Sommet de l'APEC au Chili: Moscou s'attend à un succès

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Par Dmitri Kossyrev, commentateur politique RIA Novosti.

Cette année, le 12e forum de la Coopération économique d'Asie-Pacifique (APEC) qui débute le 19 novembre tiendra ses assises de l'autre côté de l'Atlantique, dans la capitale chilienne de Santiago. Il s'est déroulé l'an dernier à Bangkok, en Thaïlande. Toutefois, des sources proches des préparatifs du forum ne voient pas d'accent latino-américain dans son programme, si ce n'est un intérêt légèrement plus élevé pour les PME sur lequel ont insisté les organisateurs chiliens.

D'ailleurs, Vladimir Poutine qui assistera à un sommet couronnant le forum poursuivra son séjour au Chili avant de se rendre à Brasilia, la capitale brésilienne. On y voit se profiler un rôle de plus en plus actif que la Russie aspire à jouer dans l'économie mondiale, y compris dans les zones les plus reculées du globe. Le sommet en tant que tel qui regroupera une vingtaine de présidents des pays membres de l'APEC de même que les pourparlers de Poutine à Santiago et Brasilia semblent s'inscrire dans le processus global d'intégration économique qui s'étend à la région d'Asie-Pacifique, mais aussi au monde entier.

Fondée en 1989, l'APEC n'est pas seulement une association économique qui contribue à transformer la région en une zone de libre-échange: l'époque fixe devant elle de nouveaux objectifs qui sont à la charnière de la politique et de l'économie. Ainsi, lors d'une réunion préparatoire au forum, un haut responsable représentant l'un des grands pays membres de l'APEC a invité à cesser de se sentir otages des vieux concepts de l'organisation face à beaucoup de nouvelles réalités.

Ainsi, tout laisse prévoir que des décisions sérieuses seraient prises en faveur de la lutte contre le terrorisme. Les décisions seront de nature économique, dans l'esprit de l'organisation.

Par exemple, des recommandations d'unifier dans la région les systèmes de sécurité pour le transport de frets (on en parlait aux forums précédents) et dans les ports maritimes. Ou bien l'introduction de nouvelles mesures de contrôle des passagers d'avion, dites le concept de la frontière électronique.

La Russie joue un rôle actif dans ce processus. L'APEC n'étant pas un forum, mais une organisation présente à beaucoup de réunions et colloques durant toute l'année et dont les recommandations sont mises en œuvre dans les législations nationales, son rôle pionnier n'est pas toujours visible. Toutefois, au cours des forums, les membres de l'organisation profitent de toute occasion pour le rappeler. Les représentants russes pourront quant à eux évoquer la contribution de la Russie et le respect par celle-ci de ses engagements sur ce plan.

Ce qu'on pourrait aussi attendre du forum chilien, c'est la participation active des patrons russes.

On sait que l'APEC est une organisation des et pour les milieux d'affaires, plutôt que celle des fonctionnaires. L'un des événements les plus importants du forum, le Sommet des leaders de l'industrie et du commerce (SLIC), regroupe les leaders économiques de tous les pays de la région, des États-Unis au Brunei. Une place de choix est également réservée aux sessions du Conseil consultatif des affaires de l'APEC (ABAC) réunissant trois chefs d'entreprise par pays qui formulent des recommandations communes pour les leaders nationaux.

Selon Irina Speranskaïa, secrétaire exécutif du comité d'organisation Russie-APEC 2004, plus de 90% des patrons ruses qui se rendent cette année à Santiago ont participé au dernier et à l'avant-dernier forums, à Bangkok et à Los Cabos (Mexique). Cela veut dire que des entreprises russes ont de l'expérience et des liens solides dans la région. Il y a aussi des novices comme la MIB (Banque interrégionale d'investissement). Leur objectif est d'entrer au club d'Asie-Pacifique, de nouer des connaissances dans les pays de la région et de contribuer à la naissance de nouvelles idées.

Les trois principaux participants russes sont le géant gazier Gazprom, la Vneshtorgbank et la compagnie Bazovy Element. Ils représentent le pays à l'ABAC, la structure clé de l'APEC. Parallèlement, ils symbolisent en quelque sorte les secteurs où la Russie est le mieux placée dans les processus économiques régionaux: énergie, finances, métaux non ferreux. Reste en suspens l'accent technologique qui devait initialement accompagner l'entrée de la Russie à l'APEC, dans les années 1990. Mais le travail long et persévérant de nombreux autres membres de la délégation économique russe semble voué au succès. Selon Irina Speranskaïa, certains hommes d'affaires qui se rendent en Amérique du Sud ont des projets concrets vis-à-vis du Chili et du Brésil et ils mettront ainsi à profit leur participation au forum. Ce sont, notamment, les avionneurs Inversia et Ilyushin dont les intérêts s'étendent aux régions d'Asie-Pacifique et d'Amérique latine.

Les premières déclarations spectaculaires selon lesquelles la Russie n'est plus malade mais une économie dynamique semblent avoir retenti exactement lors de l'un des forums de l'APEC, en Nouvelle-Zélande en 2000. Elles émanaient alors de Vladimir Poutine, premier ministre à l'époque. De nos jours, quand l'économie russe poursuit sa croissance (presque 7% en 2004 au lieu des 5,2% prévus), le président russe et les autres délégués seraient certainement plus à l'aise au forum de l'APEC.

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