales de lithium et qui sont d’ailleurs pour le moment assez peu exploitées. C’est-à-dire les principaux producteurs de lithium sont l’Australie, la Chine et le Chili. Et la Bolivie est assez loin derrière. Mais elle possède la principale réserve.»
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