Revue de la presse russe du 30 mars

S'abonner

MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Iegor Gaïdar: L'Occident pousse la Russie et la Chine à une coopération balistico-nucléaire

Si quelqu'un voulait inciter la Russie et la Chine à se lancer dans une étroite coopération balistico-nucléaire axée contre les Etats-Unis, il aurait du mal à le faire avec autant d'habileté que les auteurs de l'article publié dans Foreign Affairs sous le titre "La montée de la suprématie nucléaire des Etats-Unis".

Dans le passage où il est écrit que les missiles de croisière lâchés par les bombardiers B-52 ne seraient probablement pas détectés par la défense antimissile russe, le terme "probablement" est admirable. On voudrait demander: si jamais cette supposition s'avérait fausse, à qui les experts expliqueraient-ils les causes de leur erreur?

Dans notre pays ils sont nombreux ceux qui partagent ces vues et sont persuadés que les Etats-Unis préparent une frappe nucléaire contre la Russie. Cependant, la publication de ces idées dans une revue sérieuse a fait l'effet d'une bombe. Même les journalistes et les analystes peu enclins à l'hystérie et à l'anti-américanisme l'ont perçue comme étant le reflet de la position des autorités américaines. Etant donné le black-out sur l'information en vigueur en Chine, il est plus difficile de connaître quelle a été la réaction des dirigeants de ce pays. Je crains cependant qu'elle soit identique.

La planification militaire soviétique reposait sur la conception dite de la contre-frappe. Les chances de voir cette doctrine revenir au goût du jour en Russie se sont accrues ces derniers jours.

Depuis quelques années beaucoup de collègues et moi-même avons mené une lutte difficile pour le maintien en Russie d'une politique financière cohérente dans le contexte de prix du pétrole élevés. Le Fonds de stabilisation en est un élément. Je crains que cette lutte ait échoué. Maintenant on devine aisément à quoi l'argent de ce fonds sera utilisé.

Le monde s'est heurté à un grave problème lié au programme nucléaire iranien. L'unité d'actions des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine est la prémisse clé permettant d'espérer que l'on parviendra à le régler. Dans cette situation la suspicion réciproque de préparation d'une frappe nucléaire n'est pas particulièrement annonciatrice d'une coopération dans ce domaine. Si je me trouvais à la place des dirigeants iraniens, je m'empresserais de gratifier généreusement les auteurs de l'article de Foreign Affairs.

Nezavissimaïa gazeta

L'audimat désignera le vainqueur du litige entre les prétendants au titre de dauphin du président

Le Kremlin étudie attentivement le classement au box-office des successeurs potentiels du président. Le directeur d'un service sociologique a confié qu'on lui avait passé commande d'études en la matière. Selon un de ses collègues, dans l'administration présidentielle on recourt aux chiffres fournis par plusieurs agences de sondage pour s'informer.

En attendant, on aurait tort d'absolutiser les chiffres donnés par les sociologues. Il y a seulement dix ans la population invitée à noter les politiques déclarait que les décisions des autorités étaient compréhensibles pour elle. A l'époque on n'avait pas encore appris à glisser les problèmes politiques sous le tapis. Mais aujourd'hui les Russes n'ont que la télévision pour pouvoir se faire une idée de ceux qui sont à la tête du pays et au Kremlin on en est parfaitement conscient. Voilà pourquoi ceux qui ont été désignés "prétendants" sont si fréquemment présents sur le petit écran.

Deux d'entre eux, le premier vice-premier ministre Dmitri Medvedev, et le vice-premier ministre et ministre de la Défense, Sergueï Ivanov, y sont omniprésents, fait remarquer le directeur de la fondation Opinion publique, Alexandre Oslon. Cependant, selon cette institution les scores audimat de ces deux prétendants sont plus que modestes tout simplement "parce que la forme et le contenu de leur discours ne suscitent aucun écho chez les gens", relève Alexandre Oslon.

En ce qui concerne le dauphin aucun choix définitif n'a été fait, souligne la directrice de l'Institut de politique appliquée, Olga Krychtanovskaïa. "Des gens nouveaux apparaissent, auxquels les téléspectateurs ne sont pas encore habitués. Par exemple, le directeur de l'appareil du gouvernement, Sergueï Narychkine. Cet homme lui aussi figure sur la liste", fait remarquer l'experte en ajoutant que l'on y trouve aussi le patron des RJD (Chemins de fer de Russie), Vladimir Iakounine, et le directeur de l'administration du Kremlin, Sergueï Sobianine. "C'est là un vieux procédé que celui de choisir un dauphin parmi quatre ou cinq personnes. Par conséquent maintenant ce qui importe c'est de suivre ceux que l'on commence à montrer à la télévision", dit la sociologue.

Biznes

Moody's optimiste sur les émetteurs publics russes

L'agence de notation Moody's, la première à attribuer à la Russie une note d'investissement, a également été la première à accorder la note A1 aux obligations d'un émetteur russe, la Banque pour le commerce extérieur (Vneshtorgbank), qui a placé des euro-obligations à trois ans libellées en roubles pour 300-500 millions de dollars. La même émission a reçu une note de l'agence Fitch, de trois degrés plus basse : BBB. Les analystes estiment que Moody's a une prédilection pour une nouvelle méthode de calcul qui permet d'attribuer des notes élevées aux titres des sociétés publiques.

"Les agences attribuent des notes plus élevées aux titres émis en monnaie nationale (la note de Moody's pour les euro-obligations ordinaires de Vneshtorgbank est A-2). On estime que la probabilité de remboursement par un émetteur russe de sa dette en roubles est plus élevée que la probabilité d'accomplissement de ses obligations en monnaie étrangère", explique un analyste de la société d'investissement Aton, Alexéi You.

On peut continuer à servir les comptes de la population et se déclarer en cessation de paiement sur les emprunts extérieurs et mettre en faillite la banque, préviennent les experts. "Je ne crois pas qu'en cas de défaut de paiement l'Etat donne de l'argent à Vneshtorgbank pour qu'elle puisse honorer ses obligations", affirme un analyste du groupe Renaissance Capital, Pavel Mamaï. Dans le cas de Vneshtorgbank la note ne reflète pas tout le risque de ses titres, acquiesce un expert de la société d'investissement Troïka -Dialogue, Alexandre Koudrine.

Les opérateurs du marché ne pensent pas que maintenant les notes d'une catégorie plus élevée soient également accessibles à d'autres émetteurs russes. Mikhaïl Galkine, de la banque d'investissement Trust soutient que la note A1 peut également être attribuée à la Banque d'Epargne. Pour d'autres emprunteurs, cette catégorie restera inaccessible, ajoute Pavel Mamaï.

Novyé Izvestia

Les industries stratégiques utiliseront des logiciels russes

Des députés de la Douma proposent d'interdire l'usage de logiciels étrangers dans les branches stratégiques et dans les ouvrages particulièrement sensibles. Les parlementaires suggèrent de remplacer les programmes étrangers par leurs analogues nationaux.

Actuellement, "95% des logiciels utilisés en Russie sont des produits étrangers dont les programmeurs russes ne possèdent pas les codes", affirme Guennadi Goudkov, membre du comité de la sécurité de la Douma et un des auteurs du projet d'amendements.

Selon un autre initiateur des amendements, le député Alexandre Khinchtein, "il ne s'agit pas de créer des produits analogues au système d'exploitation Microsoft, nous parlons de la création d'un système informatique unique, et le principal problème consiste à le rendre absolument inaccessible aux utilisateurs non autorisés".

De l'avis des législateurs, en cas de face-à-face armé, les logiciels pourraient être mis hors service par l'ennemi éventuel, ce qui signifierait la défaite militaire de la Russie.

L'un des fondateurs du secteur russe d'Internet, Anton Nossik, prévient que l'élaboration et les tests de produits informatiques requièrent des fonds énormes que la Russie n'a pas et n'aura pas dans un avenir prévisible. "Nous sommes déjà en retard d'une centaine d'années. Le temps de roder les nouveaux programmes, notre retard augmentera davantage. D'où une situation propice à la corruption et au lobbying car il faudra remplacer non seulement les logiciels mais aussi les ordinateurs parce que les processeurs sont également américains", explique Anton Nossik.

Pour assurer la sécurité, il suffit de découvrir et d'obturer les bouches d'accès aux systèmes existants, affirme l'expert. "Mais avec ça on ne pourra pas détourner des dizaines de milliers de dollars, c'est pourquoi les députés, au lieu de chercher les passes, proposent de modifier complètement le système informatique", conclut Anton Nossik.

Kommersant

ALROSA évincée de l'héritage yakoute de Ioukos

Les autorités de la Yakoutie ne veulent pas partager l'héritage de Ioukos avec ALROSA dont elles vont perdre le contrôle en raison de la reprise du monopoliste du diamant par le centre fédéral. Sakhatransneftegaz, dont le capital social appartient dans sa totalité au gouvernement régional, s'apprête à contester devant la cour d'arbitrage la récente acquisition par ALROSA de 50,38% des actions de Sakhaneftegaz, société contrôlée auparavant par la compagnie pétrolière de Mikhaïl Khodorkovski.

Il s'agit d'une tentative de priver ALROSA d'une partie de ses voix à l'assemblée extraordinaire de Sakhaneftegaz le 8 avril sous prétexte que le monopoliste du diamant n'a pas fait d'offre pour acheter une part de cette société par actions dépassant 30% de son capital social. Cela permettra aux opposants de faire entrer leurs candidats au conseil des directeurs de Sakhaneftegaz.

ALROSA rejette toutes les accusations de mépris des droits des actionnaires. Son conseiller Pavel Khokhlov explique la situation par "l'intention du management de Sakhaneftegaz et de Sakhatransneftegaz de dissimuler l'aliénation d'actifs de Sakhaneftegaz et de ses filiales".

Selon une source au parlement yakoute, l'entourage du président de la Yakoutie, Viatcheslav Chtyrov, ne veut pas qu'ALROSA participe au partage de l'héritage de Ioukos parce que cette société est en train de passer sous le contrôle du centre fédéral.

Jusqu'à présent, les autorités yakoutes ont salué en paroles la diversification de l'activité de la plus grande société de Yakoutie. Cependant, lorsqu'ALROSA est devenue actionnaire de Sakhaneftegaz, elle a commencé à avoir des problèmes. Par exemple, le 17 février, deux experts invités pour établir la situation financière de Sakhaneftegaz, ont été passés à tabac à Yakoutsk.

L'implication des autorités locales dans le conflit des actionnaires de Sakhaneftegaz a été en fait confirmée par le service de presse de Viatcheslav Chtyrov. "Naturellement, l'activité de Sakhatransneftegaz est contrôlée par le ministère de la gestion des biens publics de Yakoutie", a déclaré au Kommersant l'attaché de presse du président yakoute, Diouloustan Ivanov.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала