Le G8 à l'heure du bilan

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Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti

Le bilan de la première présidence russe du G8 et du sommet qui s'est tenu au Palais Konstantin, dans les environs de Saint-Pétersbourg, a été dressé par tous les huit participants. Le président de la rencontre, Vladimir Poutine, a affirmé pour sa part: "Tous les objectifs ont été atteints". Il ne s'agit pas seulement, notons-le, des objectifs de la Russie. Le président a parlé au nom de tous les huit membres du club des leaders mondiaux.

A toutes les évaluations faites ici on peut ajouter quelques observations. Premièrement, le G8 est, tout compte fait, un club où les leaders échangent leurs vues et s'efforcent de se comprendre, mais ne prennent jamais de décisions. Vu l'intérêt grandissant porté dans le monde aux rencontres annuelles, ils s'efforcent de faire des déclarations sur une multitude de thèmes différents. Cette fois aussi ils ont adopté une bonne dizaine de documents dont la valeur se ramène en premier lieu à exposer l'approche concertée des pays membres qui poursuivent souvent des objectifs différents.

Parmi ces documents, la déclaration sur le Liban donne le coup d'envoi des efforts internationaux en vue de régler le problème, et rien de plus. Le président Bush a déclaré de son côté au cours du sommet qu'il était prêt à "suivre Chirac", ce qui constitue un progrès parce que les positions des Etats-Unis et de la France sur le Proche-Orient, ne concordent guère.

La dissemblance est évidente entre les positions nationales des huit pays lorsqu'il s'agit des conflits dans l'espace postsoviétique : en Ossétie du Sud, en Transnistrie... Cependant, lorsque les huit leaders débattaient de ces conflits le jour suivant leur session animée sur le Liban, la simple confrontation des deux situations a suggéré à l'assistance des idées utiles et opportunes.

D'autres décisions du G8 ont plus de poids, celles dans lesquelles les huit pays exposent leur philosophie commune et prennent des engagements pour la mettre en �uvre. Ce sont, dans notre cas, les décisions portant sur l'énergie. Ainsi que l'a expliqué lors de la conférence de presse finale Vladimir Poutine, le G8 a pris conscience de l'avenir énergétique commun de l'humanité. Tous les huit gouvernements bâtiront leur politique en partant de ce fait. Idem pour l'enseignement, instrument de formation du marché global du travail.

Une autre observation : les réunions du G8 rappellent de moins en moins un club fermé et suggèrent l'idée que ses leaders sont en train de créer une organisation dont ils ne comprennent pas encore le sens. La tradition consistant à inviter aux sommets les leaders de pays aussi, voire plus influents que les huit (Chine, Inde), n'est pas une initiative de la Russie. La réunion finale de la dernière rencontre, à laquelle les invités étaient presque aussi nombreux que les chefs d'Etat du G8 lui-même, était impressionnante. La présence du secrétaire général de l'ONU est logique, surtout dans le contexte du débat sur l'Iran, le Liban et la Corée du Nord. Mais Kofi Annan n'était pas le seul fonctionnaire international de haut rang. Il avait à ses côtés le directeur de l'UNESCO, celui de l'AIEA...

Que peut devenir le G8, même s'il n'est jamais élargi? Peut-être un mécanisme de coopération de huit des plus grands pays du monde avec d'autres forces importantes et non moins influentes de la planète? Ou bien une sorte de pont entre le monde industrialisé et le monde en développement? La question reste ouverte.

A en juger par le comportement des journalistes s'affairant au centre de presse merveilleusement équipé, chaque pays a son G8. Certains attendent de lui un règlement des problèmes au Proche-Orient, d'autres comptent sur une lutte plus énergique contre la pauvreté. Il y a aussi la perception russe de ce club. Il se trouve que la Russie n'attend des sommets du G8 ni prestige, ni retombées. Elle a, par contre, besoin d'actions solidaires avec les sept autres membres sur les terrains où la coïncidence des intérêts est évidente.

Tout porte à croire que les autres membres du G8 ont à leur tour besoin de la Russie. Pour la même raison.

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