Entraîneurs étrangers: la retraite de Russie

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MOSCOU, 9 novembre. (Par Mikhaïl Smirnov, commentateur sportif de RIA Novosti). Les fans russes du ballon rond attendaient avec une impatience mal dissimulée le début des hostilités en première ligue. En effet, durant l'intersaison quatre clubs s'étaient débarrassés de leurs entraîneurs pour leur substituer des coachs étrangers de renom. Le Portugais Artur George avait signé au "CSKA" Moscou, l'Italien Nevio Scala au "Spartak" Moscou, le Tchèque Jaroslav Hrzebik au "Dinamo" Moscou et le Français Roland Courbis au "Alania" Vladikavkaz. Avec le Tchèque Vlastimil Petrzela, au service du "Zenit" Saint-Pétersbourg pour la deuxième saison, ils présidaient aux destinées de près d'un tiers des équipes (5 sur 16) évoluant en première ligue du championnat de Russie.

A la fin de la saison seul Vlastimil Petrzela restera à son poste. Les autres quitteront la Russie.

Ces départs massifs de spécialistes étrangers ont pour origine la même cause, à savoir les résultats jugés insuffisants par les propriétaires des clubs. Cependant, les raisons sont différentes dans chaque cas concret.

Selon les joueurs du "Dinamo" Moscou, Hrzebik les harassait avec ses méthodes de direction dictatoriales, qui transformaient les entraînements en séance de tortures. Les footballeurs tchèques qu'il avait recrutés pour le "Dinamo" eux non plus n'avaient pas donné satisfaction. N'ayant pas pu s'intégrer véritablement dans l'équipe, ils ont déjà quitté celle-ci. Andreï Kantchelskis, qui à l'époque avait fait les beaux jours du "Manchester United", a quitté le Dinamo pour mésentente avec le Tchèque et depuis il brille sous le maillot du "Satourn", un club des environs de Moscou. Pendant longtemps le poste d'entraîneur principal par intérim avait été confié à Viktor Bondarenko, mais en fin de saison pour éviter la relégation en deuxième division les dirigeants des "bleu et blanc" ont fait appel à Oleg Romantsev qui à la tête du "Spartak" a glané tout ce qui pouvait l'être dans le football russe.

Au demeurant, les problèmes d'entraîneur n'ont pas non plus épargné le "Spartak" qui n'a pas fait siennes les méthodes d'entraînement de Nevio Scala. On lui reprochait son trop grand libéralisme jugé "contre-indiqué" pour le "Spartak" dont les effectifs sont loin d'être les plus disciplinés en première ligue. Il faut ajouter à cela la disqualification du meneur de jeu des "rouge et blanc", Iégor Titov, et les blessures de plusieurs autres éléments clés. Finalement, lasse d'attendre une percée de Scala, la nouvelle direction du "Spartak" a décidé de remplacer celui-ci par le Letton Alexandre Starkov, qui connaît bien les particularités du football russe pour avoir longtemps joué en championnat d'Union soviétique.

La saison dernière, le CSKA, un autre club moscovite, champion de Russie en titre, avait remercié l'entraîneur Valéri Gazzaïev pour le remplacer par Artur Jorge, supporters et spécialistes exigeant du champion non seulement des résultats, mais encore un football-spectacle. Toutefois, en faisant l'acquisition de joueurs latino-américains le nouveau coach n'a aligné ni les premiers, ni le second. Certes, les matches nuls 2:2 ou 3:3 en donnaient peut-être pour son argent au public, mais peu de points pour le classement. Au plus fort de la saison il fallut donc demander à Gazzaïev de reprendre le collier. Celui-ci a redonné à l'équipe la stabilité de la saison passée en lui ajoutant en plus du mordant en attaque.

Le dernier entraîneur étranger à quitter la Russie est le Français Roland Courbis. Le "Alania" Vladikavkaz était en permanence au bord de la relégation et les motifs justifiant un renvoi largement anticipé étaient plus que suffisants. Néanmoins Courbis a fait traîner les choses et il n'a quitté le Caucase du Nord qu'en automne, le lendemain même des tristes événements de Beslan, invoquant pour motiver son départ non pas la tragédie vécue par les otages, mais la grave maladie de sa mère. Une maladie qui ne l'a d'ailleurs pas empêché d'accepter le poste d'entraîneur-consultant proposé par le club corse "Ajaccio". Chose curieuse, Roland Courbis a déclaré récemment qu'il recommanderait aux entraîneurs de ses connaissances d'aller travailler en Russie et que lui-même accepterait avec plaisir d'y poursuivre sa carrière.

Maintenant la question est de savoir si les collègues étrangers de Courbis suivront son conseil après la triste expérience connue cette saison par leurs prédécesseurs.

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