Revue de la presse russe du 6 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.Ru

Les Etats-Unis ont appuyé la Russie dans son conflit gazier avec l'Europe

L'Amérique s'apprête à couper les pipelines iraniens, ce qui aura pour incidence un sous-approvisionnement de l'Europe en gaz. De l'avis des experts, cette démarche des Etats-Unis ne ferait que le jeu de la Russie puisque pratiquement toute l'Europe dépend de son gaz.

Les Américains ont bien fait comprendre qu'en principe ils ne toléreront pas le réseau pipelinier de l'Iran. Steve Mann, l'assistant de la secrétaire d'Etat américaine pour l'énergie, a déclaré que la position des Etats-Unis consistait à empêcher la pose de toute conduite via le territoire iranien. Selon lui, les sociétés réalisant des projets de ce type pourraient être soumises à des sanctions américaines appropriées.

La pression exercée par les Américains pourrait avoir un impact sérieux sur le marché gazier de l'Europe. "Le gaz iranien (2e place, 15% des réserves mondiales) est d'une importance vitale pour l'Europe, surtout compte tenu des sentiments antirusses qui planent actuellement au sein de l'Union européenne, explique Alexeï Belogoriev, expert de l'Institut des monopoles naturels (IPEM).

"L'Europe sera perdante: si elle cède aux menaces des Etats-Unis, elle ne pourra pas réaliser son rêve de diversification des livraisons par le gazoduc Nabucco, dit Konstantin Tcherepanov, analyste de Rye, Man & Gor Securities. Et quand l'Europe perd, c'est la Russie qui gagne. L'ajournement de la construction de Nabucco et l'établissement de rapports avec l'Algérie permettrait à la Russie de renforcer ses positions sur le marché européen des hydrocarbures et d'y accroître son influence".

"A l'heure qu'il est, la situation satisfait pleinement la Russie, dit Alexeï Belogoriev. L'Iran est le principal concurrent réel de la Russie en ce qui concerne les sources d'approvisionnement alternatives en Europe, aussi les problèmes iraniens font-ils le jeu de Moscou". Cependant, de l'avis de l'expert de l'IPEM, par la suite l'Iran se hissera inévitablement aux toutes premières places dans le monde pour les quantités de gaz naturel exportées. "Ni les Etats-Unis, ni la Russie ne seront en mesure de stopper ce processus".

Kommersant

Moscou et Bruxelles planchent sur le problème polonais

Les pourparlers qui se sont tenus à huis clos lundi à Moscou entre le ministre russe des Affaires étrangères et la troïka de l'UE ont porté principalement sur le problème du Kosovo et les rapports entre la Russie et l'Union européenne.

Selon des sources diplomatiques, Moscou a laissé entendre que sa volonté d'accepter des compromis sur le Kosovo dépendait de la volonté de l'Union européenne de tenir compte des intérêts de la Russie sur d'autres problèmes.

L'ouverture dans les plus brefs délais des pourparlers avec l'UE sur un nouvel accord de partenariat et de coopération auxquels Moscou attache une importance primordiale constitue l'un de ces problèmes. L'ouverture des pourparlers Russie-UE est bloquée depuis plus de deux mois par la Pologne qui la fait dépendre de la levée de l'interdiction d'importation de produits agroalimentaires polonais en Russie.

Selon des sources proches du Kremlin, Moscou estime que les dirigeants polonais ont "dépassé les bornes", ce qui pourrait entraîner une rupture des rapports russo-polonais, avant tout sur le plan économique.

Puisque la Pologne ne s'est pas assagie au cours des deux mois écoulés depuis le sommet Russie-UE d'Helsinki, Moscou a décidé, semble-t-il, de prendre des mesures de rétorsion. Le Kremlin est enclin à estimer que "le monde des affaires polonais doit faire les frais de la déraison des frères Kaczynski, car il n'a pas su dissuader les dirigeants du pays d'entreprendre des "actions irréfléchies".

Selon les mêmes sources, le Kremlin estime que la réduction du chiffre d'affaires des exportations polonaises vers la Russie des 4 milliards de dollars actuels à 1,5-2 milliards serait une mesure juste. Dans ce cas, les restrictions concerneront les principaux produits polonais d'exportation: articles plastiques, matériaux de construction et médicaments.

L'ordre de préparer une série de mesures bien argumentées en ce sens a déjà été donné aux départements russes concernés. Selon les spécialistes, la préparation prendra environ trois mois. Si, au cours de cette période, la Pologne ne lève pas son veto sur les pourparlers Russie-UE, ces mesures seront mises en oeuvre.

Izvestia

ABM américain en Europe de l'Est: Moscou serein mais pas dupe

La Russie ne craint pas l'éventuel déploiement de plusieurs éléments du bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, mais n'exclut pas non plus d'éventuelles mesures de rétorsion.

"Il ne fait aucun doute que le futur bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque aura un caractère exclusivement antirusse et antichinois, explique Vladimir Beloous, chercheur au Centre de la sécurité internationale auprès de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (Académie russe des sciences). La Corée du Nord et l'Iran, censés être visés par le programme national américain de défense antimissile en Europe, ne disposent pas et ne disposeront pas dans les décennies à venir de missiles susceptibles d'atteindre les Etats-Unis ou l'Europe. En revanche, en s'approchant des frontières russes, les Américains souhaitent résoudre le problème essentiel, celui de pouvoir intercepter nos missiles stratégiques dans la phase initiale de leur trajectoire, celle de l'accélération, au moment où ils sont particulièrement vulnérables."

Pour le général Vladimir Popovkine, commandant en chef des Forces spatiales russes, le déploiement du bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque vise exclusivement la Russie. "Il est extrêmement douteux que les trajectoires de missiles iraniens traversent un jour le ciel tchèque ou polonais", estime-t-il.

L'état-major général et le ministère de la Défense russes restent discrets au sujet des scénarios hypothétiques d'une riposte adéquate. Même si le chef de l'état-major général Iouri Balouïevski a fait allusion à la possibilité de retombées écologiques pour les pays abritant des éléments du bouclier antimissile américain.

"Conformément à sa doctrine militaire en vigueur, la Russie se réserve le droit de diriger des frappes préventives sur les ouvrages qui représentent pour elle une menace, y compris en utilisant des armes nucléaires de théâtre", rappelle Alexandre Pikaïev, spécialiste du désarmement et des conflits à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales.

En 2007, le ministère de la Défense doit acheter 17 missiles balistiques intercontinentaux (contre seulement 4 en 2006) et plusieurs batteries de missiles de théâtre Iskander. Rien ne montre, dans ce contexte, que tous ces missiles seront nécessairement pointés sur l'autre hémisphère de la planète.

Vedomosti

Khodorkovski et Lebedev accusés d'avoir détourné et blanchi plus de 22 milliards de dollars

Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev encourent jusqu'à 25 ans de prison supplémentaires. Le Parquet général russe vient de les inculper pour avoir détourné et blanchi plus de 22 milliards de dollars, un montant sans précédent dans l'histoire russe.

"Nous avons du mal à nous y retrouver dans tous ces chiffres, reconnaît Me Iouri Chmidt qui défend les intérêts de l'ex-patron de Ioukos. M. Khodorkovski a jugé absurde cette accusation, car il est absolument impossible de voler ou de détourner une somme pareille."

En accusant Mikhaïl Khodorkovski de détournement et de blanchiment de capitaux illégaux, le Parquet général cherche à mettre la main sur la propriété et les comptes détenus à l'étranger par Ioukos et son principal actionnaire, le groupe Menatep, estime Dmitri Gololobov, ancien chef du département juridique de Ioukos. Poursuivi lui aussi par la justice russe, il n'exclut pas que le Parquet général finisse par qualifier de blanchiment le simple versement par Ioukos de dividendes à son principal actionnaire.

"Il est évident que le Parquet général considère Ioukos, Menatep et la fondation Open Russia, financée par Menatep, comme des structures contrôlées par M. Khodorkovski et que les dividendes ne pouvaient pas être versés à son insu", insiste M. Gololobov. Et d'estimer que les nouvelles accusations pourraient être utilisées devant les tribunaux russes et occidentaux pour saisir les actifs étrangers de Ioukos et de Menatep.

La valeur de ces derniers est estimée à 10-15 milliards de dollars, indique une source proche de la procédure de mise en faillite de Ioukos. Une autre source, tout aussi familière de cette procédure, affirme que plusieurs hauts fonctionnaires du Kremlin sont persuadés qu'au moins 10 milliards de dollars étaient détenus par Ioukos et Menatep à l'étranger.

Le copropriétaire de Menatep, Mikhaïl Broudno, qualifie ces estimations de "délire absolu". "Menatep n'a jamais eu tant d'argent, même à son heure de gloire", explique-t-il.

Selon des experts, le Kremlin voit en la personne de Mikhaïl Khodorkovski un adversaire politique. "Si MM. Khodorkovski et Lebedev écopent d'une nouvelle peine, les autorités se sentiront rassurées. Peut-être parce que M. Khodorkovski représente une menace politique", explique le président de l'Institut des évaluations stratégiques, Alexandre Konovalov. "Les autorités craignent une mise en liberté anticipée de M. Khodorkovski, une aggravation de la situation politique intérieure à l'approche des élections et, bien entendu, une multiplication des procès à l'étranger", ajoute le vice-président de l'Union russe des industriels et des entrepreneurs, Igor Iourguens.

Novye izvestia

Premier ministre kosovar: La Russie ne va pas se fâcher avec le monde entier à cause de nous

Le round final des pourparlers entre Serbes et Albanais sur le futur statut de la province du Kosovo-Metohija commencera à la mi-février à Vienne. Les Albanais du Kosovo exigent toujours l'indépendance totale, alors que les Serbes insistent sur le maintien de l'intégrité territoriale de leur pays.

Le premier ministre du gouvernement provisoire du Kosovo, Agim Ceku, a évoqué, dans une interview aux Novye izvestia, l'avenir du Kosovo et le rôle de Moscou dans ces négociations difficiles.

Question: Les Albanais du Kosovo sont-ils satisfaits du plan Ahtisaari?

Réponse: La proposition des médiateurs internationaux ne tient pas compte de tous nos souhaits. Nous sommes mécontents du fait qu'on nous dicte ce qui doit être écrit dans notre Constitution, les lois que nous devons adopter, autrement dit, on nous prive de la possibilité d'édifier nous-mêmes notre Etat. Mais nous comprenons que c'est la logique du processus, et que nous devons maintenir des rapports de partenariat avec la communauté internationale.

Q: Le document ne mentionne pas le mot "indépendance"...

R: Mais le plan Ahtisaari décrit le Kosovo comme un Etat indépendant ayant tous les attributs nécessaires: un drapeau, un hymne, des armoiries, une police, une armée, une banque centrale, et la possibilité d'être membre de toutes les organisations internationales, y compris l'ONU.

Q: Appréhendez-vous l'issue du vote au Conseil de sécurité de l'ONU? Le fait est que la Russie a maintes fois déclaré qu'elle opposerait son veto à la résolution si elle ne convenait pas à Belgrade.

R: N'oublions pas que la mission de Martti Ahtisaari est celle de l'ONU, que la version définitive du document qui sera adoptée à l'issue des pourparlers de Vienne prendra en considération les souhaits aussi bien de Pristina que de Belgrade. Je ne crois pas que la Russie ait l'intention de se disputer avec la communauté mondiale à cause du Kosovo en mettant ainsi en cause sa réputation internationale.

Q: Si le Conseil de sécurité de l'ONU n'accorde pas l'indépendance au Kosovo, peut-on s'attendre à des violences?

R: Personne ne menace de réagir par des violences. Au contraire, c'est le peuple du Kosovo qui a fait l'objet de violences durant de longues années.

Q: Considérez-vous comme des violences les pogroms massifs et les attaques contre les Serbes qui ont eu lieu le 17 mars 2004?

R: Les événements de mars 2004 constituent l'une des pages les plus tristes de notre histoire, je le reconnais. Mais c'étaient des actions spontanées, non organisées qui avaient à leur origine le mécontentement par rapport à la façon dont se déroulaient les pourparlers sur le statut de la province.

Q: Vous promettez la protection et la sécurité aux Serbes qui vivent au Kosovo. Mais les enfants serbes vont aujourd'hui à l'école sous la protection des soldats de la paix, les villages serbes sont entourés de barbelés et ressemblent plutôt à des ghettos. Pourquoi les Serbes devraient-ils vous croire?

R: Que Vojislav Kostunica (premier ministre serbe) leur permette de me croire! Le problème est que nous tendons la main aux Serbes, mais ils nous tournent le dos. Ils sont désemparés et intimidés, ils ne comprennent pas où ils vivent: au Kosovo ou en Serbie. En effet, les Serbes du Kosovo se trouvent dans une situation très difficile.

Q: Que pensez-vous des déclarations selon lesquelles, en cas de reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, les régions serbes du Nord de la province proclameront leur indépendance?

R: Ce scénario est voué à l'échec. Il ne faut pas oublier qu'après la proclamation de l'indépendance l'intégrité territoriale du Kosovo sera protégée par les forces de paix de l'OTAN. Autrement dit, elle sera garantie non pas par notre gouvernement, mais par la communauté internationale.

RIA Novosti décline toute responsabilité quant au contenu des articles tirés de la presse.

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