«Du jamais vu»: l’Algérie met fin à l’activité de montage automobile qui permettait «d'accaparer» le marché national

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Le gouvernement algérien a mis fin le 10 mai à l’activité de montage automobile en interdisant les importations des kits SKD/CKD. Le ministre de l’Industrie et des Mines est revenu sur cette décision et sur la nouvelle stratégie industrielle mise en place par son ministère.

Lors du conseil des ministres tenu dimanche 10 mai, le gouvernement algérien a décidé de mettre fin à l’importation des kits SKD/CKD (Semi Knocked-Down et Completely Knocked-Down), éléments préassemblés et montés sur place qui alimentent les usines de montage automobile. Sur proposition du ministre de l’Industrie et des Mines Ferhat Aït Ali Braham, le gouvernement tourne ainsi la page de plusieurs années d’activité «d’une pseudo industrie automobile» qui n’était qu’une forme déguisée d’importation «profitant des avantages fiscaux offerts par l’État».

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En effet, lors de son passage au Forum d’El Moudjahid, M.Aït Ali Braham a expliqué les vraies raisons qui ont motivé les différents gouvernements sous la présidence de l’ex-chef d’État déchu Abdelaziz Bouteflika à lancer cette activité de montage automobile. D’ailleurs, les deux ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que deux ex-ministres de l’Industrie, Youssef Yousfi et Mahdjoub Beda, sont actuellement en prison pour des affaires de corruption liées à ce projet. Un troisième ex-ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, actuellement en fuite à l’étranger, a également été condamné par contumace à de la prison ferme.

«C’est du jamais vu»

Le ministre a évoqué à titre d’exemple le cahier des charges initié en 2017, affirmant qu’il «n’était pas conçu pour lancer une industrie automobile en Algérie, mais pour permettre à deux ou trois marques, choisies de manière discrétionnaire, d’accaparer par voie de monopole le marché national en exonération de tous droits et taxes». «C’est du jamais vu», souligne-t-il.

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Concernant le faible taux d’intégration exigé par ce cahier des charges, M.Aït Ali Braham affirme qu’il n’a «jamais été atteint» par les constructeurs automobiles. «Quand on analyse les structures des prix et des intrants intégrés, je défie tous ces constructeurs, y compris le plus vieux, en l’occurrence Renault, de me prouver les 5% d’intégration», lance-t-il.

Pour le ministre, c’est cette situation marquée par beaucoup d’anomalies et d’incohérences qui ont poussé les constructeurs étrangers à se bousculer pour venir en Algérie. «C’est à la fois bizarre et curieux que l’Algérie enregistre 40 dossiers en deux ans de constructeurs mondiaux qui veulent venir y construire des véhicules, au moment où ils procèdent à des compressions d’effectifs chez eux», s’interroge-t-il.

La nouvelle stratégie industrielle

Le ministre de l’Industrie et des Mines estime que l’avenir de l’économie algérienne est intimement lié à une véritable stratégie tenant compte des nouvelles mutations mondiales. Ainsi, il a annoncé l’élaboration d’un nouveau cahier des charges pour tout constructeur automobile désirant investir en Algérie.

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Par ailleurs, il a promis que ce nouveau texte «présentera la signification réelle d’une véritable usine automobile selon les normes mondialement reconnues». L’accueil à bras ouverts de tous les constructeurs «est révolu», a-t-il fait savoir.

Enfin, M.Aït Ali Braham a indiqué que le constructeur devra «engager ses fonds, assurer un transfert du savoir-faire et un investissement sérieux». En contrepartie, l’Algérie «n’imposera pas à tout candidat capable de répondre à ces exigences de s’associer [à un investisseur algérien dans le cadre de la règle 51/49, ndlr]», a-t-il promis, expliquant que «l’obligation d’imposer des associés locaux à des partenaires étrangers ne répondait pas à un souci de souveraineté ou de promotion de l’investisseur local».

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