Vladimir Poutine a restitué certaines compétences des gouverneurs

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MOSCOU, 7 juillet (par Vassili Kononenko, commentateur politique de RIA Novosti). Aux festivités du 750e anniversaire de Kaliningrad auxquelles a participé le président Vladimir Poutine, les kermesses se sont soudain terminées par les décisions importantes pour l'Etat.

 A la réunion du Conseil d'Etat où sont arrivés les gouverneurs de diverses régions du pays, Vladimir Poutine a signé un décret qui renverse la verticale du pouvoir dans le pays. Dmitri Kozak, représentant plénipotentiaire du président dans la Région fédérale du Sud, était probablement l'homme le plus déçu à cette fête. Il était l'auteur principal de la réforme administrative à plusieurs étapes réalisée par le pouvoir fédéral, malgré la résistance immense des élites régionales, depuis la fin de l'année dernière.

Rappelons que le programme d'actions destiné à renforcer l'unité de la Russie et à créer un système d'administration anti-crise avait été présenté par Vladimir Poutine dans son message adressé à la nation le 4 septembre 2004, après les événements sanglants de Beslan. Ce programme prévoyait l'annulation, selon la volonté du président, des élections de gouverneurs, ce qui entraîna le mécontentement. Les critiques du pouvoir avaient vu dans cette mesure le "retour à l'autoritarisme", la "transformation de la Russie en Etat unitaire", etc. A présent, à l'initiative de Vladimir Poutine, les choses inverses se produisent non pas sous une pression de l'opposition ou de l'opinion mondiale. Un nouveau décret présidentiel accorde aux gouverneurs le droit de surveiller l'activité des dirigeants des structures de force locales (Intérieur, Situations d'urgence, Justice). Les représentants plénipotentiaires du président devront désormais concerter les candidatures à ces postes avec les gouverneurs. Au cours des deux prochains mois, Moscou promet de transmettre aux régions, au total, 114 compétences dans les domaines suivants: le secteur forestier, les rapports concernant les Eaux, la protection de l'environnement, l'art vétérinaire, les licences, la protection des monuments historiques et culturels, l'enseignement, la science, l'exploitation des terres, le logement.

Le président a expliqué le retard de la réforme administrative d'une manière imagée qui lui est propre: "Le transfert des compétences supplémentaires aux régions n'est nullement un but en soit, ni le résultat du zèle administratif. A tous les étages du pouvoir, il faut assumer la responsabilité pour tout ce qui a été fait", a souligné Vladimir Poutine. En fait, Dimitri Kozak avait conçu la verticale du pouvoir pour éviter au Kremlin d'être la cible des attaques à tout propos: par exemple, les égouts ne fonctionnent pas dans une localité située dans la taïga ou Anadyr est resté sans fioul en hiver. Au début de la réforme, Vladimir Poutine avait assumé une partie de la responsabilité des gouverneurs pour rétablir l'administration du pays immense.

Dans la période où le président Eltsine appelait à "prendre autant de souveraineté que possible", de nombreux gouverneurs se sont transformés en princes locaux. Elus, mais n'étant pas incorporés dans la verticale de subordination de haut en bas, certains d'entre eux se sont permis de faire chanter le Kremlin, en le menaçant de poser la question de la séparation de telle ou telle région de la Russie. C'était le cas du Primorié (Extrême-Orient russe) sous le gouverneur Evgueni Nazdratenko. Dans la République de Touva, les provocateurs locaux avaient menacé Moscou d'adhérer à la Mongolie. L'idée de la séparation avait été suggérée à certains petits peuples du Nord en vue de retirer le plus d'argent possible des compagnies pétrogazières.

Vladimir Poutine a réussi, avec beaucoup de peine et malgré le mécontentement, à rétablir la subordination des dirigeants régionaux au pouvoir central. Mais les conséquences du processus impétueux de centralisation se sont avérées plus sérieuses que ne le supposait le Kremlin. Premièrement, la nomination des dirigeants des régions n'a pas simplifié l'administration du pays. Des signes de la désorganisation administrative sont apparus. Les gouverneurs doivent penser non pas aux moyens d'améliorer la vie des régions, mais aux tentatives de les limoger. Voici ce qu'a dit Aman Touleiev, gouverneur du Kouzbass, à une réunion du Conseil d'Etat au Kremlin: "Je ne peux pas travailler le cœur serré, il faut avoir des critères et des mécanismes de défense, car il se trouvera des riches qui essaieront de me limoger", s'est exclamé Aman Touleiev. Les demandes de rendre les pouvoirs se sont multipliées ces derniers temps.

En fin de compte, le Kremlin a décidé de satisfaire ces demandes. Mais, en échange, Vladimir Poutine a exigé que les gouverneurs assument leur part de responsabilité pour la réforme économique, qu'ils assurent la transparence des budgets, renforcent leurs pouvoirs par des sources réelles de financement et prennent l'initiative dans l'élaboration des programmes socio-économiques réalistes et assurent l'arrivée des investissements dans les régions.

La nouvelle conception de l'administration décentralisée du pays comporte un élément substantiel: désormais, un gouverneur négligent qui, par exemple, n'a pas assuré le chauffage dans sa région, ne pourra plus ignorer les exigences du centre. Il n'est plus élu, mais il assume la responsabilité. En fait, c'est un dirigeant régional qui peut être remplacé facilement sans recourir à de longues procédures. Aujourd'hui, l'essentiel est que le nouveau modèle du pouvoir devienne résistant.

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