Comment enrayer l'exode des orphelins russes?

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En 2004, 9.600 orphelins russes ont été adoptés par des étrangers et seulement 7.400 par les Russes, a annoncé le ministère russe de l'Enseignement et de la Recherche qui supervise l'adoption.

En 2004, 9.600 orphelins russes ont été adoptés par des étrangers et seulement 7.400 par les Russes, a annoncé le ministère russe de l'Enseignement et de la Recherche qui supervise l'adoption.

Cette annonce a été faite lors d'une conférence de presse organisée au siège de RIA Novosti après le meurtre d'une fillette russe début juillet aux États-Unis. Vika Bajenova est morte des blessures infligées par sa mère adoptive devenant ainsi le 13e enfant russe (depuis 1996) tué par ses parents adoptifs aux États-Unis.

Moscou a ratifié la Convention internationale des droits de l'enfant à l'époque de l'URSS. "La Russie ne s'oppose pas à l'adoption étrangère, a souligné le substitut du procureur général russe, Sergueï Fridinski. Beaucoup d'enfants russes adoptés par des familles étrangères se retrouvent dans des conditions meilleures et vivent bien. Mais nous ne sommes pas indifférents aux actes de violence commis contre nos orphelins à l'étranger. Aux termes de la législation russe, l'État est tenu de contrôler la situation des enfants adoptés". Au total, depuis 1992, 63.200 orphelins russes ont été adoptés par des étrangers, et 157.000 par des Russes, mais les orphelinats du pays comptent encore 178.000 enfants.

Les vérifications effectuées par le Parquet général ont démontré qu'une partie des adoptions internationales s'accompagnaient d'irrégularités. Tantôt les parents adoptifs agissent par le biais d'agences non accréditées qui ne suivent plus le destin de l'enfant après l'adoption, tantôt ils fournissent de faux renseignements sur eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle les autorités russes préconisent désormais une expertise psychologique indépendante et une formation pédagogique spéciale des parents adoptifs. Souvent les familles ne sont pas prêtes à élever des enfants atteints de déficiences physiques ou psychiques. Elles devraient également signer des contrats internationaux stipulant le contrôle des parents adoptifs, leurs responsabilités, mais aussi tenant compte des subtilités ethnoculturelles de l'éducation des enfants, estime Ekaterina Lakhova, présidente du comité de la Douma (chambre basse du parlement) pour les femmes, la famille et les enfants.

Toujours selon Sergueï Fridinski, même les agences accréditées recourent souvent à des intermédiaires, ce qui est interdit, et ceux-ci sont rémunérés, alors que l'adoption est gratuite en Russie. Le "prix" de l'enfant peut dépasser de 15.000 dollars. Parfois les étrangers sont prêts à débourser la somme exigée pour éviter les queues dans leurs pays d'origine. Ces "tarifs" découragent les familles moyennes russes. Autre délit fréquent, certaines agences ne répertorient pas les enfants adoptés et ne les suivent pas dans les familles.

Depuis 1993, le nombre d'orphelins adoptés par les Russes a reculé de presque la moitié, et le nombre d'enfants adoptés par des étrangers a été multiplié par sept. Ekaterina Lakhova se garde bien d'expliquer cette situation par les seules difficultés économiques et sociales qui entravent l'adoption. "En 1998, la Russie a introduit l'accréditation obligatoire des agences d'adoption internationale - on en compte une centaine, plus quelque 200 non accréditées -, raconte-t-elle. Ces agences se sont multipliées dans les régions. Parallèlement, le parlement a approuvé des amendements qui ont limité les possibilités d'adoption pour les Russes".

Dans le même temps, reconnaît la députée, la procédure d'adoption demeure trop compliquée et trop longue pour les Russes. Les familles qui adoptent des orphelins ont besoin d'être encouragées économiquement, comme le font les autorités de certaines régions, a indiqué Mme Lakhova.

L'assistance des médias s'impose également: on a besoin d'une publicité sociale efficace et d'émissions de télévision sur les orphelins (il y en a déjà à la radio). Sur Internet on trouve des sites de jeunes familles adoptives qui font part de leur expérience. Bref, il reste encore beaucoup à faire pour que les enfants russes ne quittent pas leur pays.

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