Revue de la presse russe du 6 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Les tentatives de restaurer l'empire remettront en doute l'existence de la Russie - expert

Exploiter le syndrome post-impérial est un moyen efficace d'obtenir un soutien politique. Le concept même d'empire en tant qu'Etat non démocratique mais puissant, étendant sa domination sur d'autres peuples, est un produit qui se vend comme des petits pains, écrit Egor Gaïdar, directeur de l'Institut de l'économie de la période de transition.

Les réformateurs russes des années 1990 se rendaient compte que le passage à l'économie de marché et l'adaptation à la nouvelle position du pays dans le monde, à l'existence de nouveaux Etats indépendants ne seraient pas faciles. Mais ils estimaient que la récession consécutive aux transformations une fois surmontée, avec la reprise économique et l'augmentation des revenus réels de la population, le rêve irréalisable de la restauration de l'empire laisserait la place aux soucis du bien-être. C'était une erreur.

L'expérience prouve qu'en période de crise économique profonde liée à l'adaptation aux nouvelles réalités, la majorité des gens n'ont pas l'humeur à penser à la grandeur impériale. Lorsque les conditions de vie commencent à s'améliorer et à se stabiliser, il est aisé de disserter sur la façon dont les ennemis ont morcelé la grande puissance et sur ce qu'on doit faire pour leur montrer qui est le maître à bord.

Les appels aux symboles impériaux de l'ancienne grandeur est un moyen puissant de gestion du processus politique. Plus la propagande officielle russe produit d'efforts pour dépeindre la guerre dans le déclenchement de laquelle Joseph Staline a joué un rôle considérable comme une suite d'événements qui ont conduit à la Victoire inévitable, et plus vite s'efface le souvenir des répressions staliniennes.

Le nombre des sondés portant un jugement favorable sur le rôle de Staline a augmenté en passant de 19% à 53% au cours de la période 1998-2003. A la question "si Staline avait été vivant et avait brigué le poste de président de la Russie, auriez-vous voté pour lui?" 26% à 27% des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative.

Chercher à faire de nouveau de la Russie un empire c'est remettre en doute son existence. La vérité sur le système des causes et des mécanismes qui ont provoqué l'éclatement de l'URSS n'a pas été dite. La légende de la puissance forte et prospère détruite par les ennemis étrangers est un mythe dangereux pour l'avenir du pays. Il ne faut pas répéter les erreurs commises par les sociaux-démocrates allemands dans les années 1920. Dans un monde dans lequel l'arme nucléaire existe, le prix de ces erreurs est trop élevé.

Vrémia novostéi

Un candidat déjà écarté de la présidentielle de 2008

L'affaiblissement critique des positions du vice-premier ministre et ministre de la Défense, Serguéi Ivanov, en tant que successeur éventuel du président en exercice est le principal, sinon unique résultat, de la campagne inédite de lutte contre le bizutage dans l'armée russe.

Comme institution politique, l'armée n'a pas changé depuis l'époque soviétique. Autant dire que la faute du ministre militaire réside moins dans le fait que les coutumes dans l'armée sont restées aussi sauvages qu'elles l'étaient auparavant que du fait qu'il a manqué de poids et de volonté politique pour réaliser enfin une réforme militaire et abandonner le principe du service militaire obligatoire qui s'est discrédité. D'autre part, Serguéi Ivanov est lui-même un otage de la lutte qui s'exacerbe entre les groupes au pouvoir pour le droit d'"élire leur homme" à la présidence du pays.

Parmi les deux successeurs éventuels de Poutine, les positions de Dmitri Medvedev avaient l'air, au début, préférables. Il était chargé de superviser les projets nationaux, mission avantageuse du point de vue de la publicité, tandis qu'Ivanov reste toujours assis sur la poudrière que continue d'être l'armée non réformée dont le corps des généraux démesurément pléthorique selon les critères mondiaux demeure hostile à la voie de développement choisie après l'éclatement de l'URSS.

Par-dessus le marché, Medvedev est successeur reconnu par un des groupes en lice, tandis qu'Ivanov ne semble appartenir à aucun groupe d'influence.

En ce qui concerne l'armée, rien n'y changera depuis le début de la campagne énergique anti-bizutage. La critique n'avait pas pour but d'entreprendre une action concrète pour redresser la situation. C'était une attaque banale d'une partie du pouvoir en place contre un éventuel concurrent politique redoutable.

On a du mal à imaginer que le président usera de son droit de renvoyer le ministre de la Défense qui est l'un de ses hommes les plus proches et qui, de surcroît, se fait régulièrement le porte-parole bénévole du ministère des Affaires étrangères pour annoncer les opinions les plus radicales de la direction russe sur différents événements internationaux. Pourtant, Poutine a maintenant peu de chance de faire d'Ivanov son successeur à la présidence.

Nezavissimaia gazeta

Des débouchés garantis pour les matières énergétiques russes

Au début de la nouvelle année, certains pays ont fait connaître leur intention de mettre au point et d'employer largement les sources d'énergie alternatives. Cependant, les experts estiment que, pour l'instant, la Russie n'a pas de raisons de s'inquiéter.

La Russie continue à assurer ses clients de son intention d'augmenter les exportations de pétrole et de gaz. "Nous accroîtrons les livraisons de matières énergétiques sur le marché mondial, pour alimenter, par la suite également, l'Europe et d'autres régions en matières énergétiques", a déclaré à Rome le ministre russe des Finances Alexei Koudrine.

Alexandre Arbatov, vice-président du conseil pour l'étude des forces productrices de l'Académie des sciences de Russie, a dit que "les déclarations des Etats-Unis et de l'Occident contiennent une part de bluff", en rappelant la campagne d'indépendance vis-à-vis des importations de pétrole lancée par le président Richard Nixon, campagne qui s'est avérée, en fin de compte, "économiquement inconsistante".

Selon Alexandre Arbatov, il est également peu probable que l'Amérique parvienne techniquement à l'horizon de 2025 à réduire de plus de 75% les achats du pétrole proche-oriental et à utiliser activement les sources d'énergie alternatives (les centrales thermiques force-chaleur écologiquement sans danger alimentées par la houille, l'énergie nucléaire inoffensive, l'énergie solaire et éolienne).

"Effectivement, les Etats-Unis ont un vaste programme qui coûte mille milliards de dollars et qui réserve une grande place à l'énergie fournie par l'hydrogène et à l'optimisation de la structure du combustible, mais cela ne signifie pas que les Américains réduiront considérablement la consommation de pétrole et de gaz. En ce qui concerne les pays européens, malgré les propos sur les programmes atomiques, ils continueront à consommer les matières énergétiques traditionnelles", estime Viktor Koudriavy, ancien vice-ministre des Combustibles et de l'Energie.

De l'avis des analystes, il convient de ne pas ignorer le puissant facteur qu'est la demande sans cesse croissante de l'Inde et de la Chine qui continueront à passer à la Russie des commandes importantes de matières énergétiques traditionnelles. D'ailleurs, à en juger par la tendance qui s'est esquissée, leur demande augmentera au fil des années, c'est pourquoi Moscou pourra compenser la réduction des livraisons aux pays occidentaux.

Izvestia

La Russie prouvera au monde entier son honnêteté financière

La Russie est prête à tout faire pour prouver au monde entier l'honnêteté de son système bancaire. En avril 2007, le GAFI (groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux) entamera une vérification anti-blanchiment sans précédent des banques russes. Bien plus, pour complaire à la communauté mondiale, les autorités russes ont l'intention d'interdire aux banquiers d'acquérir des banques "suspectes" de certains pays.

Selon Viktor Melnikov, vice-directeur de la Banque centrale de Russie, le GAFI propose d'apporter des changements dans les documents bancaires "de façon à ce que chaque titre de paiement conserve l'information sur la personne qui a effectué le premier virement". De plus, le GAFI insiste sur le contrôle particulièrement rigoureux des comptes et des opérations bancaires des hommes politiques, par exemple, des ministres et des députés.

En fait, la Banque centrale effectue constamment les inspections des banques russes en mettant en évidence celles qui violent la législation sur le blanchiment. Si, en 2004, seules deux organisations de crédit ont été privées de leurs licences pour infractions à la législation sur la lutte contre le blanchiment de l'argent sale, en 2005, ce chiffre se montait à 14, a dit Viktor Melnikov.

Mikhail Soukhov, directeur du département pour les licences et l'assainissement financier de la Banque de Russie, a fait savoir aux journalistes à la fin de la semaine dernière que la BC prévoyait d'adopter prochainement un nouveau règlement sur l'achat par les banquiers russes de banques étrangères. Le changement principal consiste, selon lui, à interdire l'achat de filiales "suspectes" de banques dans les pays qui ne coopèrent pas avec la Russie et, par conséquent, avec le GAFI, dans la lutte contre le blanchiment de l'argent sale.

Cette volonté des autorités russes de complaire au GAFI s'explique probablement par leur désir ardent d'adhérer à l'OMC cette année. Il en a été de même durant quelques années, lorsque la Russie avait accepté les inspections interminables en aspirant à adhérer au GAFI, ce qui eut lieu, en fin de compte, en 2003.

Biznes

Le monopoliste russe veut atteindre chaque Européen

Gazprom redouble d'efforts en vue d'atteindre la totalité des consommateurs dans les pays importateurs de gaz russe. Pour ce faire le consortium entend mettre la main sur les réseaux de distribution en Europe et aussi étendre la sphère d'activité des entreprises conjointes de distribution de gros qu'il gère avec les partenaires européens. Le principal gain procuré par les achats d'actifs de détail est la prise de contrôle du marché d'écoulement.

Aujourd'hui Gazprom possède des parts dans les sociétés de distribution de gaz dans près d'une vingtaine de pays européens. "Les livraisons de gaz sont réalisées par la compagnie Gazexport, une filiale à 100% du monopoliste, qui passe des contrats avec les entreprises conjointes qui, elles, vendent le combustible dans un pays déterminé", dit Alexandre Pougovkine, analyste de la société de courtage Brokerkreditservis, pour expliquer le mécanisme.

La vente au détail du gaz est réalisée soit par les entreprises conjointes, soit par d'importants acteurs locaux, sans l'intervention directe de Gazprom ou de Gazexport. Le prix du gaz vendu par Gazprom aux propriétaires des réseaux de distribution est sensiblement plus bas que celui du gaz proposé par ces derniers aux consommateurs (selon des chiffres fournis par Gazprom, au cours des neuf premiers mois de 2005 le prix du gaz exporté en Europe continentale était de 180,8 dollars les 1.000 mètres cubes pour un prix de vente au détail de 230-250 dollars). Signalons qu'une bonne partie des recettes supplémentaires des détaillants est utilisée pour entretenir les réseaux.

"Pour une compagnie il est primordial que le contrôle exercé sur les consommateurs lui garantisse un écoulement", souligne le directeur du département d'analyse de Brokerkreditservis, Maksime Cheïne. C'est particulièrement important en raison de l'essor rapide pris par le marché du gaz naturel liquéfié (GNL), qui peut être livré indépendamment de l'existence ou non de gazoducs d'exportation.

Pour ce qui est de l'avenir, on envisage des livraisons aux Etats-Unis de GNL en provenance du gisement de Shtokman ou de Sakhaline 2. Il serait aussi possible d'utiliser la logistique de transport existante, par exemple depuis le Canada. Toutefois, Konstantin Gouliaev, analyste du groupe Reguion, souligne que Gazprom aura beaucoup de mal a investir ce marché prometteur: à la différence de l'Europe, dépendante à 25% du gaz russe, les Etats-Unis disposent de suffisamment de fournisseurs.

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