Pékin a critiqué la position ambivalente de Paris sur la liberté d’expression et le droit à la caricature, via une déclaration de l’ambassade de Chine en France.
La situation s’était tendue entre les deux pays, après un message diffusé sur Twitter par Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Ce dernier condamnait l’attitude des forces armées australiennes en Afghanistan, soupçonnées de crimes de guerre dans un récent rapport. L’officiel chinois accompagnait sa publication d’une œuvre de l’artiste Wuheqilin, montrant un militaire menacer un enfant d’un couteau, sur fond de drapeau australien.
Shocked by murder of Afghan civilians & prisoners by Australian soldiers. We strongly condemn such acts, &call for holding them accountable. pic.twitter.com/GYOaucoL5D
— Lijian Zhao 赵立坚 (@zlj517) November 30, 2020
Une illustration qui avait suscité l’indignation côté français, le ministère des Affaires étrangères dénonçant une image «choquante» et un commentaire «tendancieux», insultant pour les forces armées impliquées dans le conflit afghan.
Une réaction aujourd’hui critiquée par Pékin, qui accuse la France d’un «deux poids deux mesures» sur le droit à la caricature, principe au cœur de l’actualité après la décapitation de Samuel Paty et les prises de position d’Emmanuel Macron à ce sujet.
«Un pays où le droit à la caricature est défendu à cor et à cri ne pourra-t-il pas tolérer le droit à la caricature d’un jeune peintre chinois? Où est la liberté d’expression dont on se vante? Au fond, c’est le “deux poids, deux mesures” qui fait que l’on prend des positions sans même distinguer ce qui est juste et ce qui ne l’est pas», dénonce ainsi l’ambassade de Chine dans sa déclaration.
L’Australie demande des excuses
En Australie, le message et l’illustration partagés par Zhao Lijian ont également fait vivement réagir. Le Premier ministre Scott Morrison a ainsi demandé au gouvernement chinois de supprimer cette «image répugnante», réclamant par ailleurs des excuses au ministère des Affaires étrangères.
«C’est absolument scandaleux et cela ne peut être justifié par aucun prétexte. Le gouvernement chinois devrait avoir totalement honte de ce message. Cela les diminue aux yeux du monde», a-t-il déclaré en conférence de presse.
Scott Morrison a précisé avoir contacté Twitter pour faire disparaître l’objet de la controverse. Requête refusée par le réseau social: la publication de Zhao Lijian était toujours en ligne ce 2 décembre.
Les relations entre la Chine et l’Australie se sont envenimées ces derniers mois, Pékin en arrivant à frapper de sanctions commerciales plusieurs produits australiens, notamment le vin ou le bœuf.