Revue de la presse russe du 21 septembre

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MOSCOU - RIA Novosti

Gazeta

Que fera Poutine après 2008?

Poutine ne restera pas à la tête de l'Etat après 2008 parce que la Constitution prime, a déclaré hier le chef du comité de la législation constitutionnelle de la Douma, Vladimir Pliguine. Cette déclaration du membre de Russie Unie montre, de l'avis des experts, que le Kremlin a renoncé à l'idée de laisser Poutine au pouvoir pour un troisième mandat.

Le directeur adjoint du Centre des technologies politiques, Alexéi Makarkine, estime qu'à l'expiration de son mandat, l'actuel leader russe pourrait prendre la tête de Russie Unie ou d'une importante société, par exemple de Gazprom ou de Rosneft. Il n'est pas exclu, enfin, qu'il devienne président du Conseil des projets nationaux auprès du nouveau chef de l'Etat (le président en exercice a annoncé le 5 septembre la création d'un conseil appelé à contrôler la réalisation des principaux projets sociaux). D'ailleurs, Poutine ne prendra la tête de ce nouvel organe que si ce dernier prouve, au cours des deux ans et demi à venir, sa capacité à influer sur l'adoption des décisions les plus importantes.

Le copropriétaire de Youkos, Léonide Nevzline, estime que Poutine restera président. A son avis, les forces militaro-patriotiques tâcheront de rééditer le scénario du GKTchP (Comité d'Etat pour les situations d'urgence). Elles pourraient trouver des "taupes assermentées" soutenues par une "Entente étrangère" et par les oligarques pour monter un coup d'Etat. Les chaînes de télévision publiques annonceraient que la patrie est en danger et que seul Poutine peut déjouer les plans de la "junte", c'est pourquoi il doit rester au pouvoir. A cet effet, un référendum pourrait être organisé pour suspendre la Constitution, estime l'oligarque en disgrâce.

D'après un expert du Centre Carnegie de Moscou, Andréi Riabov, Poutine se mettrait à la tête d'une ONG prestigieuse. Elle pourrait ne pas avoir de statut officiel mais deviendrait un des centres du pouvoir. C'est elle, et non pas la Chambre publique, que le successeur du président et le gouvernement consulteront lorsqu'il faudra résoudre les problèmes les plus importants, de même que la Douma lors de l'élaboration des lois.

L'homme de lettres et poète Dmitri Bykov estime que Poutine restera dans l'ombre puisqu'il est incapable de générer des idées.

Kommersant

L'achat d'Airbus par Aeroflot reporté

L'achat par la compagnie aérienne russe Aeroflot de sept A321-200 neufs à la société Airbus pour 354,9 millions de dollars n'a pas été approuvé hier. L'ajournement du marché risque d'annuler les ententes préalables.

Le ministre des Transports, Igor Levitine (l'Etat détient 51,17% du capital social du transporteur aérien national), s'est dressé contre ce contrat. Il a refusé d'avaliser la directive gouvernementale et a proposé de procéder à une nouvelle évaluation de la capacité financière d'Aeroflot à remplir ses engagements antérieurs (en décembre 2004 la compagnie avait obtenu un crédit d'un pool de banques occidentales à hauteur de 150 millions de dollars pour construire un nouveau terminal).

Finalement, le conseil des directeurs a décidé hier de ne pas geler l'affaire qui, cependant, du fait de son importance, devra être soumise à une procédure d'approbation auprès des organismes de tutelle.

Aeroflot a jugé les griefs du ministre des Transports artificiels. De l'avis d'un représentant de la compagnie aérienne, ces réclamations pourraient être levées en quelques jours tandis que tout retard risque de faire échouer les ententes préalables avec Airbus (le contrat doit être signé dans les jours qui viennent). C'est pourquoi une nouvelle offre d'Airbus, vu la demande élevée d'appareils A-321, peut s'avérer moins avantageuse aussi bien du point de vue de la date de livraison que du prix.

Conformément au mémorandum, les avions doivent être livrés en 2006 et 2007. D'autre part, Aeroflot a obtenu une remise sensible pour chaque appareil : le prix d'achat est ramené à 50 millions de dollars, le prix catalogue étant de 76-80 millions.

"Le renouvellement du matériel navigant est notre problème le plus pressant et cela peut avoir un effet négatif sur le développement de la compagnie. Avec nos Tu-154 nous ne pourrons pas opérer avec succès sur le marché occidental", a déclaré le vice-président d'Aeroflot, Lev Kochliakov.

La compagnie est dès maintenant à court moyens-courriers (il lui en manque 9). Comme les vieux appareils doivent être réformés, elle aura besoin encore d'une vingtaine d'avions de ce type.

VEDOMOSTI

Les organes fiscaux plus indulgents envers les entreprises russes

Les organes fiscaux se débarrassent peu à peu de leur réputation diabolique acquise après "l'affaire Ioukos". La pression exercée par le fisc sur les grandes entreprises russes se relâche petit à petit, et d'ici deux ans, les vérifications fiscales pourraient n'être plus qu'un souvenir.

VympelCom, qui a fait l'objet, en décembre dernier, de griefs fiscaux pour 2001 d'un montant de 157 millions de dollars (le total des recettes de cet opérateur de téléphonie mobile en 2001 s'est chiffré à 423 millions de dollars), a obtenu leur réduction jusqu'à 17,6 millions. La semaine dernière, la compagnie pétrolière TNK-BP a déclaré que le fisc avait diminué ses recouvrements fiscaux de 840 millions de dollars jusqu'à 250 millions.

Les géants pétroliers Sibneft et Lukoil ont "eu plus de peur que de mal". Sibneft a réussi à obtenir que le montant de ses impôts en recouvrement passe de 1 milliard de dollars à quelque 300 millions. Lukoil a bénéficié d'une réduction jusqu'à 163 millions de dollars. Par ailleurs, la société indique que le dialogue avec les organes fiscaux n'est pas encore achevé.

Parallèlement, TNK-BP est en procès avec le fisc au sujet du recouvrement d'encore 4 milliards de roubles (près de 141 millions de dollars). En plus, le fisc est en train de vérifier le paiement des impôts par la compagnie en 2002-2004. Cependant, même si l'entreprise pétrolière doit payer la totalité de la somme réclamée par l'Etat, elle ne sera pas en faillite, car cette année, la société fait plus de 1 milliard de dollars de bénéfice net par trimestre.

Quant aux grandes compagnies telles que TNK-BP ou Sibneft, ce ne sont pas les recouvrements d'impôts pour les années suivantes qui pourraient les ruiner. Les cours du pétrole sont trop élevés.

Chez les métallurgistes, la situation est identique. Si en 2003, presque 90% des recettes du groupe Evraz (12e producteur d'acier dans le monde) étaient assurées par un trader étranger, en 2004 déjà, le même chiffre était assuré par les usines russes du groupe.

D'ailleurs, il serait sans doute impossible d'éliminer une fois pour toutes le "syndrome Ioukos". Les compagnies s'entendent avec le fisc au moyen de négociations de couloir, ce qui ne garantit pas que les organes fiscaux continueront de diminuer les recouvrements.

Biznes

L'Etat contrôlera les prix de gros de l'essence

Le Service fédéral antimonopole (FAS) promet d'engager des poursuites judiciaires contre les sociétés pétrolières qui baisseront les prix de détail de l'essence, tout en libérant les prix de gros. Les experts sont certains que la mise en garde du FAS s'adresse en premier lieu aux grandes compagnies pétrolières, dont la décision de geler les prix des produits pétroliers sur le marché intérieur jusqu'à la fin de 2005 peut être un moyen de concurrencer les vendeurs indépendants de combustible.

"Le FAS a lancé un avertissement aux sociétés pétrolières en vue de défendre les fournisseurs indépendants qui peuvent en pâtir si les pétroliers gèlent uniquement les prix de détail tout en libérant les prix de gros", a dit Dmitri Manguilev, expert de la compagnie d'investissement "Prospekt".

L'inquiétude du FAS est fondée: dans diverses régions, les prix à la pompe étaient plus bas que dans les entrepôts de distribution. Violant ainsi la législation antimonopole, les sociétés pétrolières poursuivent deux objectifs: d'une part, elles veulent évincer du marché les concurrents et les stations-service privées, de l'autre, elles veulent accroître la vente de leurs produits, a dit l'expert.

Les intentions du FAS sont nobles, mais, pour l'instant, on distingue mal comment elles seront réalisées, estiment les experts. "Le FAS aura du mal à contrôler les sociétés pétrolières qui recourent à toutes sortes d'astuces: les prix de gros ne sont pas indiqués dans les stations-service, c'est pourquoi les organes antimonopole ne sauront pas à quoi comparer les prix fixés dans les stations-service", a souligné Maxime Nazarov.

Des difficultés peuvent également surgir dans l'application de la législation antimonopole. "Des problèmes d'ordre juridique sont possibles. Le FAS aura du mal à déceler dans les actions des pétroliers les infractions à la législation antimonopole", prévient Dmitri Manguilev.

Argoumenty i fakty

La Russie qui suit la voie bourgeoise n'a pas de bourgeoisie nationale

Une situation paradoxale s'est créée en Russie. Le pays suit la voie de développement bourgeois, mais la bourgeoisie nationale (locomotive de la progression sur cette voie) est inexistante. Un groupe de personnes s'est enrichi au cours de la privatisation et se plait à se considérer comme l'élite. Par conséquent, il n'y a pas non plus d'idéologie appropriée, sauf le mot d'ordre "Enrichissez-vous!"

Les critères européens de l'éthique bourgeoise ne parviennent pas à prendre racine en Russie, car une bonne partie de la bourgeoisie russe est issue des milieux criminels. L'autre partie a amassé une fortune grâce à la privatisation, en profitant de ses accointances. A présent, les bourgeois craignent qu'en cas de changement de politique et de "revirement à gauche" on ne leur demande d'où provient leur argent. C'est pourquoi ils n'investissent pas dans les projets à long terme et n'entreprennent pas de nouvelles affaires, en préférant exporter leurs capitaux à l'étranger, en achetant des valeurs artistiques, des diamants, des terrains, des biens immobiliers (de préférence à l'étranger). Rien qu'à Londres, on compte plus de 20 000 Russes aisés.

En fait, la "nouvelle bourgeoisie" quitte la Russie, de même que leur argent.

Cependant, l'absence de bourgeoisie nationale ne freine pas seulement le développement économique du pays, mais menace aussi sa stabilité politique. Dans le contexte d'absence de bourgeoisie nationale saine et patriotique, d'autres forces - les nationalistes, les représentants des départements de force et des structures criminelles, les politiciens self-made men - se ruent dans la politique.

Peut-on espérer que la situation changera et qu'une bourgeoisie normale fera son apparition? Les entreprises moyennes constituent le milieu le plus prometteur pour cela: il s'agit de ceux qui ont tout obtenu par leurs propres forces, qui n'ont pas de passé criminel et ne se sont pas enrichis grâce à la privatisation, qui veulent travailler et vivre dans leur patrie.

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