FITCH a noté la Russie mais c'est peu de chose

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MOSCOU, 24 novembre. /par Iana Iourova, commentatrice économique de RIA Novosti/.

Les investisseurs étrangers ont pardonné l'affaire Ioukos à la Russie. Mais aucun ne se hâte de placer son argent dans l'économie russe, en attendant un signal sûr des conservateurs.

L'agence internationale de notation Fitch Rating a relevé la note souveraine à long terme de la Fédération de Russie en monnaie nationale et étrangère de BB+ à BBB-, celle à court terme de B à F3, celle du risque pays de BB+ à BBB- et celles des obligations du ministère des Finances (emprunt d'Etat intérieur en monnaie étrangère, 5e et 8e tranches) de BB à BB+. Les prévisions sont stables dans toutes les catégories.

Cette décision a été une surprise pour la Russie. Tout le monde s'était déjà accoutumé à penser qu'avant 2005 on n'avait rien à attendre de bon des agences de notation. Premièrement, les résultats économiques de l'année ne seront annoncés qu'à son terme. Et deuxièmement l'histoire de Ioukos a fortement déçu les espoirs optimistes. Certes, les hommes politiques russes n'ont pas passé leur temps à se tourner les pouces. Ils ont employé les six derniers mois à travailler sur leur propre réputation pour que les réclamations faites à Ioukos n'aient pas l'air d'une justice sommaire à l'encontre des milieux d'affaires mais rejoignent le rang des mesures planifiées de lutte contre les mauvais payeurs d'impôts. Dans le cadre de la politique d'équidistance menée à l'égard de toutes les sociétés pétrolières considérées comme gros contribuables, Sibneft s'est vu adresser des réclamations fiscales pour 1 milliard de dollars. Des taloches ont été promises aussi à d'autres optimisateurs d'impôts. Le montant des réclamations présentées ne dépasse cependant pas la limite du raisonnable, c'est-à-dire ne met pas en cause l'existence de la société.

Tout cela doit montrer aux investisseurs occidentaux pragmatiques que personne, en Russie, ne veut étrangler la libre entreprise. Et que nesont punis que ceux qui s'efforcent de contourner la loi. La campagne s'est avérée convaincante. Ou peut-être l'Occident pragmatique en a-t-il eu assez d'attendre le dénouement du corps à corps entre les fonctionnaires et Ioukos et a-t-il jugé que puisque l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce se rapproche rapidement, il apparaît fort douteux qu'elle puisse égorger ses poules aux œufs d'or.

Par ironie du sort l'annonce de la décision de Fitch Rating de relever la note souveraine à long terme de la Fédération de Russie a coïncidé avec une nouvelle vague de réclamations fiscales faites à Ioukos. Il lui a été proposé de régler 6 milliards de dollars de dette. De mieux en mieux, des bruits ont couru sur une prochaine arrestation de trois top-managers de Ioukos. Par-dessus le marché le Fonds des biens fédéraux de Russie a informé les milieux d'affaires de la vente aux enchères des actions bloquées de Iouganskneftegaz fixée au 19 décembre (la mise à prix est fixée à 8,6 milliards de dollars environ).

Cependant, ces annonces, tragiques pour Ioukos, n'ont pas cette fois déchaîné de tempête sur le marché. Les mois de lutte éreintante entre l'Etat et les milieux d'affaires ont dissous les émotions. Les fonctionnaires se sont félicités de la nouvelle note. Les analystes ont calculé les jours, les semaines ou les mois qui restaient avant que les investisseurs étrangers ne se précipitent vers les immenses étendues de la Russie.

Certes, le cadeau inattendu de Fitch Rating est agréable. Car la note d'investissement n'est pas simplement une confirmation de la solvabilité du pays, de sa capacité à respecter ses obligations en monnaie nationale et étrangère. L'essentiel est qu'elle est une évaluation du climat économique, de la législation, de la stabilité politique dans le pays. C'est déjà le deuxième signe d'attention fait à la Russie. Rappelons qu'une autre grande agence mondiale, Moody's, avait attribué, il n'y a pas longtemps, une note d'investissement à la Russie. D'habitude, les fonds conservateurs n'investissent dans les actifs que si le pays a au moins des notes d'au moins deux agences de notation.

A cheval donné on ne regarde pas les dents, dit le proverbe russe. Force est cependant de reconnaître que les notes de Fitch et de Moody's ne font ni la pluie ni le beau temps sur le marché des valeurs russes. Pour lui l'avis de Standard & Poor's, la plus grande autorité de la profession, importe bien davantage. Cette agence utilise la méthode conservatrice d'évaluation de la solvabilité d'un pays. Au minimum 50% des investisseurs restent dans l'attente de sa conclusion. Une décision de S&P de maintenir ou de rehausser la note souveraine de la Russie n'est pas attendue avant janvier 2005.

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