Un nouvel Irak, un nouveau Proche-Orient, un nouvel espoir

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RAMALLAH, 24 novembre (par Dmitri Kossyrev, commentateur politique de RIA-Novosti). La visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en Israël et en Palestine, à Tel Aviv et à Ramallah, juste après la conférence ministérielle internationale sur l'Irak à Charm el Cheikh, en Egypte, s'inscrit, en toute logique, dans le processus des changements en cours au Proche-Orient.

Quels sont ces changements ? Les élections de la nouvelle direction de l'Autonomie palestinienne et les élections au parlement provisoire en Irak sont fixées pour janvier et, de nouveau, la diplomatie mondiale déploie des efforts énergiques pour pouvoir contrôler ces processus clefs. Même si, comme cela est de mise au Proche-Orient, le résultat positif n'est pas garanti. Par exemple, la Palestine, récemment privée de son leader Yasser Arafat, risque, dans le pire des cas, de se disloquer en communautés faiblement liées l'une à l'autre, dont chacune parlera d'une voix différente et pas toujours agréable. Un scénario pareil existe pour l'Irak.

Soulignons que pour la région où les échecs et les impasses diplomatiques sont une norme depuis de longues années, les décisions de Charm el Cheikh ne sont pas du tout mauvaises.

Après son ouverture, le ton à la conférence a été donné par les discours de l'hôte de la conférence, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit et du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. Premièrement, l'Irak fait partie du Proche-Orient, il est dès le début membre de la ligue arabe et les problèmes arabes ne pourraient être réglés séparément des problèmes palestiniens. Autrement dit, il faut que les deux axes de la politique internationale ne forment qu'un. Deuxièmement, la sécurité du monde dépend de la sécurité de l'Irak (et du Proche-Orient). Donc la diplomatie internationale doit en finir avec les "belles paroles", pour reprendre l'expression d'Annan, créant un mécanisme d'assistance, surtout à l'Irak. Troisièmement, aujourd'hui, le problème principal est la division interne de l'Irak et la menace de sa "désintégration" (cette expression appartient au ministre russe Sergueï Lavrov). C'est justement du règlement de ce problème dépend l'issue et le sens de toute élection dans ce pays.

Une construction familière se dessine des décisions de la conférence : ce sont les voisins de l'Irak qui apporteront l'aide principale à l'Irak. Mais ils devront agir sous l'égide de l'ONU et en vertu d'un mandat des Nations Unies. Le reste de la communauté internationale jouera le rôle de "groupe de soutien". Devant nous, nous voyons le modèle que la diplomatie russe juge optimal, et pas seulement pour le Proche-Orient. En Asie centrale, dans d'autres régions du monde les doctrines russes sont pareilles.

Au siège à demi détruit de Yasser Arafat - l'ex-leader palestinien est enterré à proximité - Sergueï Lavrov a parlé, devant les journalistes, des impressions qu'il a tirées des rencontres avec les leaders israéliens et palestiniens. Les dirigeants d'Israël et de Palestine, a-t-il dit, ont des approches similaires. Notamment, les uns et les autres sont convaincus que les "feuilles de route" doivent être réalisées, intégralement. Et qu'il faut commencer par les élections palestiniennes, par la cession organisée aux Palestiniens de la bande de Gaza, afin qu'ils puissent y établir un ferme contrôle de la situation, etc. En fait, cela rappelle bien ce qui doit être accompli en Irak.

Notons que la principale réalisation de la conférence égyptienne sur l'Irak est le projet de "mécanisme collectif d'accompagnement du processus politique dans ce pays".

Ce "mécanisme" sera créé en marche, sous l'égide de l'Egypte. D'abord, ce sera une rencontre de délégués spéciaux des pays et des organisations qui se sont déjà réunis à Charm el Cheikh. Ils devront voir qui et comment remplit les décisions de la conférence : si le gouvernement irakien s'est mis à contacter avec l'opposition, s'il réalise les contrats déjà signés - notamment, avec la Russie, si les frontières des pays voisins de l'Irak ne sont plus perméables aux terroristes, si le rôle prioritaire de l'ONU sur les axes désignés par des résolutions internationales est assuré. Le "mécanisme" en voie de création n'est pas encore une organisation internationale mais c'est bien un moyen de faire en sorte que les résolutions internationales ne restent plus lettre morte. Et, ce qui est le plus intéressant, la conception du "mécanisme" non seulement imitera le "quartette du Proche-Orient" mais aussi, selon toute vraisemblance, fusionnera avec lui.

Une question se pose : les Etats-Unis, la puissance qui occupe l'Irak, quel rôle jouent-ils dans tous ces changements ? A premier abord, très discret. Colin Powell, présent à la conférence de Charm el Cheikh, y ressentait sans aucun doute la froide animosité de certains de ses participants. Mais, dans l'ensemble, il a été pleinement solidaire d'eux sur la majorité des points débattus. Enfin, la conférence ne s'est pas réuni pour accélérer le départ des Etats-Unis de l'Irak (bien qu'il s'agisse un jour de cela), mais, plutôt, pour permettre aux Etats-Unis, dans la situation de crise actuelle, de rester au Proche-Orient, et d'y agir conformément aux règles du jeu collectives, dans le cadre des "feuilles de routes" débattues au niveau international. Voyons si la seconde administration Bush accepte ces règles du jeu !

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