Revue de la presse russe du 30 novembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

L'hypertonie de Iegor Gaïdar évolue en poisonite aiguë

Mercredi on a appris que l'ancien premier ministre russe et directeur de l'Institut de l'économie de transition, Iegor Gaïdar, avait été hospitalisé voici six jours à Dublin où il avait assisté à la présentation d'un de ses livres. Et bien que les médecins ne se soient pas encore définitivement prononcés sur l'origine du mal de Iegor Gaïdar, la thèse d'un empoisonnement circule déjà.

La fille de Gaïdar, Maria, prétend que ce qui s'est passé n'a rien à voir avec une intoxication alimentaire et dit qu'il "s'agit probablement d'un empoisonnement au moyen d'une substance toxique inconnue de la médecine civile". Se référant à l'avis des médecins, elle a déclaré: "Tous les symptômes - affaiblissement, somnolence, perte de conscience, déconnexion du cerveau, saignement de gorge, paralysie partielle - corroborent la thèse de l'empoisonnement".

Cependant, un toxicologue russe ayant requis l'anonymat pense que le mal dont souffre Iegor Gaïdar ressemble beaucoup à une crise d'hypertonie. "Les saignements et les vomissements sont caractéristiques de l'hypertonie artérielle. Le plus souvent ces crises frappent les personnes replètes, obèses", a indiqué le médecin en faisant remarquer que s'il s'était agi d'un empoisonnement grave la durée de l'hospitalisation de la victime aurait été bien supérieure à une semaine.

La thèse de l'empoisonnement du célèbre réformateur russe est résolument appuyée par un autre politique libéral, Anatoli Tchoubaïs, président de RAO UES Rossii (Electricité de Russie): "L'élimination miraculeusement manquée du triangle Politkovskaïa-Litvinenko-Gaïdar aurait été très attractive pour les partisans d'un changement de pouvoir non constitutionnel en Russie".

Le politologue Andreï Piontkovski, a interprété à sa manière ces propos d'Anatoli Tchoubaïs: "Il ne pointe pas du tout le doigt sur Boris Berezovski et son entourage. Tchoubaïs montre carrément qu'il existe au Kremlin une certaine colonne souhaitant s'emparer du pouvoir par la force". Andreï Piontkovski estime que la maladie de Iegor Gaïdar a été mise à profit par Tchoubaïs pour cerner sa position: "Il a laissé entendre aux groupements antagoniques au Kremlin qu'il soutenait Vladimir Poutine et se prononcerait en faveur d'une réélection du président pour un troisième mandat".

Vedomosti

Pourquoi les médias occidentaux s'en prennent à la Russie (experts)

Les médias occidentaux brossent un tableau de plus en plus sombre de la Russie. Voici quelques titres des publications parues cette semaine: "L'ennemi, c'est la Russie" (The Wall Street Journal), "Corruption, violence et vices triomphent dans la Russie de Poutine" (The Guardian), "Méfiez-vous de la Russie" (Financial Times Deutschland). Pourquoi l'image du pays s'est-elle dégradée?

Fedor Loukianov, rédacteur de la revue "La Russie dans la politique globale": Le tableau négatif général vient du fait que la Russie a dépassé les limites d'une pression raisonnable, avant tout en matière énergétique. Tous les pays usent du chantage, du bluff et des pressions dans la résolution des problèmes importants. Mais la Russie est allée trop loin dans la démonstration de force et le mépris de la réaction des autres. A un certain moment, il était clair que l'UE craignait tellement de rester sans chauffage et sans électricité qu'elle était prête à céder beaucoup. Mais à présent, la Russie oblige Européens et Américains à s'unir dans tous les domaines contre un "ennemi" commun.

L'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, le blocus imposé à la Géorgie et la mort de l'ex-agent du FSB Alexandre Litvinenko se sont répercutés très négativement sur l'image du pays. L'incapacité du système judiciaire russe à présenter rapidement les résultats de l'enquête sur le meurtre d'Anna Politkovskaïa et l'absence d'intérêt évident pour la Russie à enquêter sur la mort d'Alexandre Litvinenko ont aggravé la situation. Dans de telles circonstances, il faut faire du bruit et aller jusqu'à imposer son aide aux enquêteurs britanniques.

Sergueï Kolouchev, fondateur du Forum économique russe à Londres, directeur exécutif d'Eventica (Londres): La dégradation de l'image (de la Russie) a été observée depuis longtemps. L'affaire Litvinenko n'a fait que crever un nouvel abcès.

En fait, l'insuffisance d'informations sur les processus qui se déroulent dans l'économie et la politique russes gâte l'image du pays. Nous avons laissé à tout le monde la possibilité de disserter sur ce sujet, et nous avons nous-mêmes gardé le silence. Ces dernières années, je ne me souviens pas d'un seul cas où la presse britannique ait évoqué la visite d'un haut fonctionnaire russe et cité ses propos sur la Russie. La seule exception a été faite l'année dernière pour Vladimir Poutine à l'occasion du sommet Russie-UE. Il serait utile que les représentants du pouvoir communiquent beaucoup plus en dehors du pays.

Toutes les dernières diatribes des médias sont destinées plutôt aux philistins. De mauvaises histoires se vendent bien mieux que les articles intitulés "La Russie, notre amie". Le monde des affaires, en revanche, est bien plus clairvoyant et comprend que tout n'est pas si simple.

Ioulia Kotchetygova, directrice du service des cotations de Standard & Poor's: Il y a divers facteurs que nous appelons les risques pays, notamment l'imprévisibilité et l'opacité de l'administration de l'Etat, l'inconséquence de la politique de l'Etat et l'absence d'objectifs nets poursuivis par cette politique. Lorsque tout n'est pas clair, cela entraîne une perception négative, des appréhensions s'accumulent peu à peu et, ayant atteint une masse critique, elles se répandent brusquement.

Kommersant

Gazprom compte régler le problème de la participation d'étrangers au projet Chtokman

On vient d'apprendre que le projet de stratégie de Gazprom en matière de gaz naturel liquéfié, qui a fait l'objet hier d'une réunion du conseil des directeurs du monopole gazier, implique l'utilisation du gaz du gisement Chtokman et n'exclut pas des livraisons de GNL aux Etats-Unis avant 2015. Les autres projets GNL ont été reconnus beaucoup moins prometteurs.

Selon une source informée de la teneur du document, le texte indique que malgré la rude concurrence en Amérique du Nord, les livraisons de gaz liquéfié seront rentables indépendamment du prix du GNL dans le golfe du Mexique. Des ententes préalables sont déjà intervenues avec des clients américains potentiels désireux de conclure des contrats à long terme, selon la même source.

En attendant, aucune usine de liquéfaction de gaz russe n'est encore opérationnelle. Parmi les projets, à savoir Chtokman (région de Mourmansk), Baltique (région de Leningrad), Iamal (gisement de Kharassaveï), Tambeï (gisement Ioujno-Tambeï) et Sakhaline-2, ce sont le premier et le dernier qui sont les plus rentables. Ils offrent l'avantage d'être proches des Etats-Unis. Seuls le gisement norvégien Snohvit (Blanche-Neige) et ceux de Trinité-et-Tobago sont plus proches. Les fournisseurs traditionnels des Etats-Unis - le Nigéria et l'Algérie - sont désavantagés par rapport aux projets russes en ce qui concerne les frais de transport.

Comme Gazprom n'a pas encore conclu d'accord sur Sakhaline-2, les livraisons de gaz de ce gisement sont inscrites dans le projet de stratégie à court terme du monopole sous la rubrique des swaps. Le projet baltique est reconnu injustifié du point de vue économique, si les prix sur le marché intérieur sont complètement libéralisés. Le gaz du champ de Kharassaveï, d'après le projet de stratégie, sera intégré dans le système de distribution unique de Iamal. Le projet de Tambeï est plus compliqué du point de vue technique et nécessite des frais de transport importants dans les conditions de la banquise arctique.

Ainsi, le gaz du champ Chtokman, en mer de Barents (dont les réserves sont estimées à 3.700 milliards de m3) fait de nouveau l'objet de discussions sur les livraisons aux Etats-Unis. Il y a aussi une autre variante. La société norvégienne Statoil, un des prétendants étrangers à la mise en valeur de Chtokman, a reconnu en public, il y a deux semaines, avoir repris les négociations sur sa participation au projet. Elle possède une participation dans Snohvit, tout comme Total, un autre éventuel partenaire dans le projet Chtokman.

Une source à Gazprom a confirmé que les négociations sur Chtokman seraient relancées. Le projet de stratégie présenté hier prévoit la participation du géant gazier à des consortiums internationaux. Les responsables de Gazprom ont expliqué que la nouvelle stratégie serait définitivement adoptée dans la première moitié de 2007. Tout porte à croire qu'à cette époque-là, le monopole compte avoir réglé le problème de la participation de sociétés étrangères au projet Chtokman.

Biznes

AvtoVAZ obtient les mêmes conditions que les étrangers sur l'importation de pièces détachées

AvtoVAZ est le premier constructeur automobile russe traditionnel à avoir conclu avec le ministère du Développement économique et du Commerce un accord sur l'assemblage industriel de voitures. Pratiquement tous les producteurs étrangers opérant en Russie sont ou seront soumis à ce régime. Cependant, l'entreprise russe ne bénéficiera d'un régime d'importation de pièces facilité que pour ses nouveaux modèles.

Aux termes de l'accord, AvtoVAZ pourra profiter de droits de douanes réduits à 0,3%, au lieu des 5 à 15% actuellement en vigueur.

Les dirigeants de l'entreprise soulignent que l'accord leur permettra en premier lieu d'abaisser les frais d'importation des pièces qu'on ne trouve pas en Russie (par exemple les coussins de sécurité ou les servo-directions) et de diversifier le choix de fournisseurs. L'entreprise s'apprête probablement à faire pression de cette manière sur ses fournisseurs russes pour les inciter à améliorer la qualité de leurs produits. "Grâce à cet accord, AvtoVAZ pourra utiliser plus largement des pièces étrangères. Mais l'accent sera mis sur la qualité et ce sera un grand avantage pour le producteur", a estimé le directeur gérant d'AG Capital, Alexandre Aguibalov. Les modèles actuels d'AvtoVAZ ne comportent que très peu de pièces de fabrication étrangère.

Lorsque le gouvernement avait adopté, il y a trois ans, son ordonnance n°166 sur l'assemblage industriel de voitures, AvtoVAZ l'avait sévèrement critiqué, tout comme d'autres producteurs nationaux, estimant que ce régime avait été imaginé pour favoriser les producteurs étrangers. Aujourd'hui, ses dirigeants se rendent compte qu'ils peuvent eux aussi profiter des avantages qu'il offre. Le groupe SOK et Severstal-avto ont également conclu des accords avec le ministère du Développement économique et du Commerce, mais ces documents portent sur l'assemblage de marques étrangères (Kia et SsangYong).

Gaïrad Salimov, analyste de la société d'investissement Troïka-Dialogue, estime que par cet accord AvtoVAZ s'est délié les mains pour assembler des marques étrangères dans ses ateliers en partenariat avec des sociétés étrangères. Selon différentes sources, Renault, avec lequel AvtoVAZ est en négociation, voudrait lancer l'assemblage de Logan dans les usines de Togliatti. "L'accord a permis, de surcroît, d'égaliser les conditions: ce ne serait pas juste si nous importions des pièces à prix réduit pour les voitures étrangères et à plein tarif pour les Lada", a ajouté Gaïrat Salimov.

Alexandre Aguibalov note, lui, qu'à présent AvtoVAZ pourra utiliser plus largement des pièces étrangères dans ses nouveaux modèles, notamment dans la nouvelle série à l'étude sur la nouvelle plateforme C.

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