Revue de la presse russe du 14 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta

Les autorités étouffent le scandale d'espionnage en prévision du sommet du G8

Tout porte à croire que le Kremlin a décidé d'adoucir, en prévision du sommet du G8, le retentissement négatif qu'a eu en Occident l'adoption de la loi sur les ONG.

La veille, le président du Conseil de la Fédération, Serguéi Mironov, a invité dans ses bureaux les chefs de certaines ONG pour leur expliquer qu'il avait analysé récemment avec les responsables du FSB les éventuelles conséquences de l'affaire d'espionnage et leur a promis de contrôler l'application de la fameuse loi et, au besoin, de "mettre en mouvement des procédures d'amendement". Enfin le chef de la chambre haute du parlement leur a promis de soutenir "toutes les initiatives tendant à accorder aux ONG un régime de faveur".

Le numéro un de la chambre haute n'a pas été le seul à proposer d'apporter une aide aux organisations non commerciales. Une initiative analogue est venue des députés de la Douma, chambre basse du parlement, concrètement du chef du comité de la sécurité, Vladimir Vassiliev. Cette rencontre n'a pas eu lieu au siège du parlement mais là où les leaders des ONG, effrayés par l'espionite des fonctionnaires, se sentent relativement à l'aise : dans le bureau de l'ombudsman Vladimir Loukine.

"C'est curieux, on m'a invitée le même jour chez Loukine et chez Mironov. Il paraît que les dirigeants se préparent au sommet du G8 et tentent d'atténuer la réaction négative provoquée en Occident par l'adoption de la loi sur les ONG", a dit Mme Lioudmila Alexeeva, responsable du Groupe d'Helsinki de Moscou. A ses dires, les députés ont demandé aux ONG de ne pas attiser le scandale d'espionnage et ont promis, tout comme Mironov, de revoir la loi sur les organisations non gouvernementales.

"Le Kremlin veut garder ses leviers d'influence sur les organisations non gouvernementales et a initié à cet effet plusieurs rencontres de réconciliation", a déclaré le directeur général de l'Agence des communications politiques et économiques, Dmitri Orlov. De l'avis de l'expert, des membres des deux chambres du parlement ont été choisis pour jouer ce rôle parce qu'ils "évoluent sur une orbite très éloignée du centre de prise des décisions et le Kremlin ne sera pas responsable des promesses que les parlementaires pourront donner aux leaders des ONG".

L'administration du président a programmé pour mercredi une rencontre avec les représentants des organisations caritatives. On peut imaginer qu'elles vont se voir promettre, elles aussi, un régime de faveur. De toute façon avant la réunion du G8 à Saint-Pétersbourg, en juillet prochain.

Nezavissimaïa gazeta

La britannique Centrica veut s'offrir une part des pipe-lines d'exportation russes

Les initiatives énergétiques à long terme du G8 se sont réalisées d'une façon inopinée. Le ministre russe des Finances, Alexéi Koudrine, n'avait pas achevé sa phrase sur l'accès égal aux "canalisations d'exportation" que la plus grande compagnie de distribution de gaz britannique, Centrica, annonçait son intention d'acheter une part dans les pipe-lines d'exportation russes. Son attaché de presse a déclaré que, la semaine dernière, Centrica avait obtenu une participation dans certains réseaux aux Pays-Bas et s'apprêtait maintenant à étudier la possibilité de faire une acquisition analogue en Russie.

"Si cela se produit, les investisseurs bougeront et nous aurons un afflux considérable de capitaux dans la branche. A l'heure actuelle Sourgoutneftegaz, Lukoil et d'autres producteurs de gaz sont obligés de vendre leur combustible bleu à Gazprom à son prix de revient de 20 ou 30 dollars les 1000 m3", affirme un analyste de la société d'investissement Solid, Denis Borissov.

Le spécialiste est cependant sceptique face à l'initiative de la société britannique. "Gazprom ne cédera pas comme ça ses réseaux de transport de gaz. On ne sait pas encore qui est le plus fort, les libéraux qui préconisent l'égalité de l'accès ou l'équipe de Miller", prévient l'expert.

Le service de presse de Gazprom a déclaré que le géant gazier n'admet pas de participation étrangère dans ses gazoducs. "L'accès égal aux livraisons de gaz et à l'acquisition de gazoducs, ce n'est pas la même chose", a dit le porte-parole du holding gazier.

Cependant, l'accès égal aux réseaux de transport peut, tout seul, activer l'affluence de sociétés étrangères en Russie. Selon Denis Borissov, c'est la production de gaz qui les intéresse le plus, mais sans garanties de pouvoir vendre du gaz à l'étranger, ils ne viendront pas dans le pays.

A noter que les représentants de Gazprom avaient évoqué la possibilité de l'acquisition de Centrica. Ce qui avait eu un grand retentissement en Angleterre. Peut-être la dernière déclaration de la société britannique est-elle sa manière de refuser d'être vendue au monopoliste russe, estime l'analyste de la société d'investissement Finam Timour Khaïroulline.

Kommersant

Des aumôniers en uniforme bientôt dans les régiments

Le Parquet militaire général a soumis au ministère de la Défense un projet de loi sur les aumôniers de régiments proposant de les incorporer dans l'armée et de les promouvoir à un grade militaire. De l'avis des auteurs du document, cela permettra de renforcer la discipline, d'élever le niveau de patriotisme et de résoudre le problème du bizutage. Ses contradicteurs rappellent que l'incorporation de prêtres contredit la Constitution et craignent qu'elle ne provoque la haine interconfessionnelle.

Actuellement les différentes confessions sont représentées dans l'armée à titre de fonction sociale. Selon les données de l'Eglise orthodoxe, elle a deux milliers de prêtres dans les forces armées. D'après les prévisions, l'armée a besoin de cinq milliers d'aumôniers.

Le projet de loi ne précise pas le mécanisme du service religieux dans l'armée. Les responsables du ministère de la Défense ont expliqué que les militaires envisageaient par exemple la possibilité d'organiser le corps des ministres du culte à la manière américaine. "Aux Etats-Unis, dans chaque corps de troupe, il y a un aumônier pour toutes les confessions", a dit le porte-parole du ministère.

Le coprésident du Conseil des muftis de Russie, Nafigulla Achirov, trouve absurde l'idée d'un prêtre collectif : "Ce n'est acceptable pour aucune des confessions. Un seul homme ne peut représenter plus d'une confession, car il n'accepte pas les dogmes des autres religions".

Le chef adjoint du comité de la défense de la Douma, Alexéi Sigoutkine, voit le danger de l'institution des aumôniers du régiment dans le renforcement de la haine interconfessionnelle : "Il est évident qu'une confession sera prioritaire, l'Eglise orthodoxe, vu le pourcentage d'orthodoxes dans les forces armées". Le député estime que "l'Eglise sera tentée d'attirer dans son giron des militaires contre leur volonté".

Ces craintes sont partagées par Nafigulla Achirov : "L'institution des aumôniers risque de désorganiser les forces armées. L'armée doit rester en dehors de la politique et de la concurrence religieuse".

Les responsables du ministère de la Défense sont d'accord avec l'idée de la présence de ministres du culte dans l'armée mais doutent de l'utilité de leur incorporation dans les effectifs des troupes. "D'après la Constitution, l'Etat est chez nous séparé de l'Eglise", a rappelé le porte-parole du ministère militaire.

Novye izvestia

Les Russes sont de plus en plus nombreux à craindre la justice

En 2005, le nombre de Russes s'étant dérobés à une convocation de la justice a brusquement augmenté (de 23%), a déclaré lundi le Service fédéral des huissiers. Selon les sociologues, une personne sur trois estime que les juges et le parquet sont les principales sources de la corruption dans le pays. Quant aux militants des droits de l'homme, ils sont persuadés que cette attitude hostile à l'égard des juges est due à l'inapplication de leurs décisions.

D'après une enquête réalisée par le Fonds Obchtchestvennoe mnenie (Opinion publique), pour le niveau de la corruption les Russes classent les juges et le parquet en troisième position juste après la police et l'Inspection routière (32% des personnes interrogées fin décembre 2005). Selon le Centre Levada, 73% des Russes craignent sérieusement qu'eux-mêmes et leurs proches soient un jour les victimes d'actions illégales de juges et des organes de maintien de l'ordre.

"Les gens ne sont pas habitués à respecter les juges, dit Youri Levada, ils ont des doutes quant à leur objectivité et pensent même qu'ils travaillent sur instruction soit du pouvoir, soit de ceux qui les ont payés, vulgairement parlant".

Les huissiers qui n' hésitent pas à investir les bureaux de banques et de sociétés pétrolières mais qui n'entreprennent rien pour faire appliquer des décisions de justice au profit des simples gens sont eux aussi à l'origine de cette perte de confiance. D'après les experts, pour certains types d'affaires le taux d'inapplication des décisions atteint 80-90%. Il est arrivé que des décisions soient restées inappliquées pendant 4-5 ans.

"Ces derniers temps on entend beaucoup trop souvent les gens dire qu'il est plus simple de trouver assistance auprès des bandits que de faire valoir ses droits devant la justice", dit le président de l'Union des organisations de défense des droits de l'homme de la région Sverdlovskaïa, Vladimir Popov.

Gazeta.ru

Le CIO menace la Russie de disqualification

La Comité international olympique (CIO) a exigé du partenaire général de la sélection russe, la compagnie Bosco, qu'il mette un terme à sa publicité agressive illicite. Bosco a également été préjudiciable aux sportifs russes à qui on a remis un uniforme incommode. Le CIO a même agité la menace d'une disqualification des Russes. Au demeurant, le staff de la sélection olympique russe a annoncé que l'on "espère régler la question à l'amiable avec le CIO sans en arriver aux sanctions".

L'équipementier officiel de la sélection olympique a joué un mauvais tour aux Russes dès avant le début de l'Olympiade en distribuant aux sportifs des chaussures très inconfortables, dans lesquelles "on ne sent plus ses pieds" après une ou deux heures de marche, ont annoncé des sélectionnés dans trois disciplines. Certains sportifs se plaignent même de souffrir d'ampoules sanglantes. Encore à Moscou les athlètes russes avaient été prévenus qu'il leur était interdit de renoncer aux chaussures en question et même de les critiquer. "Nous avions été mis en garde que ces deux infractions seraient passibles d'une lourde amende", a dit un sportif qui a requis l'anonymat.

En veillant au respect rigoureux des clauses d'un contrat avantageux pour eux, les représentants du partenaire général de l'équipe de Russie violent grossièrement le règlement du CIO du moment que seuls les partenaires officiels du CIO et du Comité d'organisation local sont habilités à lancer des campagnes publicitaires pendant l'Olympiade. Bosco n'en est pas un, mais cela ne l'empêche pas de mener à Turin une politique publicitaire agressive: le Village olympique est littéralement constellé d'affiches et de calicots frappés du logo de cette compagnie.

Bosco ne se hâte pas de suivre l'appel du président d'honneur du Comité national olympique de Russie et membre du CIO, Vitali Smirnov, à "mettre un terme d'urgence à son activité dans les sites olympiques de Turin et au Village olympique". Si bien que les organisateurs des Jeux sont obligés de décrocher eux-mêmes les publicités illégales.

Quant aux sportifs russes, avant de se rendre à la cérémonie de remise des médailles, ils sont contraints de masquer à coup de sparadrap le logotype du sponsor qui orne leur tenue.

Le groupe Bosco di Ciliegi a été fondé en 1991, il est l'un des leaders de la vente au détail de produits de luxe en Russie. Il a été l'équipementier officiel de la sélection russe aux Jeux Olympiques de Salt Lake City (2002) d'Athènes (2004) et de Turin (2006).

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