Comment combattre l'économie parallèle

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MOSCOU, 21 décembre. (Par Viatcheslav Lachkoul, commentateur de RIA Novosti).Une conférence consacrée à la lutte contre l'économie parallèle s'est tenue à l'Université du ministère russe de l'Intérieur à Moscou. Les participants à ce forum représentatif des structures coercitives ont mis l'accent sur l'urgence de la lutte contre l'économie parallèle et relevé que l'existence de celle-ci minait la sécurité économique de tout Etat. Le directeur adjoint de l'Université du ministère de l'Intérieur, Samvel Mailian, a souligné qu'il était indispensable de faire la distinction entre l'économie parallèle et l'économie criminelle. Si la première relève pour l'essentiel du délit économique, la seconde a pour assise des crimes graves comme le trafic de stupéfiants et d'armes ou encore la traite des êtres humains.

Toutefois, la conférence a constaté qu'en Russie la notion d'économie parallèle n'était pas encore bien définie. Les termes utilisés pour désigner ce phénomène délictueux sont nombreux: économie illégale, économie "grise", économie de l'ombre. Cela étant, il n'existe aucun instrument permettant de mesurer l'ampleur de ce secteur. Le registre des appréciations fourni par les experts est des plus étendus. Les chiffres cités vont de 20 à 60 pour cent du produit intérieur brut. Dans de nombreux pays l'évaluation de l'économie parallèle se fait lors du calcul du PIB, de manière à pouvoir, de cette façon ou par d'autres moyens, réduire sa part. Le travail réalisé dans ce domaine par les services de police ne saurait être qualifié de combat contre les moulins à vent. Nous en voulons pour preuve les milliers d'actions en justice intentées pour contrebande, blanchiment de revenus illicites, contrefaçon de marchandises, entreprenariat illicite, corruption, etc.

Cependant, plusieurs intervenants ont relevé que la seule coercition ne permettra pas de régler le problème du moment que les principales causes du phénomène se situent sur les plans économique et social. En Russie c'est le fardeau de la fiscalité, le bas niveau de vie, la corruption. Il apparaît donc qu'afin de rétrécir le secteur de l'économie parallèle ce sont tout d'abord ces problèmes qui doivent être éliminés.

Cette idée a été appuyée par les délégués du Kazakhstan, qui ont fait part de leur expérience. Par exemple, pour enrayer la corruption dans les services douaniers et accélérer les formalités de dédouanage à la frontière le Kazakhastan entend mettre en place un système électronique d'accomplissement des formalités. Par ailleurs, dans cette république il y a belle lurette que les agents économiques ne font plus la queue aux portes des réceptions pour y remplir leurs déclarations, celles-ci étant adressées par e-mail aux services appropriés.

Les échanges d'expériences de ce genre pourraient conférer davantage d'efficacité à la lutte contre l'économie parallèle. D'autant que de nos jours elle s'imbrique de plus en plus dans l'activité commerciale extérieure. Pour la Russie ce sont les exportations illicites de bois, de ressources biologiques et d'autres richesses nationales, les règlements douaniers minorés, l'acceptation de fausses déclarations de marchandises. C'est aussi la constitution de sociétés-écrans, tant à l'intérieur du pays qu'au-delà de ses frontières, pour réaliser des marchés fictifs. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les gangs transnationaux se font toujours plus nombreux. Une infraction peut commencer dans un pays et s'achever dans un autre. A cet égard on ne saurait ne pas apprécier à sa juste valeur la collaboration fructueuse au niveau des services de police de différents Etats. Elle s'avère particulièrement actuelle pour les membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et les autres pays limitrophes de la Russie. Malheureusement, comme l'ont fait remarquer des intervenants, cette coopération n'est pas exempte de lacunes. Cela concerne en particulier les échanges d'informations. Souvent nos collègues étrangers rechignent à nous les communiquer. Toutefois une expérience positive s'est quand même accumulée dans le travail conjoint. Selon le général Alexandre Osmine, les opérations concertées "Kanal", "Rozysk", "Nelegal" et d'autres se sont soldées cette année en Russie par plus de 2.500 mises en examen. Ces opérations ont été lancées conjointement par les services secrets de la Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie, du Kazakhstan et d'autres Etats.

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