Les relations Russie-ANASE sont au beau fixe

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MOSCOU - par Dmitri Kossyrev, commentateur politique de RIA Novosti. Le premier sommet Russie-ANASE se tiendra l'an prochain dans la capitale malaisienne de Kuala-Lumpur. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a reçu une invitation en ce sens adressée au président Vladimir Poutine lorsqu'il s'est rendu lundi à Vientiane pour participer à un sommet de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE).

Il s'agit d'un succès de la diplomatie russe dans un domaine presque inexploré, en Asie du Sud-Est. Rappelons que la nouvelle Russie a rencontré beaucoup de problèmes dans cette région au début des années 1990. Les plus anciens membres de l'ANASE, notamment l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande, considéraient Moscou avec méfiance gardant en mémoire le rôle de l'URSS dans la guerre d'Indochine. A l'époque, l'URSS, le Vietnam et la Chine se trouvaient encore "derrière le rideau de fer" alors qu'une association de six pays non communistes de l'ANASE formait alliance avec les États-Unis et l'Australie pour lutter contre l'expansion communiste. Ancien allié de Moscou, le Vietnam, ainsi que le Laos, puis le Cambodge, se préparaient à adhérer à l'ANASE ce qui a fini par aboutir.

L'invitation actuelle de Vladimir Poutine au sommet signifie que la Russie est propulsée au premier rang des partenaires et amis de l'ANASE qui réunit dix États dont certains ont été alliés ou ennemis de l'URSS à l'époque de la guerre froide. L'ancienne structure politique de l'Asie du Sud-Est est effectivement dépassée. Il faut noter que pour le moment, seuls la Chine, l'Inde, le Japon, le Pakistan et la Corée du Sud ont atteint le niveau des sommets annuels de novembre bien que l'ANASE cherche à maintenir des relations avec toutes les grandes puissances. Ce sont les amis les plus proches de l'Association qui ont la même idéologie politique que les leaders de l'ANASE.

L'idéologie en question est exposée dans l'Accord d'amitié et de coopération en Asie du Sud-Est (Accord de Bali) de 1976. Pendant sa visite, M.Lavrov a participé à la cérémonie d'adhésion de la Russie à cet accord. Ce document contient des engagements envers l'ANASE, avant tout l'engagement de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des États souverains, ce que les milieux politiques russes considèrent comme naturel et si on les examine de plus près, on verra qu'il s'agit d'un résumé des dispositions clés de la Charte de l'ONU.

L'idée d'adhérer à l'Accord de Bali n'a suscité aucune protestation en Russie. L'Accord est proche de la doctrine de la politique extérieure russe ou de ses principes fondamentaux. Signant ce document, Moscou s'engage également à ne pas nuire à la stabilité politique ou économique des autres parties contractantes. Il s'agit là aussi de choses tout à fait évidentes pour la Russie. Mais ces dernières années, les pays membres de l'ANASE ont pu se rendre compte que les principes et engagements n'étaient pas évidents pour toutes les grandes puissances. Difficile d'imaginer que les États-Unis ou l'Australie signent l'Accord de Bali. Ces pays ne figurent donc pas parmi les meilleurs partenaires de l'ANASE.

L'adhésion à l'Accord et l'organisation d'un sommet Russie-ANASE dans un an sont des manifestations symboliques appelées à intensifier la coopération entre les milieux d'affaires, les institutions d'État et les associations publiques de nos 11 pays. Ce n'est pas un secret que la Russie, tout comme les pays membres de l'ANASE, considère cette visite au sommet comme un signe pour les fonctionnaires et les hommes d'affaires indiquant que la région ou le pays où se rend le président sont prioritaires et qu'il faut y prêter attention. La préparation à de tels sommets oblige les structures d'État et les milieux d'affaires à élaborer un programme de discussions consacré aux accords et autres manifestations nécessaires pour promouvoir le commerce et les autres relations. Ce programme est une sorte de "feuille de route" pourle développement de tous les liens.

Une croissance inattendue des échanges commerciaux entre la Russie et les dix pays de l'ANASE a certainement influé sur l'évolution des événements. Certes, le chiffre d'affaires de quelque 3 milliards de dollars n'est pas étonnant pour l'un des épicentres de la croissance économique mondiale. Mais le développement du tourisme, surtout le nombre croissant de Russes attirés par les mers chaudes d'Asie, ainsi que le resserrement des liens dans le domaine de la lutte antiterroriste ont montré aux hommes politiques que les mêmes conceptions de l'ordre mondial unissaient Moscou et les dix pays de la région et pas seulement. A présent, ces tendances seront confortées au niveau présidentiel.

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