La Russie construit un nouveau satellite météorologique

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MOSCOU. /par Iouri Zaïtsev, expert à l'Institut des recherches spatiales - RIA Novosti/. La Russie doit lancer cette année un nouveau satellite météorologique, Meteor-3M. Pour 2006, elle prévoit la mise en orbite géostationnaire un appareil Electro-2. Cela signifie qu'elle rétablit son groupe météorologique spatial qui constitue l'un des secteurs d'activités internationales prioritaires de la cosmonautique russe.

Le pays a lancé au total, y compris pendant la période soviétique, 33 satellites météorologiques. Tout récemment encore son groupe orbital comprenait trois ou quatre appareils opérationnels qui assuraient le monitorage des conditions météorologiques sur terre. Aujourd'hui, il n'a plus un seul appareil météo national normalement opérationnel et doit de ce fait se faire renseigner par l'agence météorologique spatiale européenne Eumetsat. Les raisons habituelles - des difficultés économiques - ne sont pas convaincantes.

Les pays industrialisés affectent 5% de leur budget au système météorologique orbital. En Russie, 50% de l'enveloppe spatiale du budget sont employés à financer le Programme de la Station spatiale internationale (ISS) et, en fait, rien n'a été alloué depuis une dizaine d'années à la météorologie spatiale. Les crues de la Lena ou du Kouban nous prennent au dépourvu, sans parler de la mauvaise qualité des prévisions météorologiques quotidiennes.

Dans le cadre de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) qui regroupe 147 pays un système global d'observations météorologiques spatiales a été constitué. Il comporte deux niveaux. Le premier se trouve à 900 km d'altitude. Il est composé actuellement de trois appareils américains et d'un Meteor-3M russe qui, depuis décembre 2003, ne fonctionne qu'à 20% de ses capacités escomptées et n'observe que l'état de la calotte glaciale de l'Arctique, trois de ses quatre retransmetteurs ayant épuisé leurs ressources. Même au bon vieux temps, les paramètres des instruments russes ne répondaient pas aux normes de l'OMM et les données qu'ils fournissaient n'étaient pas prises en compte dans les échanges internationaux.

Le deuxième niveau est installé à 36 000 km, en orbite dite géostationnaire où l'appareil acquiert la capacité de rester comme immobile au-dessus d'un seul point de la surface terrestre. Il devient ainsi comme un poste météo fixe et peut scanner les processus atmosphériques sur des territoires terrestres immenses. D'autre part, ces mêmes satellites sont utilisés pour recevoir les informations recueillies par les milliers de stations terrestres et les communiquer aux centres de dépouillement des données.

L'Organisation mondiale météorologique a divisé l'orbite géostationnaire en plusieurs secteurs pour mieux explorer la surface terrestre. Six à sept satellites suffisent pour cela. A l'heure actuelle sept appareils de trois pays et d'une organisation sont en service : trois appartiennent aux Etats-Unis, deux à Eumetsat, un à la Chine et un à l'Inde.

Un autre satellite européen et un appareil chinois subissent actuellement des tests de pré-lancement. Un satellite américain et un européen fonctionnent selon un programme réduit tandis que l'appareil japonais orbitalisé en 1995 a été mis en réserve pour des raisons dépendantes de l'orbite. Il a été remplacé à son point de stationnement par un appareil américain. L'Inde refuse de diffuser librement les informations recueillies par son satellite en prétextant la situation militaro-politique difficile dans le sous-continent indien. Le point de stationnement de l'appareil chinois est optimisé pour le balayage du territoire de la Chine et ne permet pas de scruter l'ensemble de la zone de l'océan Indien.

En 1994, la Russie a placé son Electro-1 au-dessus de l'océan Indien qui a cessé de fonctionner en 1998, après quatre ans d'exploitation, ayant complètement épuisé ses ressources. Le vide ainsi créé en orbite géostationnaire a été comblé par l'appareil européen Météosat. Ainsi, à l'heure actuelle, la proportion des informations reçues par les services météorologiques russes depuis les satellites nationaux et étrangers est de 1 à 100. D'autre part, la Russie qui n'a plus d'engin météo en orbite géostationnaire reste le dernier pays européen à recueillir les informations de ses 5 500 stations terrestres par téléphone et par télégraphe, procédé très cher, très lent et totalement obsolète.

Néanmoins, la situation semble être sur le point de commencer à s'améliorer. Meteor-3M en chantier répondra aux normes de l'OMM. Il sera l'un des quatre appareils du premier niveau. La création d'un complexe moderne Electro-2 est, d'autre part, depuis ces dernières années l'une des orientations internationales prioritaires de la cosmonautique russe. Le nouveau satellite qui portera ce nom sera lui aussi conforme aux normes internationales, y compris en matière de durée de service, critère le plus douloureux pour le matériel russe.

Le radiomètre dont il sera équipé assurera une prise de vues dans trois à cinq canaux spectraux visibles et infrarouges avec une résolution d'un et de quatre mètres respectivement tout en balayant l'ensemble du disque visible de la Terre.

La périodicité normale des prises de vues sera de trente minutes. En cas de catastrophe naturelle, elle pourra être ramenée à quinze, voire à dix minutes sur commande depuis la terre. La vitesse du vent sera établie à 3 ou 5 m/s au cours de la poursuite des nuages distincts dont les coordonnées seront calculées par rapport aux étoiles repérées par le scanner au-delà du bord du disque terrestre.

Comme instruments supplémentaires, l'appareil portera des capteurs de monitorage héliogéophysique, des retransmetteurs des signaux des stations météorologiques automatiques et des signaux d'alerte lancés par les balises du système de recherche et de sauvetage COSPAS-SARSAT, ainsi que des retransmetteurs des cartes météo en format international.

A noter que l'une des principales tendances du nouveau siècle est l'intégration des programmes de météorologie spatiale. Les processus intégrationnistes sont tout particulièrement rapides entre les Etats-Unis, l'Europe et le Japon. La Russie les rejoint actuellement.

L'ensemble des informations fournies par les satellites permet d'établir des prévisions sur trois à cinq jours avec 80% de précision. D'ici dix ans, les prévisions seront de sept à dix jours avec la même fiabilité. D'ici vingt ans, il sera possible d'augmenter le délai de prévision jusqu'à quatorze jours. Au fur et à mesure que des instruments de contrôle nouveaux seront mis au point, on verra se diversifier les missions dont seront chargés les satellites météorologiques futurs : détection d'incendies, contrôle des situations d'urgence, monitorage écologique et d'autres.

D'une façon générale, malgré le long retard de la Russie dans le domaine de la création d'appareils météorologiques, en premier lieu géostationnaires, son nouvel Electro-2 sera complètement conforme aux normes internationales et aux missions futures de la météorologie spatiale. Il permettra à la Russie de fournir sans retard à son économie des informations authentiques et de remplir ses engagements internationaux.

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