Le nouveau programme spatial marque la fin de la période de survie

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MOSCOU, 4 novembre (par Andreï Kisliakov, commentateur politique de RIA Novosti). L'année spatiale 2004 prendra fin en décembre pour la Russie, après que le gouvernement aura examiné le projet du nouveau Programme fédéral global de la branche pour 2006-2015.

Le fait que, contrairement à l'accoutumée, la planification soit décennale et non pas quinquennale montre que ce programme est nouveau pas seulement du point de vue chronologique. Sa teneur peut être ramenée à la thèse énoncée dans le récent rapport analytique présenté par la direction de l'Académie russe d'astronomie et concernant l'activité spatiale de l'Etat jusqu'à 2035: "La période durant laquelle la planification stratégique avait dû être reportée dans l'avenir puisque ce qui était en jeu c'était l'existence même du secteur spatial, a pris fin. Le point inférieur de la crise est dépassé, il n'est plus possible de reporter la définition des axes stratégiques du développement de l'astronomie".

"Tout programme national, y compris spatial, doit s'inscrire dans la conception générale du développement et être adéquat aux valeurs, buts et objectifs de niveau étatique", lit-on également dans le rapport.

Bien sûr, on ne saurait dire que le précédent programme 2001-2006 n'était par conforme aux intérêts de l'Etat. Seulement le niveau traditionnellement élevé des objectifs fixés de pair avec un financement des plus défectueux avait donné l'impression qu'un volet (la Station spatiale internationale) avait pris le pas sur tous les autres.

Maintenant l'espace est abordé de façon plus globale. Intervenant à la fin du mois d'octobre lors d'une réunion du bureau de l'Agence spatiale fédérale de Russie, l'académicien Nikolaï Anfimov, directeur général de l'Institut central des constructions mécaniques, avait cité parmi les grands axes de la politique spatiale nationale "le renforcement du potentiel défensif, le développement du groupe de satellites et de la science spatiale sectorielle ainsi que l'extension de l'infrastructure spatiale terrestre". Il avait mis l'accent sur la nécessité "de prendre en compte les intérêts de l'Etat dans l'activité spatiale et d'accentuer la régulation publique".

Le programme de la Station spatiale internationale (ISS) et le renouvellement des matériaux spatiaux nationaux liés aux vols pilotés, ne resteront pas entre parenthèses.

Nous voulons cependant espérer qu'au cours de la décennie à venir Youri Koptiev dirigeant le département militaro-industriel du ministère de l'Industrie et de l'Energie ne sera plus contraint, comme cela avait été le cas en 2003, de se plaindre de la prédominance du programme de l'ISS et du rôle humiliant joué par la Russie en qualité de "charretier" attitré de l'ISS pendant que des découvertes fondamentales sont réalisées dans les laboratoires spatiaux et que leurs résultats sont transmis par les systèmes plurifonctionnels des télécommunications spatiales. Des découvertes sont faites et ce sont elles qui, dans une grande mesure, sont le garant des succès de la nation dans son ensemble et qui déterminent le niveau de la capacité défensive de l'Etat. Or, étant donné que le groupe de satellites national s'est réduit de 2,5 fois par rapport à la période soviétique, la conception, l'achat et la mise sur orbite de nouveaux engins est un objectif prioritaire de niveau étatique. "... A l'heure qu'il est une centaine de satellites sont en orbite, dont 60 ont une vocation militaire. La tendance à la diminution du nombre de satellites en vol a été stoppée, des conditions ont été réunies pour réaliser une percée dans les 3-4 années à venir". Ces propos ont été tenus à la fin du mois d'août dernier par le commandant des Troupes spatiales russes, Viktor Popovkine. Si l'on évoque les satellites de télécommunications, alors pour réaliser cette percée il faut orbitaliser annuellement un ou deux satellites, estiment les experts de la Commission d'Etat pour les liaisons électriques de Russie. De cette façon, en 2015 le potentiel transmissif global du groupe de satellites russe serait porté à 450-600 relais fonctionnant sur différentes bandes de fréquences. Cette quantité serait pleinement suffisante pour les besoins militaires et civils.

Assurer de nombreux lancements de satellites serait impossible sans une infrastructure spatiale terrestre ramifiée. Le Programme fédéral prévoit le développement des cosmodromes de Baïkonour et de Plessetsk. En ce qui concerne ce dernier l'accent sera mis sur l'aménagement d'un pas de tir pour le nouveau lanceur lourd russe de la classe "Angara". "Sans lui le cosmodrome serait voué à un rôle de second plan", estime le directeur de l'Agence spatiale fédérale, Anatoli Perminov. Ce qui ne répondrait pas à la politique nationale consistant à disposer d'un "accès indépendant à l'espace".

Actuellement l'Etat finance à 70 pour cent la réalisation de la stratégie spatiale. L'espace, qui en URSS était financé à 100 pour cent par l'Etat, voudrait bien aujourd'hui être moins dépendant du budget. "Bien sûr, ce que nous voudrions, c'est que le financement privé atteigne au moins le niveau du financement public", estime Nikolaï Anfimov.

D'un autre côté, la formulation correcte des objectifs et la régulation publique de leur réalisation permettra d'accroître la part de la composante commerciale dans la formation des prochains budgets spatiaux.

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