Moscou «choqué» par la réaction de l’Occident face à la crise afghane

© Sputnik . Ministère russe des Affaires étrangèresMaria Zakharova
Maria Zakharova - Sputnik Afrique, 1920, 18.08.2021
S'abonner
Alors que les États-Unis ont passé 20 ans à former sur place la direction politique afghane qui vient d’être renversée, Washington rejette sur elle la responsabilité de l’actuelle crise dans le pays, dénonce la porte-parole de la diplomatie russe. Maria Zakharova désapprouve également l’attitude de l’Occident envers les réfugiés afghans.
«C’est non seulement la catastrophe humanitaire se déroulant en Afghanistan qui choque, mais aussi la réaction du monde démocratique», a déclaré ce mercredi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova sur la chaîne YouTube Soloviev Live.
Elle a ainsi commenté les déclarations faites en Occident après la prise du pouvoir par les talibans* en Afghanistan, le 15 août.
«Que fait le monde occidental? Ces pays de l’Otan et de l’UE qui y mettaient de l'ordre depuis 20 ans [...] Envoient-ils des avions? [...] S’occupent-ils de déployer des camps de réfugiés, de financer des ONG appropriées qui leur accorderaient de l’aide? Non, c’est bien plus intéressant: ils publient une déclaration sur le site du Département d’État qui appelle à ne pas fermer les postes frontaliers, [...] les routes et les aéroports.»

La déclaration

La diplomate a sans doute fait allusion à la déclaration publiée le 15 août, date du renversement du gouvernement à Kaboul, selon laquelle «Les Afghans et les citoyens internationaux qui souhaitent partir doivent être autorisés à le faire; les routes, les aéroports et les postes frontaliers doivent rester ouverts et le calme doit être maintenu». Le texte a déjà été signé par 100 États, «de l'Albanie à la Zambie», comme l’a déclaré le 17 août le porte-parole du Département d’État Ned Price.
«Le secrétaire général de l’Alliance de l’Atlantique Nord, en analysant la situation en Afghanistan et en reconnaissant en somme qu’elle est catastrophique, […] a rejeté la responsabilité de l’effondrement survenu sur la direction politique de l’Afghanistan. [...] Ainsi pendant 20 ans, l’Otan et les États-Unis se sont occupés de créer et former ces mêmes forces politiques. C’est eux qui en étaient responsables. Et maintenant, ils rejettent la responsabilité sur la direction politique afghane. [...] Voilà leurs valeurs», a conclu Mme Zakharova.

Les réfugiés afghans

Maria Zakharova s’est également dite choquée par le comportement des pays de l’UE, notamment de l’Estonie, dont la Première ministre a déclaré que son pays était prêt à accueillir 10 réfugiés afghans.
En effet, Kaja Kallas a indiqué mardi que son pays accueillerait dix personnes ayant coopéré avec l’UE et l’Otan ainsi que leurs parents proches. «Le chaos en Afghanistan continue de choquer le monde démocratique. L’Estonie veut apporter sa contribution au règlement de la crise humanitaire dans ce pays», a notamment assuré la dirigeante estonienne.
«En Estonie, ils ont Internet, ils voient bien ce qu’il se passe. Comment ça 10 personnes? Comment est-ce possible?», s’est ainsi indignée Maria Zakharova, rappelant que ce pays balte fait partie de l’Otan et que l’Afghanistan a été une «zone de la responsabilité de cette organisation pendant 20 ans».
Si l’Estonie «est préoccupée par la crise humanitaire et prête à accueillir carrément 10 citoyens afghans», elle aurait pu, au cours des dernières décennies, constater «la crise des non-citoyens dans les États baltes», a souligné la porte-parole, se référant aux Russes vivant dans cette région et n’ayant pas le droit à la moindre citoyenneté.

La chute du gouvernement afghan

Après le brusque retrait des troupes américaines du pays, les talibans* ont envahi en quelques semaines toutes les grandes villes et les postes-frontières, avant d’entrer dans Kaboul le 15 août. Le Président Ashraf Ghani a démissionné et a quitté le pays. Quelques heures plus tard, les talibans* ont déclaré que la guerre qui avait duré 20 ans était terminée. Ils ont refusé de former un gouvernement de transition.
La France s’avère divisée sur la question des réfugiés afghans. Si Emmanuel Macron a provoqué un tollé en disant: «Nous devons anticiper et nous protéger contre les flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent et nourriraient les trafics de toute nature», plusieurs maires se disent prêts à accueillir «dignement» les Afghans souhaitant trouver l’asile en France.
*Organisation terroriste interdite en Russie
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала