Lancement prochain d'une centrale nucléaire flottante russe

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Par Tatiana Sinitsyna, commentatrice de RIA Novosti

Une centrale nucléaire flottante de faible puissance entrera bientôt en service en Russie. Le projet est prêt, l'expertise écologique est achevée, on sait déjà qu'elle sera "ancrée" aux grands chantiers navals Sevmach qui se trouvent près du port de Sévérodvinsk, sur la mer Blanche (région d'Arkhangelsk, dans le nord européen de la Russie).

La puissance de cette centrale équipée de deux réacteurs KLT-40S est plus de 150 fois inférieure à celle d'une centrale nucléaire type, comme par exemple celle que la Russie construit actuellement à Bushehr en Iran. Cependant, cette micro-centrale pourra à elle seule fournir la totalité du courant consommé par Sevmach tous services confondus. Une fois chargée, elle pourra fonctionner sans discontinuer pendant trois ans. La durée d'exploitation de l'unité est présumée de 40 ans avec deux révisions générales.

Les perspectives des micro-centrales nucléaires flottantes semblent prometteuses. L'approvisionnement centralisé en courant est absent sur environ deux tiers du territoire russe si bien qu'on y enregistre en permanence une pénurie de combustible organique. La petite centrale nucléaire flottante a justement pour mission de doter ces contrées de sources d'énergie autonome.

Quel est son principe de fonctionnement? La centrale flottante est remorquée dans les eaux littorales depuis lesquelles elle approvisionnera un site quelconque (une ville, un village ou une entreprise). En plus des deux réacteurs, la centrale comprend des locaux pour le personnel et les équipements. L'infrastructure - transformateurs, pompes, génératrice de chaleur, etc. - se trouvera à terre. Une fois lancée, la centrale fournira de l'électricité ou bien dessalera de l'eau de mer. Une centrale nucléaire flottante pourra couvrir les besoins en électricité d'une ville de 200.000 habitants. Si elle est utilisée pour le dessalement, sa capacité sera de 240.000 mètres cubes d'eau douce par jour.

Le fait d'évoquer un site nucléaire suscite presque toujours des manifestations de radiophobie. Comment les auteurs du projet de centrale nucléaire flottante répondent-ils aux appréhensions? "Tout d'abord, les technologies utilisées ont été testées trente années durant à bord des brise-glace nucléaires desservant la Voie maritime du Nord de la Russie, précise le directeur général de la société anonyme ouverte Malaya énerguétika, Evguéni Kouzine. Ces technologies ont prouvé leur grande fiabilité et que du point de vue radiologique elles ne présentent aucun danger pour le milieu environnant. Une fois sa mission accomplie, la centrale lève l'ancre et laisse derrière elle un endroit absolument propre".

Lors de l'élaboration des systèmes de sécurité de la station la menace terroriste a été prise en compte. L'accès aux matières fissiles se trouvant à bord est protégé par des dispositifs impliquant les derniers acquis scientifiques et techniques. Par exemple, l'identification se fait d'après les empreintes digitales et l'iris. Même si par un concours de circonstances extraordinaire un avion de la taille d'un Boeing percutait la centrale nucléaire, les réacteurs resteraient intacts. Une protection contre une attaque lancée sous l'eau par des terroristes a également été prévue.

Les micro-centrales nucléaires sont une solution toute rêvée pour les régions russes attenantes à l'Océan Glacial du Nord. Ces sources d'énergie sont providentielles pour les territoires asiatiques reculés du pays qui ne sont pas couverts par le réseau électrique unifié. Tout un programme de construction de micro-centrales nucléaires a d'ailleurs été élaboré à leur intention.

Des pays étrangers, l'Indonésie et la Chine, entre autres, sont fortement intéressés par cette innovation technologique russe. Cela signifie-t-il que la Russie peut vendre une micro-centrale nucléaire a tout client qui en fera la demande? Non, bien sûr. La Russie ne pourra vendre que ce que la centrale produit, c'est-à-dire de l'électricité, de la chaleur et de l'eau douce, dit Evguéni Kouzine. Par conséquent, les questions liées à la prolifération des technologies nucléaires ne se posent pas. Nous acheminerons la centrale nucléaire flottante battant pavillon russe jusqu'aux côtes de l'Etat qui aura signé un contrat avec nous, jetterons l'ancre dans un endroit commode et bien protégé des éléments. Ensuite nous entrerons en contact avec les services techniques terrestres, lancerons les réacteurs et fournirons du courant. L'économie réalisée annuellement se chiffrera à 200.000 tonnes de charbon et à 100.000 tonnes de fuel.

Le cycle de vie de la station est entièrement assuré par l'infrastructure de l'industrie nucléaire russe. Après douze années de fonctionnement la centrale flottante est ramenée en Russie pour y subir une révision générale après quoi elle reprend sa place initiale.

Les critiques de la centrale nucléaire flottante invoquent sa vulnérabilité écologique en cas de cataclysme naturel. Il va de soi que le lieu de stationnement de la centrale devra être choisi avec la plus grande minutie et dans le strict respect des règlements. L'idée de l'ancrer dans une zone sujette aux tsunamis ne viendra à personne.

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