Revue de la presse russe du 10 novembre

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MOSCOU - RIA-Novosti

Nezavissimaia gazeta

Le parti des mères des soldats sera neutralisé par une structure-sosie?

A peine les femmes qui défendent les droits des soldats appelés sous les drapeaux et des soldats du service actif eurent-elles fondé le Parti populaire unifié des mères de soldats (PPUMS) que le ministère de la Défense a porté un coup asymétrique à son adversaire de longue date.

Comme l'a appris le quotidien "Nezavissimaia gazeta", le Service pour le personnel et le travail d'éducation créé lors de la récente réforme du ministère de la Défense a l'intention de déployer des efforts énergiques en vue de soutenir les organisations sociales qui persuadent les parents de ne pas soustraire leurs enfants au service militaire. Le Conseil des parents des militaires russes, dont les filiales apparaîtront dans 89 régions de la Russie (il y en avait 30) jouera le rôle principal en ce sens.

"Puisque, selon la nouvelle législation, le dirigeant de l'organe local du pouvoir, notamment le dirigeant de la région qui sera bientôt nommé d'en haut, est responsable de ce travail, les initiatives du Service du personnel et du travail d'éducation seront renforcées par le pouvoir", estime le colonel Nikolai Choulguine, expert militaire et ancien employé du ministère de la Défense. Une puissante structure politique en voie de création est appelée à neutraliser les mots d'ordre du nouveau parti qui défend les intérêts des jeunes appelés sous les drapeaux.

Selon le journal "Nezavissimaia gazeta", le clonage des projets politiques qui n'arrangent pas le pouvoir est de plus en plus répandu en Russie où l'on voit apparaître de nombreux antipartis. Le plus récent exemple en est le Parti communiste alternatif avec à sa tête le gouverneur de la région d'Ivanovo, Tikhonov.

De l'avis de Valentina Melnikova, présidente du parti des mères, le clone de son organisation ne mérite probablement pas le droit d'être considéré comme une partie de la société civile, car le ministère de la Défense ne manifeste pas son désir d'entretenir des contacts actifs avec le mouvement social qui existe déjà réellement et qui est représenté par les comités des mères de soldats.

Novye izvestia

Le député rebelle chassé du "parti du pouvoir"

L'histoire du député Anatoli Ermoline de la fraction "Russie unie" qui a déposé une plainte à la Cour constitutionnel contre la pression exercée par l'administration présidentielle a connu hier un prolongement. Ce député a été exclu mardi de la fraction "pour violation de l'éthique parlementaire", informent les "Novye izvestia".

Cette décision a été prise à la réunion de l'un des quatre groupes de la fraction dirigé par le vice-président de la Douma (chambre basse du parlement russe) Oleg Morozov.

Comme l'ont expliqué les collègues d'Anatoli Ermoline au sein du parti, il a soumis la question de la pression exercée par l'administration présidentielle sur les députés du parti "Russie unie" au débat public, sans tenir compte de l'opinion de la fraction. Oleg Morozov qui a proposé d'exclure Anatoli Ermoline du parti a souligné qu'une atmosphère très démocratique régnait dans la fraction "Russie unie". Chacun a le droit d'exposer sa position et de voter conformément à cette position.

Selon Anatoli Ermoline, il a prévenu ses camarades de la fraction que celle-ci devenait "un instrument de réformes autoritaires".

Anatoli Ermoline veut devenir député indépendant. Il a fait connaître son intention de prendre prochainement, au cours d'une réunion plénière de la Douma, l'initiative de créer une commission d'enquête parlementaire permanente sur les faits de pression administrative exercée aussi bien sur les députés que sur les représentants d'autres branches du pouvoir et des structures commerciales.

Il y a une semaine, Anatoli Ermoline a envoyé à la Cour constitutionnelle de la Russie une lettre, dans laquelle il demande de porter une évaluation sur le comportement des hauts fonctionnaires de l'administration présidentielle, comportement qui, de l'avis du député, dépasse le cadre du Code pénal. Anatoli Ermoline a notamment décrit comment, le 6 juillet 2004, au cours d'une rencontre avec un employé de l'appareil présidentiel, on leur a déclaré "sur un ton grossier n'admettant pas de réplique" qu'ils n'étaient ni députés, ni élus du peuple", mais qu'ils étaient tous "liés entre eux". Bref, on leur a fait comprendre que personne n'osait voter à la Douma comme il l'entendait.

Vedomosti

Les actions de Sibneft appartenant à Ioukos peuvent être confisquées

Le Parquet général peut confisquer les 34,5% des actions de Sibneft appartenant à Ioukos. Selon une source proche du groupe pétrolier, ces actions ont été bloquées la semaine dernière, informe le quotidien "Vedomosti". "Les enquêteurs ont jugé que ces titres appartenaient au comptable en chef de Ioukos, Galina Goloub, bien qu'ils soient inscrits sur des comptes de la société ouverts auprès de Deutsche Bank", a affirmé l'expert. Un agent du Parquet général a expliqué que le blocage des actions avait été décidé à titre de mesure conservatoire dans le cadre des pousuites pour évasion fiscale où figure également Galina Goloub.

Si le Parquet général arrive à prouver que Ioukos a acheté ces actions de Sibneft avec l'argent que Goloub a économisé sur les impôts, ce paquet pourra être confisqué. Les experts soulignent que les actions de Sibneft peuvent être mises en dépôt auprès d'une structure publique. Les juristes, pour leur part, estiment qu'il est pratiquement impossible de prouver que ces actions ont été achetées avec les impayés d'impôt.

Les analystes ne peuvent que faire des hypothèses sur l'avenir des actions de Sibneft. Steven Dachevski, de la société d'investissement Aton, n'exclut pas que finalement les 34,5% d'actions puissent revenir à Millhouse, ancien propriétaire de Sibneft. Un autre expert est de l'avis que si les titres sont confisqués, ils peuvent bien être vendus à un tiers. Alors ce sera une grosse malchance pour les propriétaires de Sibneft avec à leur tête Roman Abramovitch.

Ioukos avait acheté 92% des actions de Sibneft en septembre 2003 en versant à Millhouse Capital 3 milliards de dollars et 26,01% de ses propres actions. En novembre 2003, les anciens propriétaires de Sibneft ont demandé la résiliation du marché. En octobre dernier, Millhouse a récupéré 57,5% des actions de Sibneft et a obtenu l'annulation de l'émission supplémentaire d'actions par Ioukos qui continue cependant à détenir 34,5% des actions de Sibneft.

Kommersant

Moscou pour de nouvelles élections en Abkhazie

Le candidat de l'opposition à la présidence de l'Abkhazie (république autoproclamée sur le territoire de la Géorgie), Serguéi Bagapch, a fait hier plusieurs déclarations qui clarifient les positions des parties participant au face-à-face politique, écrit le quotidien "Kommersant".

Les autorités font tout leur possible pour obtenir la tenue de nouvelles élections le 6 décembre, a-t-il déclaré. Cela est fait afin de proposer un nouveau candidat représentant le même parti au pouvoir, a-t-il ajouté. Serguéi Bagapch a laissé entendre que dans la nouvelle campagne Moscou aurait un nouveau favori, l'actuel premier ministre Nodar Khachba qui remplacerait l'ancien premier ministre Raoul Khadjimba.

"Le 6 décembre ne sera pas la date de nouvelles élections mais celle d'investiture du nouveau président", a-t-il affirmé sur un ton péremptoire avant d'ajouter que ses intérêts coïncidaient avec ceux de la Russie : "Moscou souhaite la stabilité en Abkhazie mais c'est aussi notre objectif prioritaire". Le leader de l'opposition a accusé ses adversaires d'utiliser des procédés politiques malhonnêtes.

Sur ces entrefaites, les principaux acteurs du face-à-face politique se rendent de nouveau à Moscou (il y a une semaine des consultations ont eu lieu au siège du Conseil de sécurité de Russie avec les candidats à la présidence de l'Abkhazie). Hier, le premier ministre Khachba est arrivé dans la capitale russe où sont également attendus Khadjimba et peut être Bagapch. Les observateurs locaux estiment que si Moscou ne prend pas de mesures d'urgence, l'Abkhazie peut se retrouver au bord d'un conflit armé début décembre parce que les autorités abkhazes ne renoncent pas à l'idée de la tenue de nouvelles élections.

La crise dans la république autoproclamée a éclaté lorsque, dans la nuit du 28 au 29 octobre, la Cour suprême de l'Abkhazie a adopté, l'une après l'autre, deux décisions contradictoires. Elle a d'abord validé l'annonce de la victoire de Bagapch par la Commission électorale centrale mais, quelques heures plus tard, elle a invalidé l'élection et a prescrit à la CEC d'organiser un nouveau scrutin dans deux mois.

Vedomosti

La BERD constate un ralentissement de la réforme économique en Russie

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a publié hier un rapport sur la marche des réformes dans les Etats sous tutelle. De septembre 2003 à septembre 2004 les experts de la banque ont répertorié 27 réformes en cours dans l'espace post-socialiste et relevé leur inégalité géographique. En Europe du Sud, 15 réformes ont été réalisées, la palme revenant à la Croatie, à la Roumanie et à la Bulgarie qui ont effectué trois réformes chacune, annonce le quotidien "Vedomosti". Les pays de la CEI ont à leur actif sept réformes seulement et là, le leader est la Kirghizie avec deux transformations. Un an avant la BERD en a dénombré 19 dans les pays sous tutelle.

La Russie fait pâle figure à côté de l'Europe du Sud et de la Kirghizie. Les économistes européens attribuent le ralentissement des réformes russes aux élections parlementaires et présidentielles. Quant aux conflits entre l'Etat et les milieux d'affaires, tout particulièrement l'affaire d'évasion fiscale concernant Ioukos, ils ont, de l'avis des experts de la BERD, exercéune influence négative sur les investisseurs et mit en doute "la protection du droit de propriété".

Cette année le gouvernement n'a pu mener à bien qu'une seule réforme, de l'avis de la BERD. Il a délimité les fonctions du régulateur et celles de l'agent économique dans le transport ferroviaire, en détachant la société RZD du ministère des Chemins de fer. La situation dans le secteur bancaire a reçu la note 2+ sur une échelle allant de 1 à 4+.

"Les réformes se sont arrêtées", constate l'économiste chef de la société d'investissement Troïka Dialog, Evgueni Gavrilenkov. Mais les critiques émises par la BERD ne sont pas, à son avis, de nature à les faire redémarrer. "Les fonctionnaires réagissent rarement sans retard aux conseils. Les réformes ne seront accélérées que s'il y a un nouveau bouleversement", estime l'analyste.

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