Les Palestiniens et les Israéliens, partenaires dans la lutte contre la terreur

S'abonner

TEL-AVIV, 31 octobre (Marianna Belenkaia, commentatrice politique de RIA Novosti). "Les pourparlers à Jérusalem et à Ramallah m'ont donné l'impression que la Russie, l'Autorité palestinienne et Israël sont des alliés dans la lutte contre le terrorisme".

Cette conclusion inattendue à bien des égards a été formulée devant les journalistes par le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov.

Elle était inattendue, notamment parce qu'elle a été prononcée le jour où un nouvel acte terroriste était perpétré en Israël par une Palestinienne-kamikaze. De plus, personne, surtout ces derniers temps, n'a considéré les Israéliens et les Palestiniens comme des partenaires dans la lutte contre le terrorisme.

Et n'y a rien d'étonnant à cela. Cependant, le partenariat entre les dirigeants de l'Autorité palestinienne et d'Israël dans la lutte contre le terrorisme est naturel et logique. Car les actes terroristes commis par les terroristes palestiniens en Israël causent aux Palestiniens le même préjudice qu'aux Israéliens. Ce n'est pas par hasard que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas parle constamment du désarmement des formations armées palestiniennes et de l'arrêt de la terreur contre les Israéliens. Quant à l'application de cette politique, on constate qu'elle n'est pas encore couronnée de succès.

Les Palestiniens affirment que leurs services secrets sont insuffisamment équipés par rapport aux nombreuses formations armées palestiniennes. Le rapport des forces est inégal. Cependant, "pour des considérations de sécurité", Israël s'oppose à la fourniture aux services secrets palestiniens des équipements et des armements nécessaires.

Le problème proche-oriental se présente apparemment comme suit: tous les participants au conflit régional et les médiateurs visent à atteindre le même objectif: la sécurité. Puisque chacun s'inspire de ses propres intérêts, l'objectif est le même, mais les moyens de l'atteindre sont différents. Pourtant, Israël, ses voisins arabes et les médiateurs (la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne) ont un ennemi commun, le terrorisme, qui se fonde sur l'islam radical.

Cependant, les revendications territoriales, les vieux griefs réciproques et les problèmes en suspens hérités du passé cachent le fait que la ligne de front passe non pas entre Israël et les Arabes, mais entre les terroristes et les personnes normales. Le malheur du Proche-Orient réside dans le fait qu'au lieu de conjuguer les efforts dans la lutte contre le terrorisme, on met l'accent sur les vieux conflits, ce qui empêche de progresser. Néanmoins, des tentatives sont faites pour surmonter l'hostilité.

Ce n'est pas par hasard que ce ne sont pas les négociations palestino-israéliennes qui se trouvent à l'ordre du jour régional, comme c'était le cas ces dernières années, mais le règlement multilatéral des problèmes d'Israël avec les pays arabes. Israël a pour objectif d'établir des rapports de partenariat avec d'autres Etats dans l'agriculture, l'irrigation, la recherche, la culture et l'économie. Des tentatives ont déjà eu lieu au milieu des années 1990, lorsque le règlement du conflit proche-oriental était devenu possible après la signature, en 1993, de l'accord entre Israël et l'Organisation de Libération de la Palestine sur la reconnaissance mutuelle. A cette époque, Israël a engagé le dialogue avec plusieurs pays arabes, un accord de paix a été conclu avec la Jordanie, les rapports économiques ont été établis avec certains Etats du golfe Persique, on a essayé de régler les problèmes territoriaux avec la Syrie et le Liban.

Cette dernière tentative a échoué, Israël et les médiateurs ont alors concentré leurs efforts sur le règlement du conflit palestino-israélien. Mais l'échec des négociations à ce sujet en 2000 et cinq années de confrontation nouvelle entre Palestiniens et Israéliens ont réduit à néant les succès infimes enregistrés par Israël dans les rapports avec les pays arabes.

A présent, Israël a l'intention d'engager le dialogue avec le monde arabe.

Une des raisons de ce tournant dans la politique étrangère d'Israël est la situation précaire du premier ministre Ariel Sharon. Bien qu'il ait mis en œuvre son plan de retrait des colonies juives du secteur de Gaza et d'une partie de la Cisjordanie, ce qui a suscité des réactions différentes dans la société israélienne et, l'essentiel, au sein de l'establishment israélien, il ne peut pas accepter de compromis dans le règlement du problème palestinien. Si bien que ce volet piétine. Les médiateurs pour le règlement proche-oriental comprennent que la situation d'Ariel Sharon est difficile. La Russie est prête à concentrer son attention, à la rencontre internationale des experts sur le Proche-Orient qu'elle propose de convoquer, sur l'établissement du dialogue entre Israël et les pays arabes dans tous les domaines possibles et à inviter à cette rencontre toutes les parties intéressées. C'est devenu surtout indispensable après le rappel par le nouveau président iranien Mahmoud Ahmadinejad des préceptes de l'Imam Khomeini invitant à rayer Israël de la carte du monde. Ce rappel a retenti au moment où Serguei Lavrov se trouvait en Israël.

Certes, le problème palestinien ne sera pas oublié. Les diplomates russes et leurs collègues du "quartette" de médiateurs qualifient de dangereuse la stagnation observée dans ce domaine. Compte tenu de la situation précaire d'Ariel Sharon, ils disent que, puisque le gouvernement israélien ne peut pas prendre aujourd'hui l'initiative d'entrer en pourparlers avec les Palestiniens, les médiateurs doivent y suppléer. Mais le règlement est impossible sans les contacts directs entre les dirigeants d'Israël et de l'Autorité palestinienne. Se trouvant en visite au Proche-Orient, le ministre russe des Affaires étrangères a invité à rétablir ces contacts "dans les plus brefs délais". Tout le monde gagnera au partenariat entre les Palestiniens et les Israéliens. Mais, pour l'instant, ce partenariat demeure un rêve.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала