Revue de la presse russe du 7 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

La Russie veut réintégrer le club des puissances mondiales - expert

Les raisons du mécontentement provoqué en Occident par l'accueil réservé à Moscou aux islamistes radicaux sont transparentes : nul n'a besoin d'un nouvel acteur dans le règlement au Proche-Orient. La Russie s'efforce de réintégrer le club des grandes puissances qui règlent les problèmes les plus importants de la politique mondiale. D'où les accusations de visées impériales et les histoires sur l'"ours rouge" qui vient de se réveiller et menace le monde entier avec la matraque pétrogazière et, par-dessus le marché, veut jouer le rôle de médiateur dans le règlement entre Palestiniens et Israéliens, écrit le directeur général du Centre de conjoncture politique, Konstantin Simonov.

On exhorte la Russie à être prévisible, autrement dit à renoncer à ses ambitions politiques. On a pris l'habitude de considérer la Russie comme un Etat de second plan, si bien que ses tentatives de reprendre son rôle statutaire dans la politique mondiale irritent certains Etats.

Les démarches politiques extérieures de la Russie semblent souvent mal calculées. Elles traduisent davantage le désir de se signaler qu'une ligne politique réfléchie. Après l'attaque gazière contre l'Ukraine, la Russie a en fait rebroussé chemin. Elle ne sait pas comment se comporter à l'égard de la Géorgie. Elle n'a pas de politique concrète en Asie centrale. Elle ne comprend apparemment pas ce qu'elle doit faire après la visite de la délégation du Hamas à Moscou, visite qui ne pouvait pas changer sensiblement la position de la partie palestinienne. Elle ne sait pas comment se comporter à l'égard de l'Iran.

On n'a pas de réponse à la question de savoir pourquoi, en menaçant l'Europe d'une pénurie de ressources énergétiques, Moscou ne fait pratiquement rien pour s'adjuger une niche plus ou moins importante sur les marchés asiatiques. Cela promet pourtant un argument supplémentaire dans les discussions avec l'Europe qui ne cesse de menacer la Russie avec son projet Nabucco (gazoduc allant d'Iran en Autriche et en Allemagne) et d'autres "tigres de papier". En attendant, tous les projets asiatiques de la Russie ont l'air tout aussi illusoire.

Tout porte à croire que l'essentiel est d'engager une bagarre pour inventer ensuite un moyen d'en tirer profit. Cette tactique peut aider la Russie à se débarrasser du complexe du perdant, mais elle est incapable de rétablir son statut de superpuissance.

Kommersant

La Transnistrie, monnaie de change dans le jeu politique de l'Ukraine

Les élections législatives qui approchent et le désir de s'offrir le soutien de Chisinau pour adhérer à l'OMC ont joué leur rôle dans la prise de la décision surprise de Kiev de revoir sa politique à l'égard de la république non reconnue de Transnistrie.

Les autorités "oranges" de l'Ukraine ont fermé leur frontière aux marchandises transnistriennes et refusé d'ouvrir des bureaux de vote sur le territoire de la Transnistrie pour les 70 000 électeurs ukrainiens qui résident dans la république non-reconnue. Kiev n'a pas pardonné à Tiraspol le score de 93% des suffrages réalisé en Transnistrie par Viktor Ianoukovitch, principal concurrent de l'actuel président Viktor Iouchtchenko, lors de la présidentielle de 2004.

Rien d'étonnant donc à ce que l'introduction de nouvelles règles à la frontière ukrainienne ait coïncidé avec les négociations ukraino-américaines à Washington qui doivent s'achever par la signature d'un procès verbal sur l'accès réciproque des marchés des produits et des services, document qui lèvera l'un des derniers obstacles barrant à Kiev la route de l'OMC.

Selon une source au ministère russe des Affaires étrangères, la décision surprise des autorités ukrainiennes a été prise sous la pression de Bruxelles. "Tout porte à croire que l'Union européenne a fait aux Ukrainiens une proposition qu'ils ne pouvaient pas refuser, a dit le diplomate. La mission européenne de monitorage, qui a travaillé plusieurs mois à la frontière ukraino-transnistrienne, aura sans doute recueilli des informations intéressantes, mais désagréables pour les autorités ukrainiennes à la lumière des législatives qui auront lieu dans le courant du mois". L'OMC aussi a pu être un objet de marchandage, selon le diplomate : "Il est possible que ce soit le prix que Kiev a été obligé de payer pour obtenir l'accord de Chisinau" (qui est membre de l'OMC depuis 2001).

Moscou s'apprête à prendre le parti de Tiraspol. La Russie possède des leviers éprouvés de pression sur Chisinau et sur Kiev et peut annoncer sous peu de nouvelles mesures appelées à protéger son marché des marchandises moldaves et ukrainiennes.

Biznes

La Chine mécontente de la coopération énergétique avec la Russie

La veille de la visite en Chine du président Vladimir Poutine, les autorités de ce pays se sont plaintes une nouvelle fois qu'aucune décision n'avait été prise concernant la branche du pipeline russe Sibérie-Orientale-océan Pacifique devant rejoindre Daqing. Cependant, la Chine n'a pas d'alternatives à l'oléoduc russe. Elle devra attendre encore deux ans au minimum avant qu'une directive soit prise concernant la deuxième tranche du pipeline en question.

Au mois de décembre de l'année dernière la Chine avait tenté de convaincre la Russie d'adopter le projet qu'elle juge satisfaisant pour elle. A l'époque la société publique PetroChina avait déclaré qu'à partir de la fin de 2006 elle doublerait la capacité de ses raffineries de pétrole dans le nord-est du pays grâce au pipeline russe. Maintenant, dans l'attente de la visite que le président russe doit effectuer au mois de mars, par la voix du vice-président du Comité d'Etat chinois pour le développement et les réformes, Zhang Guobao, la Chine a rappelé ses attentes. "Jusqu'à ce jour nous ne disposons d'aucune information précise (sur la pose éventuelle de la branche du pipeline russe vers Daqing), nous estimons le processus d'ensemble insatisfaisant", s'est plaint le responsable chinois.

Lundi le Rostekhnadzor (Service fédéral de contrôle écologique) a enfin entériné les conclusions positives de la commission d'experts chargée du dossier d'opportunité du pipe-line. Toutefois, ce dossier concerne la première tranche du tube (Taïchet-Skovorodino, jusqu'en 2008), indique le vice-président de Transneft, Sergueï Grigoriev. Une décision sur le prolongement de la conduite jusqu'à la baie Perevoznaïa et, éventuellement, jusqu'à Daqing, ne sera prise qu'après une augmentation de la production en Sibérie orientale et, au plus tôt, après la construction de la première tranche du pipeline.

En attendant, la Chine a tort de s'inquiéter, ajoute Sergueï Grigoriev: une entente existe selon laquelle si les livraisons par pipeline étaient impossibles, elles se feraient via la baie Perevoznaïa. La Russie est le seul fournisseur de pétrole possible pour la Russie, souligne le vice-président de Transneft. Les spécialistes du marché sont d'accord avec lui. Les besoins grandissants de l'économie chinoise en pétrole contraignent la république à accroître le débit du réseau pipelinier, relève Anton Roubtsov, analyste de la société d'investissement Rye, Man & Gor Securities.

Présentement le brut arrive en Chine par un pipeline partant du Kazakhstan et qui achemine également des quantités substantielles de pétrole russe.

Novye Izvestia/Rossiiskaïa gazeta

L'Etat inclut le Centre de télévision sur la liste des entreprises stratégiques

Les experts jugent tout à fait logique la décision de Vladimir Poutine d'attribuer le statut de société anonyme stratégique au Centre de télévision Ostankino.

Le décret présidentiel s'articule sur la vente envisagée de Sviazinvest. Sans analogues en Russie, le Centre de télévision est relié aux émetteurs de la tour TV Ostankino et à beaucoup d'autres opérateurs diffusant des programmes de télévision câblée et satellitaire aussi bien en Russie que vers l'étranger. Les futurs propriétaires de Sviazinvest auraient pu influer sur le fonctionnement du centre de télévision.

Si l'Etat avait momentanément perdu le contrôle des programmes d'information formant l'opinion publique, l'impact exercé par les forces d'opposition se serait amplifié, assure le politologue Alexeï Makarkine.

"Si certains médias fédéraux étaient devenus indépendants du Kremlin, le pouvoir aurait été soumis à une certaine usure morale et la palette informationnelle aurait beaucoup gagné en diversité", déclare l'expert en ajoutant toutefois que les représentants du camp démocrate (Nemtsov, Khalamada, Iavlinski, Ryjkov) n'auraient certes pas remporté les élections, "mais la physionomie politique aurait été très différente".

"La télévision est inaccessible pour les opposants de poids et ouverte aux représentants de ce que l'on appelle l'élite, c'est pourquoi pour les instances dirigeantes elle est aussi importante que le pétrole et le gaz le sont", lui emboîte le pas la leader du parti Nach vybor (Notre choix), Irina Khakamada.

Au total, la liste des entreprises stratégiques comporte 518 entreprises publiques fédérales et 546 sociétés anonymes avec participation de l'Etat. Des modifications ne peuvent y être apportées qu'en vertu de décrets présidentiels spéciaux. L'année dernière Rosneft en a été exclu. Cette année le nom de Sviazinvest devrait y être biffé.

A propos, l'Agence fédérale des biens publics estime que par la suite le terme "startégiques" se rapportera non plus à des entreprises concrètes, mais à des technologies et savoir-faire protégés par l'Etat.

Gazeta

Aucun politique sérieux ne rejoindra la structure de l'ex-premier ministre - expert

Le mouvement d'opposition dirigé par l'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov se propose d'attirer dans ses rangs une partie considérable des militants régionaux de l'Union des forces de droite (SPS). Cela devrait se produire lors de la conférence constitutive du mouvement en avril prochain. La droite affirme qu'un exode massif est impossible et que seulement quelques membres pourraient changer de bannière dans cinq à sept régions.

L'ancien chef du gouvernement a plus d'une fois affirmé son attachement aux idées de centre droit et déclaré que son idéologie était très proche de celle du SPS. D'autre part, un financement insuffisant peut provoquer le mécontentement dans les sections régionales de la droite. L'euphorie des succès épars et insignifiants aux élections législatives régionales s'est dissipée sans apporter de dividendes au SPS au niveau fédéral. Se ranger sous la bannière de l'ex-premier ministre qui a annoncé son intention de se porter candidat à la présidentielle signifie pour certains membres du SPS une renaissance politique.

"Ils vont recueillir les outsiders du SPS qui ne peuvent pas compter sur un mandat dans les parlements régionaux ainsi que ceux qui ont affiché un radicalisme excessif et sont pour cette raison devenus inacceptables aux yeux des investisseurs politiques", affirme avec certitude le politologue Alexéi Makarkine, du Centre des technologies politiques.

Pour les hommes politiques sérieux, rallier le nouveau mouvement de Kassianov empêtré dans des scandales de corruption ne promet rien de bon. "Se porter candidat du mouvement d'opposition de l'ancien premier ministre n'est pas un atout dans une campagne électorale. Au contraire, cela revient à agiter un épouvantail", estime Alexéi Makarkine.

Le leader du SPS, Nikita Bélykh, a réagi avec modération au projet des partisans de l'ex-premier ministre en disgrâce. "Nous n'interdirons à personne d'adhérer à cette organisation parce que nous ne voyons là aucun danger pour notre parti. Notre but est de participer à la campagne électorale de 2007. Autant que je sache, M.Kassainov n'a pas ce désir".

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