Revue de la presse russe du 10 novembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Moskovskié novosti

La Russie est redevenue un adversaire éventuel des Etats-Unis (expert)

On ne saurait affirmer a priori que les dirigeants russes n'aiment point les députés démocrates qui ont remporté les élections parlementaires aux Etats-Unis. Moscou et Washington s'entendaient bien sous le président Clinton. Mais la Russie n'est plus la même qu'à l'époque du précédent président démocrate en Amérique, écrit Viktor Kremeniouk, directeur adjoint de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'Académie des sciences de Russie.

L'irritation, de part et d'autre, commence à faire déborder le vase. Les "super-patriotes" russes accusent les Etats-Unis de tous les maux possibles. Et Washington leur rend la monnaie de leur pièce. C'est là un trait caractéristique des démocrates tout particulièrement.

Seules les bonnes relations personnelles entre Poutine et Bush parviennent actuellement à empêcher une explosion de l'irritation réciproque grandissante. Cependant, les positions de Bush se sont considérablement affaiblies. Sous la pression de l'opposition mécontente, il sera obligé de sacrifier nombre de ses amis. Il a commencé par renvoyer Rumsfeld, mais cela pourrait être bientôt le tour de "l'ami Vladimir", auquel le républicain Bush serait obligé de refuser son soutien pour faire plaisir au Congrès et aux électeurs.

Si cela se produisait, l'Amérique déverserait une critique torrentielle sur la Russie jusqu'à exiger son départ d'Ukraine et de Géorgie, à lui fermer la porte de l'OMC et à la chasser du G8. Ce serait le début de la mise en oeuvre de la politique de blocage de la Russie, capable de réduire à bien des égards nos perspectives à l'étranger.

Nos dirigeants au Kremlin ont-ils vraiment pensé que les Américains "digéreraient" sans mot dire l'abandon des réformes en Russie? Attention donc à ne pas s'induire en erreur! Pourquoi Moscou et Washington s'entendaient-ils à l'époque de Clinton? L'ancien président américain n'y était pour rien. C'est que la Russie prétendait alors au statut d'Etat démocratique. Durant les années 1990, elle a donné des espoirs de réformes économiques, de création d'institutions démocratiques tandis que les Américains avaient besoin que la Russie soit pour eux un partenaire important, puissant et prometteur.

Mais la Russie a commencé à s'écarter de cette ligne, ce qui est, naturellement, notre affaire intérieure. Maintenant, les Américains estiment qu'ils ont affaire à un régime imprévisible et dangereux parce qu'il ferme les robinets de gaz, se montre agressif et, de surcroît, pssède des armes nucléaires. Autrement dit, pour les Etats-Unis nous sommes redevenus un adversaire éventuel.

Kommersant

La Russie et l'Amérique plus que jamais prêtes à signer un accord sur l'OMC

Le 18 novembre, au sommet de l'APEC à Hanoi, George Bush et Vladimir Poutine pourraient annoncer l'achèvement des négociations bilatérales sur l'adhésion de la Russie à l'OMC. Cependant, cela ne lèvera pas tous les obstacles qui se tiennent devant Moscou: l'adhésion russe à l'OMC nécessite la confirmation de la conclusion des traités avec la Géorgie et la Moldavie et, pour qu'un nouveau régime commercial soit adopté sur le territoire des Etats-Unis, le Congrès doit encore annuler les restrictions toujours en vigueur à l'égard de la Russie.

Selon certaines sources dans l'administration présidentielle russe, les fonctionnaires proches de l'entourage de George Bush et de Vladimir Poutine seraient tombés d'accord sur la formule d'un règlement politique du problème. Une source au Département d'Etat américain bien informée sur les pourparlers en cours a déclaré jeudi que la question était, en principe, réglée. La thèse de l'achèvement des pourparlers a été implicitement confirmée le même jour, à Pékin, par le ministre russe du Développement économique et du Commerce Guerman Gref qui a expliqué qu'un "progrès important" avait été enregistré dans les négociations. Selon la version des sources russes, ces jours-ci, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se seraient entendus pour "se féliciter à Hanoi de l'achèvement des pourparlers".

Selon une information non officielle, il ne s'agirait que d'un accord politique, car les participants et organisateurs de la partie "commerciale" des négociations sur l'OMC seraient loin d'être aussi optimistes. Maxime Medvedkov, principal négociateur russe aux pourparlers sur l'OMC, se voulait prudent jeudi: "Je serai sûr du succès lorsque je mettrai le point final au dernier document à signer". Selon Alexeï Likhatchev, autre membre de la délégation russe, même la conclusion d'un accord avec les Etats-Unis ne signifierait pas que la voie serait libre pour l'adhésion de la Russie à l'OMC et que Moscou recevrait de l'organisation ce qu'il escompte.

Il est peu probable que le Congrès accorde à la Russie des avantages sur le marché américain après la signature du protocole bilatéral. Le parti démocrate qui le contrôlera à partir de janvier prochain occupe une position rigide sur l'adhésion russe à l'OMC. Le Congrès n'approuve pas les accords sur l'OMC, alors que de sa décision dépendent l'annulation de l'amendement Jackson-Vanik qui reste en vigueur à l'égard de la Russie et le vote pour l'adoption à l'égard de Moscou du régime des relations commerciales normales (PNTR). C'est justement ce régime commercial qui doit assurer à la Russie des avantages sur le marché américain après l'adhésion à l'OMC.

Biznes

BNP Paribas, premier investisseur dans un complexe pétrochimique au Tatarstan

Tatneft a annoncé le nom d'un premier investisseur pour le projet de complexe pétrochimique de Nijnekamsk. BNP Paribas déboursera l'année prochaine 200 millions de dollars au minium. Les banques occidentales ont les moyens d'accorder des crédits à des conditions plus avantageuses que les banques russes, constatent les experts.

BNP Paribas projette d'ouvrir un financement international du chantier du complexe de Nijnekamsk à la fin du troisième trimestre 2007, a annoncé jeudi le directeur général de Tatneft, Chafagat Takhaoutdinov. Le projet de complexe, composé de raffineries et d'usines pétrochimiques qui utiliseront du brut lourd du Tatarstan est estimé à 130,3 milliards de roubles (3,82 milliards d'euros). Une partie des ressources nécessaires a été accordée cette année par le Fonds d'investissement (Tatneft en avait demandé 1 milliard d'euros, mais seulement la moitié lui a été accordée).

Des appels de fonds seront faits au fur et à mesure que le projet avancera. D'ailleurs la compagnie tatare souhaiterait recevoir l'argent français avant le troisième trimestre 2007: initialement, il était envisagé que le crédit de BNP Paribas serait débloqué au début de 2007. Les dirigeants de Tatneft rencontreront le 14 novembre des responsables de Foster Wheeler France (conseiller international pour la gestion du projet) pour examiner le principe du financement du chantier, selon le directeur général de la compagnie tatare.

Tatneft n'a pas respecté les dates de publication des comptes établies selon les règles de comptabilité internationales. C'est également l'une des raisons pour lesquelles la compagnie a quitté la Bourse de New York (NYSE) cette année. "Tatneft projetait de présenter ses comptes 2005 au mois d'octobre dernier mais n'a de nouveau pu respecter les délais. Dès que les résultats financiers établis selon les règles internationales seront publiés, les fonds pourront être appelés plus rapidement", souligne un analyste de Rye, Man & Gor Securities, Konstantin Tcherepanov.

Tatneft a préféré demander un crédit à des banques étrangères. Evidemment, les banques occidentales ont les moyens d'accorder des crédits à des conditions plus avantageuses, souligne un analyste de VTB, Evgueni Kotchemazov. Objectivement, BNP Paribas a des potentialités financières beaucoup plus importantes que n'importe quelle banque russe. Sa capitalisation s'élève à 1.260 milliards d'euros, contre 100 milliards de dollars pour la Banque d'Epargne (Sberbank) qui est l'établissement de crédit russe le plus important, précise M. Kotchemazov.

Vedomosti

Sukhoi coûte plus cher qu'Irkut

Le futur géant aéronautique russe - la Corporation aéronautique unifiée (OAK) - pèsera 4,5 milliards de dollars. Près de la moitié de cette somme sera constituée par les actions du holding public Sukhoi. La corporation privée Irkut, principal concurrent de Sukhoi, a été évaluée deux fois moins cher.

Le capital social de l'OAK, au moment de sa fondation, sera de 96,72 milliards de roubles (plus de 3,6 milliards de dollars), et la part de l'Etat dans l'émission primaire dépassera 90%, a annoncé jeudi le ministère de l'Industrie et de l'Energie. La valeur totale des actifs du futur géant aéronautique est estimée à environ 120 milliards de roubles, soit près de 4,5 milliards de dollars, a précisé au quotidien Vedomosti une source informée sur l'évaluation.

Les avionneurs affirment qu'une lutte pour le centre d'intégration de l'OAK oppose la compagnie privée Irkut et le holding public Sukhoi. Ainsi, la société Troïka Dialog a misé sur Irkut et recommandé cet été à tous ses clients d'en acheter les actions, indique Mikhaïl Ganeline, analyste de la société d'investissement. Grâce à ces recommandations, la valeur d'Irkut s'est accrue de 64% depuis le début de l'année pour atteindre 1,19 milliard de dollars. Mais les fonctionnaires ont donné leur préférence à Sukhoi. Or, Sukhoi détient 11,9 % des actions d'Irkut, par conséquent l'OAK contrôlera entièrement Irkut, résume une source bien informée du quotidien Vedomosti.

Une source proche du holding Sukhoi a expliqué pourquoi la compagnie publique avait été évaluée deux fois plus cher que la compagnie privée. "Sukhoi possède le meilleur bureau d'études du pays et les meilleures usines. D'ailleurs, Irkut est redevable au holding public pour sa capitalisation, car son produit principal est l'avion Su-37MKI conçu au Bureau d'études Sukhoi. Alexeï Fedorov, propriétaire principal d'Irkut et futur président de l'OAK, s'est refusé à tout commentaire, de même que Mikhaïl Pogossian, directeur général de Sukhoi.

La corporation aéronautique unifiée (OAK) rassemblera presque 20 compagnies et entreprises, dont sept des principales usines aéronautiques russes et cinq bureaux d'études. Selon les fonctionnaires, l'OAK sera, par son envergure, la cinquième corporation aéronautique du monde, et son chiffre d'affaires passera de 2,5 milliards de dollars aujourd'hui à 8 milliards de dollars vers 2017. Dès 2007, les recettes de l'OAK doivent atteindre 3,2 milliards de dollars, et son IPO est prévue pour 2007-2008.

Vrémia novostéi

Markus Wolf connaissait-il Poutine?

L'ancien chef des services secrets est-allemands, Markus Wolf, ou Misha comme l'appelaient ses collègues soviétiques et ses confrères à Berlin-Est, est décédé cette nuit à l'âge de 83 ans.

Depuis le milieu des années 1980, où la perestroïka et la glasnost ont porté leurs premiers fruits en URSS, Wolf avait la réputation d'être un "agent dissident". A l'époque, le secrétaire général Erich Honecker serrait la vis pour détourner l'attention publique des réformes de Mikhaïl Gorbatchev.

Le futur maître-espion est-allemand avait passé son enfance et fait ses études scolaires à Moscou. Il parlait russe sans accent. Et c'est à Moscou qu'il partit pour fuir les persécutions en Allemagne, avant de revenir de son plein gré à Berlin en 1991.

Lorsque Vladimir Poutine a été élu à la présidence russe en 2000, beaucoup se demandaient s'il avait connu Markus Wolf à l'époque de la RDA. C'est peu probable, et pourtant...

En 1986, le chef du KGB, Vladimir Krioutchkov, effectua un voyage éclair à Dresde où le futur président russe faisait son service. Il y rencontra le physicien Manfred von Ardenne, remarqué par les services secrets parce qu'il était un scientifique de renommée mondiale mais aussi parce qu'il connaissait de près le chef du comité du parti de Dresde, Hans Modrow.

Comme le dira plus tard à Vrémia novostéi Günther Schabowski, ancien membre du Bureau politique du SED, les auteurs de la perestroïka soviétique ont tourné leur regard vers Hans Modrow pour succéder à Erich Honecker.

On dit que Markus Wolf aurait assisté aux rencontres secrètes que Vladimir Krioutchkov eut sur l'Elbe, ce qu'il a cependant nié dans ses entretiens avec le correspondant de Vrémia novostéi: "C'est du galimatias que répandent des gens comme Schabowski". Markus Wolf a affirmé qu'il ne connaissait pas à cette époque-là le lieutenant-colonel Poutine mais a admis que ce dernier, étant affecté à la reconnaissance scientifique et technique, pouvait bien avoir organisé une entrevue entre le chef venu de Moscou et Manfred von Ardenne.

L'Administration centrale de reconnaissance, une section de la Stasi, n'existe plus depuis quinze ans. Mais le travail effectué par Markus Wolf ne cesse d'appeler de nouvelles révélations. L'historien Hubertus Knabe, qui analyse l'activité de la Stasi, a fait remarquer dans un entretien avec le correspondant de VN: "Les nouveaux épisodes de l'activité des services secrets est-allemands rendus publics dernièrement sont dans leur majeure partie liés au passé. Mais il est évident que l'histoire de la Stasi est riche en événements capables de bouleverser la société dans l'avenir par de nouvelles révélations".

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