La "Semiorka" ou le summum de la fiabilité

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Par Youri Zaïtsev, expert de l'Institut de recherches spatiales près l'Académie des sciences de Russie, pour RIA Novosti

Par Youri Zaïtsev, expert de l'Institut de recherches spatiales près l'Académie des sciences de Russie, pour RIA Novosti

La célèbre "Semiorka" (la fusée R-7A) conçue voici un demi-siècle par le constructeur russe légendaire Sergueï Koroliev n'a rien perdu de sa fiabilité et ses diverses versions sont toujours très demandées sur le marché. D'ailleurs, un pas de tir adapté à ses "mensurations" vient d'être mis en chantier au Centre spatial de Kourou, en Guyane française.

Le directeur de Roskosmos (Agence spatiale russe), Anatoli Perminov, souligne qu'en 2006, des fusées russes ont été utilisées pour réaliser 47% des tirs effectués dans le monde pour placer des charges utiles sur orbite. Et même plus de 50% si l'on tient compte des lancements réalisés dans le cadre du programme international "Sea Launch" au moyen de la fusée russo-ukrainienne Zenit. Viennent ensuite les Etats-Unis. La Chine et le Japon sont troisièmes ex aequo devant l'Union européenne.

De l'avis des observateurs les lanceurs russes (fusées et boosters) sont actuellement en positions avantageuses pour la mise sur orbite de satellites ainsi que pour le déploiement de constellations multisatellites dans le cadre de programmes internationaux et commerciaux. Au cours de la période allant de 2000 à 2005, la Russie a réussi à occuper des positions dominantes sur le marché des lancements grâce à la modernisation de ses lanceurs de base.

Ils sont devenus plus puissants, la précision du placement des satellites s'est accrue, les lancements sont écologiquement plus propres. Les constructeurs russes sont à même de créer rapidement et à moindres frais des lanceurs moyens et légers à partir des missiles de combat désaffectés. Ce sont les lanceurs Dnepr, Strela et Rokot.

Le directeur adjoint de Roskosmos, Viktor Remichevski, a déclaré que "les travaux réalisés ont permis à la fin de l'année 2005 de créer une panoplie de dix types de lanceurs et de trois types de boosters". Ces matériels peuvent placer des satellites sur des orbites circulaires et elliptiques basses, moyennes et hautes d'inclinaisons diverses ainsi que sur des trajectoires s'éloignant de la Terre.

Le premier tir du lanceur Zoyouz avait eu lieu au mois de novembre 1963 (à l'époque la fusée Voskhod avait placé sur orbite un vaisseau spatial Voskhod). Depuis, quelque 1.160 lancements ont eu lieu. La version la plus fréquemment utilisée est le Soyouz-V (près de 820 tirs). Le lanceur Soyouz-FG (avec le booster Fregat) sera prochainement fabriqué en série. Cette fusée emportera des satellites à vocation économique et scientifique.

Au cours de l'étape suivante de sa modernisation la "Semiorka" a été doté de nouveaux systèmes numériques de commande. La précision du placement des satellites sur orbite a été multipliée par près de dix. Les zones de chute des divers éléments de la fusée ont sensiblement rapetissé. L'automatisation des processus d'essai et de pré-lancement est plus poussée.

Le premier tir du nouveau lanceur a été réalisé en novembre 2004 au cosmodrome de Plessetsk. Le deuxième (octobre 2006 à Baïkonour), a permis de placer sur orbite le satellite météorologique européen Meteor-A. Au fond, pour ces tirs - étape 1a de la modernisation - ce sont des lanceurs Soyouz-2 qui avaient été utilisés: le troisième étage était de conception nouvelle, mais encore dotée de l'ancien moteur (RD-0110).

Un Soyouz-2 de ce type lancé à Plessetsk le 24 décembre a emporté le nouveau satellite de télécommunications Meridian. Trois jours plus tard, la fusée Soyouz-2-1b (avec un troisième étage doté du propulseur foncièrement nouveau RD-0124 et du booster Fregat) quittait son pas de tir à Baïkonour pour placer sur orbite le satellite français COROT (Convection Rotation and Planetary Transtis), dont la mission était de rechercher des planètes semblables à la Terre hors du Système solaire. La capacité d'emport de la fusée à trois étages ayant été augmentée de près d'une tonne, il a été possible de mettre sur orbite le satellite Soyouz-2, un engin spatial assez lourd. "Cette fusée est la plus performante au monde dans la catégorie des lanceurs à carburant kérosène/oxygène", dit Viktor Remichevski.

Le lancement d'un Soyouz-2-1B est programmé pour l'été 2007 depuis Plessetsk. Une fois les essais terminés, Soyouz-2 remplacera les fusées russes moyennes Soyouz-V et Molnia-M, a déclaré le commandant des Troupes spatiales russes le général Vladimir Polovkine. Le nouveau lanceur a ceci de particulier que les éléments qui le constituent sont exclusivement de fabrication russe. Tiré depuis le cosmodrome de Plessetsk, il assurera au cours des 10-15 prochaines années la mise sur orbite de toutes les charges utiles moyennes envisagées.

Pour les lancements commerciaux depuis le centre spatial de Kourou (Guyane française) on crée, à partir du Soyouz-2 de l'étape 1a, la version Soyouz-ST, adaptée aux conditions d'utilisation (particularités climatiques, transport par mer, etc.). Il faut aussi se soumettre à un autre impératif, celui de l'immersion des éléments du lanceur lorsqu'ils retomberont dans l'océan.

Rappelons que l'accord entre la Russie et l'Union européenne au sujet de la construction à Kourou d'un pas de tir pour les Soyouz avait été signé au mois de février 2004. Le budget de ce projet se monte à 314 millions d'euros, dont 121 millions devraient revenir aux entreprises russes parties prenantes.

Le projet a pour objectif essentiel de placer des charges utiles sur des orbites provisoires et géostationnaires. Le premier lancement devrait avoir lieu en 2008. Il est prévu de placer sur orbite un satellite de télécommunications de la société australienne Optus.

Grâce à la situation équatoriale du Centre spatial de Kourou, la fusée russe pourra emporter des charges beaucoup plus lourdes que lors des lancements effectués à Baïkonour et, à plus forte raison, à Plessetsk. Cela permettra à la famille des lanceurs Soyouz de consolider sa présence sur le marché mondial des lancements commerciaux. Par la suite, la fusée Soyouz-ST lancée depuis Kourou pourra être utilisée pour l'envoi dans l'espace de véhicules habités.

L'avis de l'auteur ne coïncide pas forcément avec celui de la rédaction.

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