Revue de la presse russe du 23 novembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Vrémia novostéi

Des hommes politiques et experts russes commentent le face-à-face ukrainien

Valeri Khomiakov, directeur général du Conseil de la stratégie nationale : Si l'opposition finit par l'emporter au moyen de ses actions massives, les relations entre la Russie et l'Ukraine se compliqueront sensiblement. La Russie a misé ouvertement sur Viktor Ianoukovitch (actuel premier ministre), écrit le quotidien "Vrémia novostéi".

Si la division actuelle de la société ukrainienne (en faite moitié-moitié) se propage aussi sur les structures de force, une réaction en chaîne incontrôlée risque de se déclencher. Dans ce cas le conflit ne manquera pas de s'internationaliser. Viktor Iouchtchenko (leader de l'opposition) a déjà déclaré qu'il porterait plainte devant l'OCSE et le Tribunal de Strasbourg. Les élections n'ont pas en effet répondu aux normes européennes et les observateurs de l'OCSE accusent l'équipe de Ianoukovitch d'avoir fait trop de zèle en assurant le taux de participation désirable dans les régions sous son contrôle. Dans certaines bureaux de vote les suffrages recueillis ont été plus nombreux que les électeurs. La position de Iouchtchenko est de toute façon avantageuse car il restera un homme politique influent indépendamment de l'évolution des événements.

Mikhaïl Marguelov, président du comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération : L'équipe de Iouchtchenko n'est prête qu'à reconnaître un seul résultat, sa victoire. Elle avait proclamé d'avance toute autre éventualité fausse et truquée. L'opposition crie à la falsification et déploie ses partisans pour monter des actions de désobéissance civile. Que l'équipe de Iouchtchenko ait été prête à l'avance à une aggravation de la situation, qui menace aujourd'hui de devenir incontrôlable, est un fait très dangereux.

Alexandre Konovalov, président de l'Institut des évaluations stratégiques : Il est difficile de dire si ce face-à-face va déstabiliser la situation politique. Une division aussi poussée de la société ukrainienne n'a jamais été observée dans le pays. La scission de la nation a une ligne de démarcation géographique : le Dniepr.

Oleg Panteleïev, membre du comité du Conseil de la Fédération pour les affaires de la CEI : Une solution musclée du problème est possible. Nous avons vu une "révolution des roses". La Russie se doit d'influer sur la situation dans les pays voisins.

Nezavissimaïa gazeta

La Russie n'aura rien à gagner en annulant la dette irakienne

La Russie, en acceptant d'effacer 80% de la dette de l'Irak, n'y gagne rien. Par contre, elle perd 6,5 milliards de dollars (le montant de la dette irakienne s'élève à 10 milliards de dollars environ dont 8,5 milliards de dette publique et 1,5 milliard de dettes produites par des crédits commerciaux). Cependant, la perspective des sociétés russes d'accéder à des projets de mise en valeur de gisements irakiens semble toujours très vague, affirment les experts interrogés par le quotidien "Nezavissimaïa gazeta".

"L'Irak possède des ressources très importantes. L'année dernière, il remboursait ponctuellement ses dettes avec son pétrole", rappelle le président du Conseil de l'Association monétaire internationale de Moscou, Andréi Tchérépanov.

"L'accès des sociétés russes à la reconstruction économique de l'Irak a été évoqué parmi les mesures appelées à compenser le consentement de la Russie à annuler les dettes. Mais aucune garantie ferme ne nous a été fournie", a fait remarquer Boris Kheifeits, de l'Institut des études économiques et politiques. A ce jour, il n'y a aucune entente concrète avec l'Irak ou les Etats-Unis sur la reprise du travail des sociétés russes dans ce pays, en premier lieu de Lukoil sur le gisement West Qurna 2. Il fallait chercher des solutions plus concrètes au problème des compensations pour la Russie, affirme avec conviction l'expert.

Les observateurs russes soulignent d'autre part que l'annulation de la dette est opérée en dépit de l'absence d'un gouvernement légitime en Irak. "Etudier le problème de l'annulation de la dette irakienne envers la Russie avant la mise en place d'un gouvernement légitime est une mauvaise décision. Comme la Russie est débitrice devant sa propre population, il n'est pas rationnel d'effacer les dettes d'autres pays", a déclaré le vice-président du comité budgétaire de la Douma, Vladimir Nikitine (parti Rodina).

Les experts ne doutent pas que la Russie a annulé 80% de sa dette irakienne sous la pression des Etats-Unis.

Moscou n'était pas prêt à pardonner à Bagdad plus de 50% de sa dette et sa position était alors soutenue par la France et l'Allemagne. Mais lorsque ces deux pays ont consenti à annuler 80%, la Russie s'est ralliée à la position commune du Club de Paris.

Vedomosti

La CNPC prétend à des actifs de Ioukos

En dépit des échecs essuyés jusqu'ici en Russie la China National Petroleum Corporation (CNPC) ne désespère pas d'acheter des actifs pétroliers russes et a même engagé des consultations avec le gouvernement russe sur sa participation à la vente aux enchères de Iouganskneftegaz.

"Honnêtement, son éventuelle victoire ne nous enthousiasme pas. Mais nous ne ferons rien pour lui faire retirer sa demande de participation", a déclaré au quotidien "Vedomosti" un membre haut placé de l'administration du président.

Il y a deux ans, sous la pression des fonctionnaires russes, la CNPC avait renoncé à participer à la privatisation de Slavneft. En mars dernier, on l'avait obligée à résilier le contrat d'achat de la société Stimoul d'Orenbourg.

"La CNPC brûle d'envie d'acheter Iouganskneftegaz, confirme le directeur du centre russo-chinois de coopération économique, Serguéi Sanakoev. Ioukos était un fournisseur important. En 2003, le groupe russe lui a livré par rail 3,5 millions de tonnes de brut et projetait de porter ses livraisons à 15 millions de tonnes en 2006 mais au mois d'octobre ses comptes ont été bloqués et la CNPC a cessé de recevoir du pétrole russe.

Selon une source proche de l'administration du président russe, outre les Chinois, Iouganskneftegaz intéresse aussi Chevron-Texaco et Shell mais il est fort douteux que cette entreprise puisse être cédée à des étrangers : les autorités aimeraient mieux la vendre à une société russe, par exemple à Gazprom.

Un analyste de la société d'investissement Troïka Dialogue, Oleg Maximov, soutient que Iouganskneftegaz ne sera jamais vendu à un étranger. "Il n'est pas exclu que les enchères échouent et que le gouvernement s'approprie les actions pour les revendre à une société russe à un prix plus bas", estime-t-il. Steven Dachevski, de la société d'investissement Aton, se dit sûr et certain que les banques occidentales se font déjà inscrire sur la liste d'attente pour proposer à Gazprom de financer l'acquisition de Iouganskneftegaz. Le vice-président du géant gazier, Andréi Krouglov, a cependant déclaré lors d'une conférence télévisée qu'"aucune décision sur la participation de Gazprom aux enchères n'a été prise".

Vrémia Novostei

La Russie salue la suspension par l'Iran des travaux d'enrichissement de l'uranium

MOSCOU, 23 novembre - RIA-Novosti. La Russie a reçu un atout important dans sa politique étrangère: depuis lundi, l'Iran a suspendu tous les travaux d'enrichissement de l'uranium.

"C'est un progrès", a déclaré au journal "Vremia novostei" un haut fonctionnaire du ministère russe des Affaires étrangères. Moscou espère que la suspension par l'Iran des travaux d'enrichissement de l'uranium lèvera un des problèmes douloureux dans les rapports russo-américains et russo-israéliens (les Etats-Unis et Israël sont certains que l'Iran veut se doter de l'arme nucléaire, c'est pourquoi ils essaient avec obstination de persuader la Russie de renoncer à sa coopération économiquement avantageuse avec l'Iran, notamment dans la construction de la centrale nucléaire dans la ville iranienne de Bouchehr).

"Moscou a incité Téhéran à décréter un moratoire", a déclaré lundi au journal un diplomate russe. L'entente intervenue à Paris a pratiquement levé les obstacles éventuels sur le plan de la politique extérieure aux livraisons de combustible nucléaire russe pour la centrale nucléaire de Bouchehr. L'accord approprié peut être signé au cours de la visite du président de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique Alexandre Roumiantsev en Iran qui se tiendra en décembre. "Le contrat est concerté, il ne reste qu'à examiner certaines questions financières et techniques", a déclaré lundi à Moscou Hussein Mussawian, président du Comité de politique étrangère du Conseil supérieur de sécurité de l'Iran, un des principaux participants aux pourparlers de Paris.

En ce qui concerne les délais du moratoire sur l'enrichissement de l'uranium, il a répondu: "Le gel des travaux d'enrichissement de l'uranium a commencé le 22 novembre, il sera respecté durant toute la période des pourparlers avec les Etats européens". Les pourparlers dureront jusqu'au 15 mars. "Si l'Europe enfreint ses engagements, l'Iran ne se considéra pas lié par les accords de Paris", a souligné Hussein Mussawian. "Nous ne craignons ni les bombardements de l'Iran, ni le transfert du dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'ONU, a-t-il ajouté.

Selon le diplomate russe, Washington a l'intention de persuader les gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de préparer le "dossier nucléaire" iranien pour le soumettre au Conseil de sécurité de l'ONU en vue de prendre éventuellement des sanctions, si Téhéran enfreint ses engagements pris devant la "troïka européenne".

Kommersant

Les grèves en Russie

MOSCOU, 23 novembre - RIA-Novosti. Le Service fédéral des Statistiques d'Etat (Rosstat) a publié des données concernant le nombre de grèves qui ont eu lieu en Russie au cours des dix premiers mois de l'année. Les résultats sont stupéfiants: il y a eu 80 fois plus de grèves en octobre que durant toute l'année dernière.

Une telle activité sociale, rappelle le quotidien "Kommersant", a été enregistrée la dernière fois en 1998. Pour la première fois depuis cinq ans, le nombre de grèves est analogue aux indices enregistrés sous la présidence de Boris Eltsine.

En octobre, 5 907 grèves ont eu lieu en Russie, soit 80 fois plus que le nombre de grèves enregistré durant toute l'année 2003 (67). Selon le rapport du Rosstat, 96 % des grèves ont eu lieu en octobre dans les établissements d'enseignement. Ils sont mentionnés dans le rapport du Service des statistiques sans égard au nombre de participants à chaque grève. Le Rosstat met sur un même plan une grève dans une grande usine à laquelle participent des milliers d'ouvriers et une grève dans une école rurale où travaillent, au maximum, dix instituteurs.

De l'avis des experts, le nombre de grèves s'explique non pas par la méthode du calcul, mais par des facteurs plus sérieux.

Nikolai Popov directeur chargé du travail scientifique à ROMIR Monitoring, estime que cet automne se distingue beaucoup de l'automne précédent: "Premièrement, l'année 2003 a été celle des élections, c'est pourquoi l'intérêt politique a éclipsé les intérêts économiques quotidiens des citoyens. De nombreux partis ont promis, dans leurs programmes, de faire tomber la tension socio-économique et de créer de nouveaux emplois". Cela a détourné les Russes de la lutte pour leurs droits par la méthode des grèves.

Oleg Chéïne, député à la Douma (chambre basse du parlement russe), coprésident du syndicat "Défense", estime que "nous sommes témoins de la fin du coma social quinquennal". De l'avis d'Oleg Chéïne, la flambée de l'activité sociale a été provoquée par la nouvelle politique du gouvernement de Fradkov qui méconnaît les intérêts des travailleurs.

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