La société russe Launch Services recherche des partenaires

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MOSCOU, 29 septembre - par Iouri Zaïtsev, expert de l'Institut des études spatiales de l'Académie des sciences de Russie, pour RIA Novosti.

Le groupe international Sea Launch a effectué 14 lancements de la fusée-porteuse "Zenit-3SL" dont 10 tirs réussis et un tir partiellement réussi à partir de la plate-forme flottante Odissey depuis mars 1999.

L'histoire de Sea Launch est remarquable. Le consortium est né à l'époque où l'astronautique russe traversait une profonde crise de financement et les dirigeants du secteur spatial déployaient des efforts titanesques pour sauver leurs entreprises de la faillite. C'est l'enthousiasme du constructeur général de la société de construction spatiale russe RKK Energuia Iouri Semenov qui a surtout permis de lancer le projet "Sea Launch". Les fonds faisant défaut, Energuia et ses partenaires ont dû céder 50% des actions de la nouvelle société à Boeing, 25% à la Norvège qui avait mis à leur disposition une ancienne plate-forme pétrolière, et le reste à d'autres sociétés russes et ukrainiennes. Ainsi, le constructeur du lanceur Zenit - élément clé du projet - est quant à lui le dernier partenaire à faire "la queue à la caisse". Certes, les partenaires occidentaux ont financé l'équipement de la plate-forme, mais ces dépenses allaient leur assurer des recettes stables pendant des années voire des décennies...

Sea Launch a, sans doute, sauvé de nombreuses entreprises russes. Dans le même temps, il a, involontairement ou non, fait de l'ombre à la Russie en privant les cosmodromes de Baïkonour et de Plessetsk de certains contrats de lancement, mais surtout en devenant le concurrent du lanceur Proton. Les tirs de ce lanceur lourd sont désormais effectués à des prix légèrement supérieurs au prix de revient de la fusée alors qu'auparavant, le lancement d'une charge utile par Proton coûtait quelque 70 millions de dollars.

De tels exemples se multiplient. La société russe Launch Services mène des négociations avec l'Agence spatiale italienne ISA sur les tirs du lanceur russe Start-1 dérivé du missile intercontinental Topol-M depuis la plate-forme flottante italienne San Marco, ancrée au large du Kenya près de l'équateur (2°9 N, 40°2 E). Launch Services est prête à moderniser la plate-forme et à adapter le lanceur.

Qu'est-ce que représente le lanceur Start? La fusée a hérité des trois premiers étages du missile balistique intercontinental Topol en cours de désaffectation. Ses autres éléments constitutifs - le propulseur d'accélération, le quatrième étage et la coiffe du lanceur - ont été conçus spécialement pour Start. Le lancement de Start depuis son pas de tir terrestre mobile peut être effectué sans préparation spéciale. Le conteneur avec le lanceur prend la position verticale environ 90 secondes avant le tir. Les moteurs du premier étage sont mis en marche lorsque la fusée atteint une altitude de 30 m.

Les dimensions assez petites du lanceur, sa simplicité d'exploitation et sa capacité à rester prêt au tir pendant une période pratiquement indéterminée sont les qualités essentielles de Start. La mise en orbite de la charge utile par Start coûte entre 8 et 8,5 millions de dollars. Quatre des six lancements de Start ont été des lancements commerciaux de satellites étrangers. La société Launch Services a créé à cette fin une infrastructure terrestre avec ses propres moyens, infrastructure qui répond aux normes du marché mondial des lancements spatiaux. Tous les tirs ont été effectués depuis les cosmodromes russes - le cosmodrome de Plessetsk (deux tirs) et celui de Svobodny (quatre tirs) qui dispose d'une position géographique plus avantageuse puisqu'il est situé plus près de l'Équateur.

A l'heure actuelle, Launch Services s'apprête à lancer "Start" et le satellite israélien EROS-B. Il s'agit du deuxième lancement d'un engin spatial israélien par la fusée-porteuse russe. La haute précision du premier tir a permis au satellite de fonctionner pendant cinq ans au lieu de trois ans prévus.

Launch Services pourrait signer un nouveau contrat avec Israël portant sur trois ou quatre lancements après la mise en orbite d'EROS-B. La société a également toutes les chances de conclure d'autres contrats avec des pays étrangers. Ne serait-il plus facile de promouvoir l'exploitation "terrestre" de Start au lieu de financer la préparation des lancements depuis la haute mer? Il est peu probable que les projets d'effectuer des dizaines voire des centaines de lancements par an voient le jour. Les économistes ont toujours surestimé les éventuelles recettes des projets spatiaux prometteurs.

A propos, on avait étudié la possibilité de lancer les fusées-porteuses Start depuis le site spatial de Woomera, en Australie avant d'envisager les tirs depuis la plate-forme flottante San Marco. Les lancements depuis ces sites spatiaux ont un seul avantage: leur position géographique permet de profiter de la force de rotation de la Terre pour augmenter le poids de la charge utile transportée par la fusée. En revanche, une partie non négligeable des recettes de lancement reviendra aux propriétaires du cosmodrome. Il faudra en outre financer le transport du lanceur à des milliers de kilomètres vers le pas de tir. Les partenaires russes - pourtant les acteurs principaux du nouveau spectacle spatial, figureront-ils encore parmi les derniers à faire "la queue à la caisse" tout comme dans le cas de Sea Launch?

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