Revue de la presse russe du 9 novembre 2004

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Un pétrolier russe a coupé l'Europe du pétrole arabe

Le canal de Suez, la partie la plus étroite de l'itinéraire emprunté par la plupart des pétroliers qui approvisionnent l'Europe en pétrole proche-oriental, s'est trouvé fermé à la suite de l'accident survenu le 6 novembre sur le Tropic Brillance (navire long de 273,76 m, d'un tonnage brut de 155 000 tonnes, battant pavillon libérien mais appartenant à l'entreprise publique russe de navigation Sovcomflot). Cotés nord et sud du canal, 135 bateaux sont actuellement immobilisés. C'est le premier incident aussi grave depuis ces trente dernières années, informe le quotidien "Kommersant". (La dernière fois le canal a été fermé en 1967 au cours de la guerre arabo-israélienne et n'a été réouvert qu'en 1975).

A l'endroit le plus large, le canal mesure 169 mètres seulement, autant dire que la navigation ne peut se faire qu'en sens unique. Echoué sur un banc de sable, le Tropic Brillance s'est mis en travers de la voie et a paralysé le trafic.

Le canal sert à transporter des produits pétroliers du golfe Persique vers tous les ports européens. Une cinquantaine de bateaux le traversent tous les jours. Si la navigation n'est pas rétablie dans quelques jours, le pétrole risque de monter de 1,5 dollar le baril. Une hausse analogue est provoquée par une réduction des livraisons de pétrole irakien au niveau de 300 000 barils par jour. 20% environ de la totalité de pétrole livrée à l'Europe et 7,5% de la totalité des livraisons maritimes mondiales se font par le canal de Suez.

L'accident aura des conséquences très graves aussi bien pour le marché pétrolier que pour le propriétaire du bateau. Les pertes de l'Egypte (le canal a été nationalisé en 1956 et représente, depuis, une importante source d'alimentation du budget national) se sont déjà élevées à 14 millions de dollars, après deux jours d'immobilisation du trafic.

Hier soir, il a été procédé au transbordement du pétrole du Tropic Brillance sur deux pétroliers auxiliaires égyptiens. Les représentants de Leth Suez (société norvégienne qui gère le canal) n'ont pas pu dire quand le pétrolier pourrait être évacué. Cela peut demander plusieurs jours. La responsabilité de l'incident incombe aussi bien à Sovcomflot qu'à Leth Suez.

Novyé izvestia

Une opération spéciale forcera-t-elle Maskhadov à se rendre ?

Le premier vice-premier ministre de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, ne se lasse pas d'affirmer qu'Aslan Maskhadov veut se constituer prisonnier. L'opération spéciale qui se poursuit pour le capturer dans la partie montagneuse de la république pourrait le pousser à prendre cette décision, à son avis.

Il y a deux semaines, Ramzan Kadyrov avait déjà prédit la reddition prochaine de Maskhadov, rappelle le quotidien "Novyé izvestia". Mais alors, sa déclaration avait laissé les dirigeants tchétchènes sceptiques. Cette fois, le premier vice-premier ministre a confirmé son hypothèse par des détails. A ses dires, le leader des séparatistes "cherche à entrer, directement ou indirectement, en contact avec le chef d'une des entités fédérées nord-caucasiennes pour le persuader, par l'entremise de médiateurs, de communiquer aux organes supérieurs du pouvoir de la Fédération de Russie la liste des conditions dans lesquelles il déposerait les armes et se constituerait prisonnier".

Pour que ses propos soient pris au sérieux, le premier vice-premier ministre de la Tchétchénie a ajouté que l'on venait d'apprendre que "Maskhadov a chargé de cette mission certains anciens députés du parlement d'Itchkérie (les séparatistes appellent ainsi la Tchétchénie) qui ont réagi avec froideur à cette demande".

Une telle réaction s'explique, à son avis, par le fait qu'avant de s'entendre avec les autorités fédérales Maskhadov doit obtenir l'accord de son compagnon d'armes Chamil Bassaev qui, cependant, ne trouve pas cette démarche répondant à ses intérêts. Car le président non reconnu de l'Itchkérie est l'unique prétexte pour certains hommes politiques occidentaux permettant de considérer les séparatistes comme "autorité légitime de la république". Sans Maskhadov, Bassaev deviendra définitivement, aux yeux du monde entier, tout simplement un terroriste international. Bien que Maskhadov tienne à se rendre en qualité de président de l'Itchkérie, Ramzan Kadyrov se dit persuadé qu' "en réalité il est le chef de groupes armés illégaux comme Bassaev ou Oumarov" et ce n'est pas sa conscience qui le pousse à se rendre mais la peur d'être liquidé au cours de l'opération spéciale dans les montagnes de la Tchétchénie.

Kommersant

L'ajournement du sommet Russie-UE, témoigne-t-il de la stagnation des rapports bilatéraux?

Les chefs d'Etat et de gouvernement des membres de l'UE ont approuvé dimanche la nouvelle composition de la Commission européenne. Deux jours auparavant l'absence d'une nouvelle Commission européenne devenait le prétexte formel de l'ajournement du sommet Russie-UE prévu pour novembre. Evidemment, les véritables causes du report du sommet sine die sont bien plus profondes, écrit le quotidien "Kommersant".

De nombreux experts y voient le premier signe attestant que la politique de Moscou visant à établir un partenariat égal avec l'Europe élargie ne supporte pas l'épreuve de solidité. Un changement qualitatif du rapport des forces se produit à l'intérieur de l'UE. Les pays-leaders traditionnels (avant tout, l'Allemagne, la France et l'Italie) qui ont appliqué ces dernières années une politique assez souple à l'égard de la Russie ne peuvent pas ne pas tenir compte à présent de l'attitude réservée des pays d'Europe de l'Est envers leur voisin oriental, ainsi que de certains Etats scandinaves, en premier lieu, du Danemark. De l'avis de nombreux analystes, la prochaine adoption de la Constitution européenne fixera encore plus cet état de choses, en obligeant l'Union européenne à agir à l'égard de la Russie conformément aux normes européennes, sans formuler de "modalités juridiques particulières" de coopération.

Parmi les principaux problèmes en suspens entre Moscou et Bruxelles, les observateurs citent le rajustement des prix intérieurs russes des matières énergétiques avec les prix mondiaux, ainsi que les critiques écologiques de l'UE. De l'avis de Moscou, l'UE freine la mise en oeuvre des ententes sur la libre circulation des personnes et évite d'examiner concrètement les questions relatives à l'introduction du régime sans visas.

Les parties ne manifestent pas la volonté d'accepter des concessions sur les problèmes de principe. L'Union européenne n'a pas besoin de se presser, alors que Moscou doit se hâter. L'accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'UE expirera en 2007. Le moment de l'admission de la Russie à l'OMC approche également, après quoi ses rapports avec l'UE seront régis selon les normes de cette organisation. C'est pourquoi Moscou souhaite s'entendre sur les principes particuliers de la coopération avec l'UE.

Vedomosti

La Slovaquie veut racheter une part de YOUKOS

Les autorités de la Slovaquie veulent récupérer 49 % des actions de la compagnie Transpetrol vendues il y a deux ans à la compagnie pétrolière YOUKOS. Le ministre slovaque de l'Economie Pavol Rusko a annoncé mardi que la proposition d'entrer en pourparlers à ce sujet avait déjà été transmise au gouvernement russe.

Maros Havran, représentant du ministère de l'Economie de Slovaquie, a expliqué au quotidien "Vedomosti" qu'une lettre avait été envoyée il y a à peu près trois semaines. Les pourparlers avec YOUKOS n'ont pas encore commencé. Maros Havran dit que les autorités slovaques sont inquiètes, car la décision sur la faillite, ou même sur la liquidation de la compagnie peut être prise le 20 décembre à la réunion des actionnaires de YOUKOS. Il a refusé d'indiquer la somme que le gouvernement slovaque est prêt à payer pour les actions de Transpetrol.

Anatoli Youchine, partenaire gérant de A.S.T. Legal, fait remarquer que la décision sur la vente d'une part de YOUKOS à Transpetrol dépend du ministère de la Justice. Selon lui, les huissiers ont le droit de vendre les actifs saisis sans organiser des enchères.

Une source de YOUKOS a déclaré au quotidien que la transaction de la vente des actions à Transpetrol était inacceptable pour la compagnie.

Un fonctionnaire d'un des ministères concernés a fait savoir, dans une interview à "Vedomosti", que les objets de l'infrastructure en Europe intéressaient les compagnies russes, c'est pourquoi le gouvernement peut ne pas approuver cette transaction.

Transpetrol est l'unique opérateur du secteur slovaque du pipeline "Droujba" ("Amitié") long de 515 km ayant un débit annuel de 21 millions de tonnes. Une de ramifications de Transpetrol rejoint les tuyaux de Hongrie et de Croatie, une autre avec le pipeline tchèque de Mera construit pour livrer du combustible à partir du port de Triest et en Allemagne. 51% des actions de Transpetrol appartiennent au gouvernement slovaque, 49 %, à YOUKOS.

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