La police australienne autorisée à espionner les ordinateurs et les smartphones de suspects à distance

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Un hacker  - Sputnik Afrique, 1920, 02.09.2021
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En Australie, la police a reçu le droit sans précédent de pirater les appareils connectés des habitants soupçonnés de crimes, de collecter ou de supprimer leurs données, de s'emparer de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Les critiques clament une violation de la vie privée. L’activité journalistique est-elle aussi menacée?
Une loi donnant à la police australienne des pouvoirs sans précédent pour espionner en ligne les suspects, s’emparer de leurs données et de leurs comptes a été adoptée par le Sénat, chambre haute du parlement, la semaine dernière, comme annoncé par l’organe législatif sur Twitter.
​Le «projet de loi sur l'identification et la perturbation» établit trois nouveaux types de mandat, permettant à la police fédérale australienne (AFP) et à la Commission australienne des renseignements criminels (ACIC) de saisir les comptes des réseaux sociaux des suspects, de modifier et de supprimer les données associées et de les espionner en ligne. Ces mesures devraient renforcer la sécurité nationale et aider à lutter contre le crime organisé, le terrorisme et d'autres crimes menés à l’aide du dark web, est-il expliqué sur le site du ministère de l’Intérieur.
Elle ciblera directement ceux qui «commettent les crimes les plus odieux contre les enfants», aidant la police à lutter contre les crimes liés à la cybercriminalité, dont la distribution de matériel d'exploitation d'enfants ou le trafic de drogue, détaille la ministre de l'Intérieur Karen Andrews citée sur le site du ministère.

Tout ne va pas bien

Les critiques du projet de loi, condamné par plusieurs sénateurs et militants des droits de l'homme, soulignent l’absence de garanties suffisantes pour empêcher tout abus grâce à ces nouveaux pouvoirs. Selon ses opposants, il viole la liberté d'expression et la vie privée numérique.
En effet, trois nouveaux pouvoirs seront accordés aux structures policières pour lutter contre la criminalité en ligne, informe le site de la messagerie web sécurisée Tutanota. Elles pourront ainsi manipuler les données en les modifiant, les copiant, les ajoutant ou en les supprimant; recueillir des renseignements à partir d'appareils ou de réseaux utilisés, ou susceptibles de l'être, par des personnes visées par ce mandat; et enfin prendre le contrôle d'un compte en ligne (par exemple, sur les réseaux sociaux) dans le but de recueillir des informations pour une enquête.
Ainsi, deux organismes australiens d'application de la loi, l’AFP et l’ACIC, auront bientôt le pouvoir de modifier, copier ou supprimer les données de quiconque est suspecté dans une enquête pour crime. Plus préoccupant encore selon les critiques: l’absence de contrôle judiciaire, un mandat de manipulation de données pouvant être délivré par un membre du tribunal d’appel administratif, un mandat émanant d'un juge d'une cour supérieure n'étant pas nécessaire.

Adopté à la hâte?

En vertu de la nouvelle loi, les administrateurs du système, mais aussi les propriétaires, les entrepreneurs ou toute personne ayant une «connaissance pertinente» de l'ordinateur ou du réseau pourraient être contraints à aider la police à pirater des ordinateurs et des comptes d'utilisateurs. Tout refus de coopérer peut être passible d'une peine de 10 ans de prison.
Le groupe australien de défense des droits humains Human Rights Law Center estime que le projet de loi a été adopté trop précipitamment, en seulement 24 heures, ignorant les recommandations du comité mixte parlementaire bipartite sur le renseignement et la sécurité selon lesquelles des garanties plus strictes sont nécessaires pour protéger la vie privée des Australiens. Il donne ainsi des pouvoirs sans précédent à la police australienne.
De son côté, le Human Rights Law Centre appelle à renforcer les garanties pour empêcher l'utilisation abusive de ces lois contre les lanceurs d’alerte et les journalistes.
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