La Russie amplifie ses contacts avec la diaspora russe d'Israël

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par Marianna Belenkaia, RIA-Novosti

Lundi 3 novembre, le président russe Vladimir Poutine a reçu au Kremlin le premier ministre israélien Ariel Sharon qui effectue sa troisième visite à Moscou. Comme l'a fait remarquer le président russe, les rencontres annuelles donnent "des résultats positifs dans les domaines politique et économique". Ariel Sharon a déclaré, pour sa part, que Vladimir Poutine était un "ami authentique d'Israël".

Les interlocuteurs ont mis l'accent sur les rapports bilatéraux. Même le règlement du problème proche-oriental a été abordé comme une partie intégrante du dialogue russo-israélien.

Vladimir Poutine a déclaré: "La Russie a rétabli les rapports avec notre diaspora en Israël et suit de près la condition de vie de nos compatriotes", en ajoutant qu'"en raison de la détérioration de la situation au Proche-Orient, nous sommes inquiets pour leur vie, c'est pourquoi la Russie a l'intention de participer activement ... au règlement du problème proche-oriental".

Ce n'est pas la première fois que le président russe emploie le terme "nos compatriotes en Israël". Cette phrase est devenue traditionnelle dans ses négociations avec les dirigeants israéliens, ce qui suscite chaque fois l'indignation des représentants des Etats arabes. Le fait est que la population russophone d'Israël occupe les positions les plus intransigeantes à l'égard du règlement du conflit arabo-israélien. L'inquiétude pour la vie des "compatriotes d'Israël" est toujours interprétée dans les capitales arabes comme un soutien total à l'Etat hébreu.

Ce n'est pas tout à fait juste. Ces derniers temps, la Russie applique une politique persévérante à l'égard de la diaspora. Il existe au sein du ministère russe des Affaires étrangères un département pour le travail avec les Russes de l'étranger dirigé par la première vice-ministre russe des Affaires étrangères Eleonora Mitrofanova. Que les anciens compatriotes aient conservé leur citoyenneté, qu'ils en aient été déchus ou qu'ils y aient renoncé d'eux-mêmes, cela n'a pas d'importance, pas plus que la vague d'émigration de nos compatriotes et les raisons pour lesquelles ils ont quitté la Russie. Pour défendre leurs intérêts, la Hongrie, l'Italie, Israël, la Chine et d'autres pays se servent activement de leurs compatriotes dispersés à travers le monde. Il eût été étrange que la Russie refuse d'utiliser une ressource aussi importante. "C'est une partie de notre vie", a dit le président Vladimir Poutine en parlant des Juifs de Russie en Israël, mais on peut le dire aussi à propos de tous les émigrés russes.

Mais Moscou ne doit pas oublier ses compatriotes résidant sur le territoire contrôlé par l'Autorité palestinienne. Il s'agit avant tout des femmes russes de Palestiniens et de leurs enfants qui conservent la citoyenneté russe. Ils ne sont pas aussi nombreux que les Israéliens russophones, mais la plupart d'entre eux appartiennent à l'intelligentsia palestinienne, aux couches qui réfutent les tendances extrémistes et sont prêtes à dialoguer avec Israël. A condition qu'Israël soit d'accord. Ces gens pourraient, de même que les Israéliens russophones, constituer un pont entre la Palestine et Israël, bien qu'ils se trouvent, pour l'instant, aux deux pôles de la politique proche-orientale.

La Russie essaie également de devenir un pont entre les Palestiniens et les Israéliens. Comme l'ont souligné maintes fois les diplomates russes au cours des entretiens avec le commentateur de RIA-Novosti "nous n'avons pas besoin de lauriers, le règlement du problème proche-oriental n'est pas une course pour obtenir un prix, mais un travail intense et minutieux". L'opinion publique israélienne et arabe doit comprendre que la position de Moscou n'est ni pro-arabe, ni pro-israélienne. Il n'est pas fortuit qu'Ariel Sharon, qui ne craint pas de tenir des propos caustiques à l'adresse de qui que ce soit, ait hautement apprécié la "position du président Poutine à l'égard de la sécurité d'Israël". Car la sécurité d'Israël est sacrée pour Ariel Sharon. En même temps, les hommes politiques du monde islamique et arabe respectent le président russe, à preuve la présence de Vladimir Poutine au sommet de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) qui s'est tenue à la mi-octobre en Malaisie.

Il est à noter qu'une nouvelle tendance de la diplomatie russe est observée aussi bien au sommet de l'OCI qu'à la rencontre avec Ariel Sharon: le souci de remporter des succès dans l'arène internationale, non seulement au nom des intérêts géopolitiques, mais aussi au nom des citoyens concrets de l'Etat.

De l'avis unanime des leaders musulmans de Russie, la participation de Vladimir Poutine au sommet de l'OCI a renforcé la foi de la communauté musulmane de Russie en son avenir dans ce pays. Le président Vladimir Poutine a déclaré alors: "Les musulmans russes doivent sentir qu'ils sont des citoyens à part entière de la Russie et, en même temps, une partie du monde islamique". Cela concerne également les Juifs de Russie. Ils sont une partie intégrante de la communauté juive mondiale et, en même temps des citoyens autochtones de la Fédération de Russie. C'est ce qu'a laissé entendre le président Vladimir Poutine en promettant, au cours de sa rencontre avec Ariel Sharon, de rouvrir au Musée ethnographique de Saint-Pétersbourg l'exposition sur la vie des Juifs en Russie.

De même que le monde islamique a salué la décision de Moscou de participer au travail de l'OCI, le monde juif doit accueillir de la même manière la promesse de Vladimir Poutine d'ouvrir vers 2006, au Musée de la Grande Guerre Nationale, une exposition consacrée à l'Holocauste, à la Shoa.

Littéralement quelques heures avant le début des négociations Sharon-Poutine, le président de la fondation russe "Holocauste" Alla Guerber a regretté, au cours d'une conférence de presse à RIA-Novosti, que la Russie soit l'unique Etat d'Europe à ne pas posséder de musée officiel de l'Holocauste. En effet, cet événement rappelle non seulement la mort de 6 millions de Juifs, mais c'est aussi une leçon qui montre à quoi peut conduire la politique de génocide. A présent, cet état de choses sera corrigé.

MOSCOU, 3 novembre.

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