Revue de la presse russe du 22 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Les Etats-Unis ont tort d'escompter un changement radical de parité nucléaire

Les experts du journal Foreign Affairs sont arrivés à la conclusion que les Etats-Unis deviennent invulnérables à une attaque nucléaire, même venant de la Russie ou de la Chine, et sont capables de détruire, dès la première frappe, leur potentiel nucléaire stratégique. Leurs collègues russes ne croient pas dans le rétablissement du monopole nucléaire des Etats-Unis des années 1940 et estiment que de tels écrits peuvent renforcer les positions des "faucons" dans les milieux dirigeants des pays dont Washington craint le rapprochement.

Il y a peu de chances qu'une telle rhétorique puisse effrayer les pays du fameux "axe du mal" : l'Iran, la Corée du Nord et autres parias de l'humanité. Les Etats-Unis possèdent une supériorité nucléaire évidente sur eux, ce qui ne leur procure cependant pas d'avantages politiques sensibles.

Ces propos visent plutôt la Russie et la Chine. Ce n'est pas un hasard si l'article "Croissance de la supériorité nucléaire des Etats-Unis" a été publié à la veille de la visite de Vladimir Poutine en Chine.

A quel point les espoirs des commentateurs du Foreign Affairs qui, d'ailleurs, citent la Maison-Blanche, sont-ils justifiés? D'après Evgueni Miasnikov, expert du centre d'étude des problèmes du désarmement auprès du Fonds international des technologies et des investissements, l'article crée l'impression fausse que les Etats-Unis disposent actuellement du potentiel nécessaire pour porter un coup "désarmant" à la Russie.

Il n'est pas certain que l'Amérique puisse compter sur une frappe préventive foudroyante réduisant toute possibilité de riposte. Moscou ne reste pas les bras croisés à attendre que ses missiles soient réformés. Au début de cette année Vladimir Poutine s'est venté d'avoir un nouveau supermissile indétectable par la DCA américaine.

Le ministre russe de la Défense, Serguéi Ivanov, qui vient de prendre le contrôle de la Commission militaro-industrielle, donc des commandes militaires publiques, s'est signalé récemment en publiant dans le Wall Street Journal un article dans lequel il a fait allusion à la coopération avec la Chine et à la protection des intérêts russes dans d'autres régions.

La menace de guerre nucléaire entre Etats est considérée depuis ces temps derniers comme purement virtuelle. Même si, décidé depuis longtemps, le rapport théorique entre les ogives permettant de parler de suprématie nucléaire a été atteint dans la vie réelle, ce résultat a été obtenu au moment où il avait cessé d'être d'actualité.

Gazeta.ru

Gazprom ne laissera pas TNK-BP exporter du gaz russe vers la Chine

Gazprom et China National Petroleum Corporation (CNPC) ont signé un mémorandum sur la fourniture à la Chine de 30 à 40 milliards de m3 de gaz naturel par an à partir de 2011. Ainsi que l'a déclaré le président Vladimir Poutine qui effectue actuellement une visite en Chine, il s'agit de livraisons de gaz aussi bien de Sibérie occidentale que de Sibérie orientale. Les analystes ne comprennent pas le sens de ce schéma compliqué.

En premier lieu la Russie projette d'assurer des livraisons de gaz des gisements de Sibérie occidentale, situés dans le District autonome des Nenets de Yamal, donc à une distance deux fois plus grande que celle annoncée (3 000 km) par la future canalisation préalablement baptisée Altaï. Ce projet est évalué à 10 milliards de dollars et la partie russe a l'intention de le financer seule, sans faire appel aux investisseurs chinois.

De l'avis de Poutine, les livraisons de gaz de Sibérie occidentale seront "plus faciles et plus rapides" que celles de gaz de Sibérie orientale, notamment du gisement de Kovykta (région d'Irkoutsk) dont la mise en valeur n'est pas prioritaire.

"Kovykta est beaucoup moins éloigné de la Chine et, à long terme, le projet de canalisation pour le gaz de Sibérie orientale est considérablement plus avantageux", réplique un analyste du groupe financier Ouralsib, Alexéi Kormchtchikov. Son collègue de la société d'investissement Aton, Dmitri Loukachov, ne comprend pas, lui non plus, pourquoi il serait plus payant de construire une canalisation deux fois plus longue que celle de Sibérie orientale.

Les quantités de gaz à livrer et le coût du projet suscitent également des questions chez les experts. "Les gisements de Sibérie occidentale sont exploités depuis longtemps, certains sont presque épuisés", estime Alexéi Kormchtchikov. Le projet de mise en valeur de Kovykta et de gazoduc reliant la Chine était évalué précédemment par les experts de la société russo-britannique TNK-BP à 14 milliards de dollars.

Un expert a expliqué, sous couvert d'anonymat, les motifs de la société publique : Gazprom ne veut pas que TNK-BP accède à la canalisation. D'où les déclarations sur la priorité du gaz de Sibérie occidentale.

Kommersant

Le CMTV s'attend à une explosion du tourisme en Russie

Le Conseil mondial du tourisme et des voyages (CMTV) a remis mardi au gouvernement russe et à l'Agence fédérale pour le tourisme un rapport annonçant que la Russie rejoindrait le groupe des grands pays touristiques d'ici à 2016. Selon les prévisions du CMTV, au cours de la décennie à venir l'industrie touristique se développera plus rapidement en Russie qu'à l'intérieur de l'Union européenne. De leur côté, les représentants de l'Agence fédérale russe pour le tourisme doutent que la branche puisse se développer aussi rapidement.

Après avoir évalué tous les aspects de la demande sans recourir aux standards sectoriels mais sur la base des indices macro-économiques, le CMTV l'a comparée avec les autres secteurs économiques de la Russie et à la situation dans l'ensemble de l'économie du pays. Les auteurs du rapport constatent que l'industrie touristique en Russie est certainement sous-estimée.

Le CMTV pense que pratiquement tous les indices du secteur touristique russe progresseront plus rapidement que dans l'UE. Au cours des dix années à venir la part du secteur russe du tourisme et des voyages dans le PIB progressera annuellement de 6,4% (de 3,1% dans l'UE). En 2016, le tourisme devrait entrer pour 9,1% dans le PIB russe. Les pronostics sont un peu moins optimistes en ce qui concerne la croissance de l'emploi dans la branche: le nombre d'emploi augmentera de 1,5% l'an tout comme dans l'UE (de 7,7% en 2016 contre 13% dans l'UE).

L'optimisme du CMTV rend perplexe le président de l'Union russe de l'industrie touristique, Sergueï Chpilko. Celui-ci a déclaré qu'en 2005 on avait enregistré un recul du tourisme en provenance de l'étranger (de 16% selon l'Agence russe des statistiques) et une baisse de 3,5% du tourisme hors-frontières. "Pour le moment on ne saurait évoquer un essor du tourisme", constate-t-il.

La directrice adjointe de l'Agence fédérale pour le tourisme, Natela Chenguelia, a déclaré que le rapport du CMTV était "intéressant et important pour nous et les investisseurs", mais que de nombreux chiffres figurant dans le document étaient pour elle sujets à caution. Par exemple, pour 2006 le Conseil estime à 7,8% la part du tourisme dans le PIB. "Pour l'Agence fédérale pour le tourisme, cette part est de 3,5-4%, rétorque-t-elle en qualifiant de "contradictoire" l'exposé des tendances dans le secteur.

Le Conseil mondial du tourisme et des voyages a son siège à Londres, il regroupe une centaine de grands transporteurs mondiaux, de chaînes hôtelières et d'agences de voyages.

Novye izvestia

Des fonctionnaires paralysent l'activité de collectifs de créateurs

Le théâtre Vakhtangov a récemment été contraint de lancer un appel d'offres factice avec le théâtre Tchékhov pour la célébration... de l'anniversaire de la fondation du premier nommé. Quant aux dirigeants des musées du Kremlin de Moscou (leur bicentenaire est célébré ces jours-ci) ils préfèrent ne dire à personne que ... la galerie Tretiakov avait fait acte de candidature pour la célébration de cette date. Quant au directeur général du théâtre-festival petersbourgeois Baltiiski dom, Sergueï Chouba, il s'est vu proposé par le Comité pour le développement économique de la ville de mettre trois élevages avicoles en concours pour savoir lequel d'entre eux fournira au meilleur prix le volatile impliqué dans un spectacle.

L'entrée en vigueur le 1er janvier de la loi "Du placement des commandes concernant la fourniture de marchandises, l'exécution de travaux et l'octroi de services pour les besoins des établissements publics et municipaux" a débouché sur cette situation absurde accompagnée d'une paperasserie envahissante. Désormais pour réaliser une dépense supérieure à 60.000 roubles toute organisation subventionnée par l'Etat doit lancer un appel d'offres.

Evidemment, quand il s'agit de placer une commande publique pour la mise en valeur d'un gisement, la conception d'un avion supersonique ou la construction d'une école, une telle approche s'impose, la mise en concurrence de plusieurs sous-traitants (si elle n'est pas fictive comme trop souvent) permet à l'Etat d'accepter la proposition la plus avantageuse. Mais quand il est question de la mise en scène d'une pièce ou du tournage d'un film?

Le nouvel ordre "de marché" offre donc maintenant à d'innombrables fonctionnaires la possibilité de "faire de l'argent" grâce à l'art.

Pour le cinéaste Igor Maslennikov c'est absurde. Il est ridicule de ramener la totalité de l'aide fédérale au cinéma au placement de commandes publiques. Cette tentative avait été faite en Union soviétique et elle n'avait rien donné.

Elena Levchina, rectrice de l'Institut des programmes innovateurs de recyclage des professionnels de la culture: la tenue de ces appels d'offres "fictifs" place les directeurs de théâtre dans une situation quasi-délictueuse. A tout moment le moindre contrôle peut entraîner l'annulation des appels d'offres et des poursuites contre ceux qui les ont lancés.

Gazeta

Dans trois ans la Russie se déclarera de nouveau en défaut de paiement - économiste

Des économistes russes qui, tout récemment encore, faisaient partie de l'équipe au pouvoir ont annoncé hier la fin de la période de croissance économique rapide.

La Russie ne peut plus augmenter les volumes physiques de ses exportations au rythme annuel de 9% à 10%, comme pendant la période 2001-2003, prévient l'académicien Abel Aganbe1guian. A son avis, les exportateurs verront leurs revenus diminuer et "ne pourront plus rembourser les 140 à 150 milliards de dollars de dettes extérieures contractées non seulement par l'Etat mais aussi par les sociétés publiques. Le pays devra se déclarer en défaut de paiement. Des temps difficiles nous attendent dans trois à cinq ans", a déclaré l'ex-recteur de l'Académie de l'économie nationale auprès du gouvernement de la Russie.

L'ex-conseiller économique du chef de l'Etat, Andréi Illarionov, ne voit pas de raison d'être optimiste, lui non plus. Les causes de la récession sont, à son avis, politiques, elles résident dans l'ingérence de la bureaucratie dans l'économie. "Il n'y a pas longtemps, avec le même équipement, notre industrie affichait 7% de croissance par an, mais aujourd'hui nous assistons à une baisse de la production", a-t-il déclaré. "Au lieu de renforcer les institutions de marché, l'Etat s'est mis à intimider les milieux d'affaires et a stoppé ainsi la locomotive de l'économie", renchérit l'ex-ministre de l'Economie Evgueni Yassine.

"Les hommes d'affaires doivent avoir des règles du jeu stables et compréhensibles mais au lieu de cela on les menace de griefs fiscaux arbitraires et, naturellement, ils empruntent moins, ce qui probablement est l'une des causes de l'inflation élevée", estime l'ex-premier ministre Egor Gaïdar.

"Le gouvernement ne peut contenir l'inflation qu'au prix d'une chute de la production", acquiesce Evgueni Yassine. D'autre part, de l'avis du directeur scientifique du Haut Collège d'Economie, l'Etat a suspendu la réforme des retraites, de la santé publique et de l'enseignement qui auraient pu conférer une impulsion nouvelle à la modernisation du pays.

"Nous ne sommes pas entrés dans l'époque de la libre entreprise mais dans celle du capitalisme monopoliste d'Etat. Le nouveau système économique peut s'avérer beaucoup plus solide que l'économie planifiée soviétique", a conclu Andréi Illarionov.

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