Moscou salue la résolution sur l'Iran

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MOSCOU, 1-er décembre. (Commentateur de RIA-Novosti, Piotr Gontcharov). Adoptée par le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), la très souple résolution sur les programmes nucléaires iraniens a trouvé une haute appréciation à Moscou, que ce soit au niveau diplomatique élevé ou parmi les experts russes en technologies nucléaires. Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas là uniquement de ce prestige que la capitale russe pourrait évidemment tirer de la solution positive de ce problème. Bien que les négociations avec Téhéran aient été menées par la "troïka" européenne, et plus précisément par la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, Moscou s'y est chargé du rôle de médiateur. A une certaine époque, les diplomates russes n'ont pas ménagé leurs efforts, en contactant l'une et l'autre parties à ces négociations pour "désamorcer justement ainsi la situation", comme l'a résumé par la suite le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Le principal mérite de ladite résolution "consensuelle" réside incontestablement dans le fait qu'elle "garde tout le thème iranien dans le cadre de l'AIEA", a fait remarquer le chef de la diplomatie russe. Ainsi, on a complètement retiré du texte de la résolution le point conformément auquel le "dossier iranien" pourrait être soumis à l'examen du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies si l'Iran ne respectait pas quelques-uns de ses propres engagements en la matière. Il est aussi dans cette résolution d'autres points incontestablement avantageux pour l'Iran. La résolution en question fait état de l'absence absolue chez l'Iran de l'ambition de créer sa propre arme nucléaire sous couvert du développement de ses programmes nucléaires civils. Ce fait peut être qualifié de victoire diplomatique de Téhéran, estime Guennadi Evstafiev, expert russe en matière de non-prolifération des armes nucléaires.

Guennadi Evstafiev considère également comme une réussite de la diplomatie iranienne le fait que la résolution salue le refus de Téhéran de poursuivre ses travaux d'enrichissement d'uranium et ce, "à titre de mesure bénévole de renforcement de la confiance". C'est justement la thèse que l'Iran avait défendue dès le début des négociations, tout d'abord, avec l'Agence internationale de l'Energie atomique et, ensuite, avec la "troïka" européenne. Ayant défendu cette thèse, l'Iran se réserve, de facto, le droit, prévu par le Traité de non-prolifération pour développer son propre programme de production de combustible nucléaire.

Et enfin, la Russie a aussi son propre intérêt, bien à elle, dans la solution positive de cette question. C'est que la détente réalisée autour des programmes nucléaires iraniens rend incontestablement plus intense la coopération russo-iranienne dans le nucléaire civil. Ainsi, l'Agence de l'énergie atomique de Russie (Rosatom) estime désormais tout à fait possible de parvenir, dans l'immédiat, à un accord avec la partie iranienne pour construire par la Russie du deuxième réacteur à la Centrale nucléaire de Bushehr. Comme l'a fait savoir le porte-parole de Rosatom, Nikolaï Chingarev, un tel accord pourrait être signé le 15 ou 16 décembre prochain quand Moscou sera le lieu d'une nouvelle réunion de la Commission commerciale et économique russo-iranienne. Côté russe, c'est Alexandre Roumiantsev, chef de Rosatom, qui est coprésident de la Commission.

Sous sa forme actuelle, la résolution sur l'Iran donne tout lieu de supposer que la plupart des membres de l'AIEA sont certains que le régime de la non-prolifération des armes nucléaires ne sera guère violé par Téhéran. Or, il y a un seul membre de l'AIEA qui n'accepte toujours pas cette thèse et ne l'acceptera certes pas dans une perspective immédiate ni, d'ailleurs, dans un avenir prévisible. Ce sont les Etats-Unis qui n'ont pas fait qu'exhorter l'AIEA à "garder sa vigilance", mais ont aussi laissé clairement entendre que Washington pouvait toujours, à titre unilatéral, soulever la question des sanctions à l'encontre de l'Iran.

La question se pose: Les Etats-Unis vont-ils essayer donc de faire exploser la situation autour de l'Iran? Pour le moment, la question du transfert du "dossier nucléaire" iranien au Conseil de sécurité de l'ONU est retiré de l'ordre du jour et ce, grâce à la ferme position de la Russie, de la République populaire de Chine (RPC) et maintenant encore de l'Union européenne (UE). Aussi, est-il sans doute peu probable que les Américains risquent une telle démarche unilatéraliste dans le contexte d'un tel rapport des forces dans le monde.

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