ONU: une criminelle impuissance

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Par Piotr Romanov, RIA Novosti

La nouvelle tragédie au Proche-Orient n'a fait que confirmer, une fois de plus, l'évident: l'Organisation des Nations Unies a vieilli, elle est malade et affaiblie, mais le plus grave est que sa faiblesse est criminelle pour le monde. Les discussions sur la nécessité de réformer l'ONU afin de lui conférer une nouvelle impulsion se poursuivent depuis longtemps, mais à ce jour rien de substantiel n'a été fait dans ce domaine. Le maximum que puisse faire cette organisation bureaucratisée à l'extrême, dont la mission principale consiste à maintenir la paix dans le monde, est de remplir médiocrement le rôle de la Croix-Rouge. Et rien de plus. Depuis longtemps déjà, l'ONU ne s'occupe sérieusement ni de la prévention des conflits ni de leur règlement. Elle ne fait qu'acheminer des aides humanitaires aux victimes des conflits dès que ces derniers sont désamorcés.

Il suffit de se rappeler la tragédie du Rwanda où des milliers de personnes ont péri à cause de la passivité des bureaucrates onusiens. J'ai récemment parcouru l'une des résolutions du CS de l'ONU sur le Rwanda, et plus précisément la résolution 912 du 21 avril 1994. Il y a longtemps que je n'avais vu de document aussi creux. Le CS de l'ONU y exprime, par exemple, sa profonde préoccupation face à l'incapacité des parties de parvenir à un accord de paix et se déclare "atterré" par les violences généralisées au Rwanda qui ont causé la mort de milliers de civils innocents. Ensuite, le CS de l'ONU se dit de nouveau préoccupé par la poursuite des hostilités au Rwanda, condamne la violence et exige son arrêt. Et enfin, dans cette même résolution, le CS de l'ONU "décide de garder constamment à l'étude la situation au Rwanda". Un point, c'est tout.

On pourrait aussi consulter d'autres résolutions portant sur des "points chauds". Tous ces documents sont tout aussi déclaratifs. Autrement dit, ils ne résolvent rien et laissent en fait les assassins tuer, et les violeurs - continuer de violer.

L'actuelle crise au Proche-Orient est un exemple classique de l'impuissance totale de l'ONU. Ainsi, la résolution du CS de l'ONU sur le désarmement des milices du Hezbollah est un exemple typique de semblant d'activité. En effet, la résolution charge le gouvernement libanais de désarmer les milices alors qu'en 2004, quand ce document a été adopté, il était parfaitement évident que l'influence du Hezbollah au Liban était telle qu'aucun pouvoir local n'était en mesure d'appliquer cette résolution.

Par la suite, le CS de l'ONU a observé imperturbablement les armes affluer au Liban des pays voisins à l'intention des milices du Hezbollah et dans des quantités telles que même aujourd'hui, après des bombardements intenses par Israël des positions du Hezbollah, celui-ci est toujours capable de tirer une centaine de roquettes par jour (!) contre le territoire d'Israël. Bref, l'actuelle guerre au Proche-Orient a éclaté pour ainsi dire non sans un "certain concours" de l'Organisation des Nations Unies. Et en premier lieu, naturellement, celui des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU.

D'autre part, il serait tout aussi juste de constater que, des décennies durant, le CS de l'ONU a été incapable de faire quoi que ce soit pour le peuple palestinien. Mais du moment que la communauté internationale ne peut rien faire pour déminer le Proche-Orient, que peut-elle reprocher aux Palestiniens et aux Israéliens? Ces derniers essaient de régler le conflit comme ils peuvent. C'est-à-dire les armes à la main.

Quoi qu'il en soit, le désarmement effectif du Hezbollah serait sans doute de loin plus utile que tout le battage fait autour de la "Feuille de route". Il était effectivement stérile de parler de la paix dans la région en observant tranquillement les roquettes arriver massivement au Liban.

Le désir de l'ONU d'arrêter l'actuelle effusion de sang au Proche-Orient est certes louable, et il faut le faire au plus vite. Néanmoins, dès aujourd'hui déjà, il faut non seulement résoudre la question de l'arrêt des bombardements par Israël, mais décider qui se chargera du désarmement du Hezbollah. Sinon, dans un certain temps, le conflit mal éteint ne manquera pas de reprendre de plus belle.

Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, n'a pas exclu que cette mission soit confiée à une force de stabilisation internationale qui reste à former et à déployer au Liban. Qui plus est, le Conseil de sécurité de l'ONU devra encore prendre une décision définitive sur ce point. On ignore pour le moment quand le Conseil de sécurité se réunira pour en décider. Selon les agences internationales, les Etats-Unis voudraient donner à Israël encore une semaine, pour lui permettre d'écraser le Hezbollah.

En d'autres termes, la machine bureaucratique de l'ONU tourne au ralenti, avec énormément de peine, sans garantie de solution positive et efficace. Ainsi, ceux qui sont aujourd'hui exposés aux bombardements et aux pilonnages au Proche-Orient ne peuvent qu'espérer un sort meilleur. Pour ce qui est des diplomates, ils sont toujours "profondément préoccupés", "atterrés" et "gardent constamment à l'étude la situation".

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