La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

La presse débat du projet de séparation de l'Estonie du Système d'interconnexion unique de Russie, mesure qui, d'après les analystes locaux, garantira la sécurité énergétique au pays. "Reste à savoir si nous devons ou non faire à jamais partie du système russe (...). Si nous entrons dans le système polono-lituanien de courant alternatif et si nous construisons encore des lignes HT partant de Tabasalu (près de Tallinn), nous feront partie du Grand cercle et fonctionnerons à un rythme unique avec l'Europe centrale" ("Eesti ekspress", 16.03).

L'absence d'accord officiel du gouvernement russe quant à l'ouverture d'une nouvelle ligne aérienne Tallinn - Saint-Pétersbourg est liée, de l'avis des journalistes, aux problèmes qui marquent les rapports politiques estono-russes. "Etant donné les relations délicates entre nos deux pays ces derniers temps, obtenir un tel accord pourrait s'avérer une tâche ardue (...). Alors qu'une ligne aérienne entre la capitale estonienne et la deuxième ville de Russie est depuis longtemps une nécessité. De nombreux hommes d'affaires estoniens ont déjà pris pied à Saint-Pétersbourg (...). Et, pour les Russes, Tallinn est toujours une ville attrayante" ("Postimees", 14.03).

LETTONIE

Selon les experts, le récent voyage en Europe du président russe Vladimir Poutine (ses visites en Italie, au Vatican et en Grèce) n'était soumis qu'à un seul objectif, à savoir la promotion de la stratégie énergétique de la Russie. "Le pipeline Bourgas-Alexandroupolis (...) permettra de transporter du pétrole depuis les ports de la mer Noire vers l'Europe, en contournant les détroits surchargés turcs et la Turquie proprement dite (...). Pour la Russie, la Turquie est un pays de transit aussi risqué que l'Ukraine, du moment que ses intérêts ne coïncident pas trop souvent avec les russes" ("Biznes&Baltija", 14.03). "De la visite de Poutine, c'est le géant gazier russe Gazprom a qui a tiré un maximum de profit, car, à partir d'avril, il pourra vendre son gaz en Italie en direct, sans intermédiaire" ("Diena", 15.03).

Les observateurs mettent l'accent sur la similitude des vues des leaders russe et italien en matière de politique extérieure. Certains journaux vont jusqu'à faire mousser la thèse selon laquelle le premier ministre italien aurait pu dans le passé coopérer avec le KGB. "Fait significatif, depuis sa nomination au poste de chef de gouvernement italien Romano Prodi n'a eu qu'une rencontre avec George Bush, contre quatre avec le président russe" ("Telegraf", 14.03). "Il se peut que les deux dirigeants soient liés par quelque chose de plus important que des vues communes sur les relations internationales. Le sénateur italien Paolo Guzzanti a récemment publié un article accusant Romano Prodi d'avoir eu des liens étroits avec le KGB dans les années de l'URSS ("Vesti-segodnia", 14.03).

LITUANIE

Dans les actes de la Russie qui séduit les Européens par des propositions alléchantes, les analystes locaux discernent la menace principale pour la politique énergétique unie de l'Union européenne, craignant la perte totale de l'indépendance énergétique de la Lituanie. "Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont avec beaucoup de pompe annoncé à Bruxelles l'adoption d'un Programme de politique énergétique, mais les actes divergent d'avec les paroles dans plus d'une capitale de l'UE, là où l'on voudrait se chauffer les mains au gaz russe. A peine les réactions à la rencontre de Bruxelles se sont-elles apaisées que Budapest a administré un camouflet magistral à ses partenaires de l'UE. Le gouvernement hongrois, qui flirte depuis longtemps avec Moscou, est d'accord pour se joindre au projet de gazoduc Blue Stream dirigé par le monopole gazier russe Gazprom" ("Lietuvos rytas",14.03). "Les obus de la canonnade énergétique menée par le Kremlin tombent tous près de nous, alors que les prix de l'énergie, en hausse constante et les incessants rappels russes, selon lesquels le gaz sera vendu prochainement encore plus cher, nous incitent à réfléchir à la capacité de notre pays d'être à l'avenir plus ou moins indépendant sur le plan énergétique" (''Valstibe", 15.03).

UKRAINE

Les informations sur l'éventuelle signature au mois d'avril d'un accord sur l'instauration d'une "OPEP gazière" ont été perçues comme la confirmation des pronostics les plus pessimistes. La réunification des plus grands producteurs de gaz élargira, selon les médias, les capacités de Moscou dans la mise en oeuvre de sa propre politique énergétique sur la scène internationale et enterrera les espérances des pays importateurs souhaitant diversifier les sources d'énergie. D'après des observateurs, les conséquences d'un "complot gazier" s'avèreront extrêmement négatifs pour l'Ukraine, qui n'est pas préparée à substituer au gaz naturel des sources alternatives d'énergie.

"Ceci signifiera la dépendance totale des pays consommateurs vis-à-vis de ceux qui se trouvent "à l'autre bout du tuyau"... Poutine a besoin de mesures d'intimidation supplémentaires. A partir de ce moment-là, l'Ukraine aura mangé son pain blanc... La création d'une "OPEP gazière" est un chantage proprement dit" ("Gazeta po-kievski", 20.03).

MOLDAVIE

Certains médias accusent la Russie d'attachement historique au style de gouvernement autoritaire, qui se traduit, sur la scène internationale, par le soutien aux "régimes illégitimes", notamment celui de la Transnistrie.

"La peur de crouler sous le fardeau de la démocratie est profondément enracinée dans les esprits de l'élite politique russe, elle engendre la phobie et l'agressivité, notamment à l'égard de la Moldavie. Cette stratégie perverse a fait de la Russie une défenseuse acharnée de la quasi-totalité des régimes "parias" du monde... L'idée d'un "anneau démocratique de l'hémisphère Nord" qui comprend les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l'Union européenne et la Russie, n'est pas populaire dans les milieux politiques au pouvoir en Russie, qui préfèrent choisir "une troisième voie". Dans ce contexte, il ne reste qu'à espérer que l'aigle russe se débarrassera de ses complexes impériaux et sera capable de voler jusqu'au nid du monde civilisé" ("Fluks", 14.03).

GEORGIE

Commentant la situation en Abkhazie où Moscou distribue des passeports russes à tous ceux qui font la demande, les analystes signalent un "effet secondaire" de ce genre de pratique - des éléments criminels reçoivent ainsi une chance de changer très facilement de papiers et d'entrer librement sur le territoire de la Russie. "Dans les ports de Soukhoumi et d'Otchamtchira, il y a souvent, à bord des bateaux en provenance de la Turquie, parmi les ouvriers, des représentants de la pègre turque, syrienne, jordanienne et autres. Tous sont attirés en Abkhazie par la possibilité de s'y procurer sans problème un passeport russe. Ils changent de nom et de prénom et passent sur le territoire de la Russie - à Krasnodar, à Sotchi, en Tchétchénie ou dans d'autres républiques du Caucase du Nord... Certains de ces individus deviennent justement membres des groupes terroristes qui ne cessent de créer des problèmes au Kremlin" (Akhali Taoba, 17/03).

AZERBAIDJAN

Les experts sont unanimes à supposer que des éléments du bouclier antimissile américain puissent également être déployés dans le Caucase du Sud au détriment des intérêts et de la sécurité de la Russie. "La question de savoir dans quel pays du Caucase du Nord des éléments du système de défense antimissile (DAM/ABM) seront installés ne perd toujours rien de son actualité. Si l'on exclut, par exemple, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie resteront les candidats tout désignés... En Europe de l'Est, les Etats-Unis vont installer un radar en République tchèque et un système d'interception - en Pologne. Il n'est pas non plus exclu qu'au Caucase, ces deux éléments soient répartis entre l'Azerbaïdjan et la Géorgie" (Azadlyg, 16.03). "Aujourd'hui, les rapports américano-azerbaïdjanais comptent tellement pour Bakou qu'il ne pourra sans doute pas les sacrifier à ses relations avec Moscou. L'Azerbaïdjan n'a tout simplement pas d'autre voie. Aussi, au nom de ses bonnes relations avec la Russie, Bakou ne dira-t-il jamais "non" à l'Amérique (Yeni Musavat, 14.03).

Selon les médias, il y a plus de politique que d'avantage économique réel dans le projet d'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis, considéré par des observateurs comme une réponse de Moscou au pipeline Bakou-Ceyhan. "La Russie aura à partager désormais tant l'argent que l'influence sinon elle aura les mêmes problèmes avec la Grèce et la Bulgarie qu'avec l'Ukraine et la Biélorussie. Moscou ne doit pas surévaluer les chances d'intercepter, à l'aide de ce pipeline transbalkanique, l'initiative sur le marché énergétique du monde, y compris de l'Europe, et de réduire les risques aux frais des "pays transitaires". Il est tout à fait évident que ce n'est pas dans les pays transitaires de pétrole qu'il faut chercher la cause première des risques et de l'instabilité des fournitures, mais à Moscou qui croît possible de changer de règles en cours de jeu. Quoi qu'il en soit, on se rend nettement compte que les espoirs que la Russie investit dans cet oléoduc sont, hélas, par trop exagérés" (Ekho, 16.03).

KAZAKHSTAN

Les experts sont sceptiques quant à l'idée du président Noursoultan Nazarbaïev de créer l'Union économique eurasiatique. "Le lancement d'un projet d'intégration mal préparé en prévision des élections ne répond pas aux intérêts du pouvoir russe" (Liter.kz, 16.03). "Certes, la nouvelle initiative d'intégration du président kazakh peut provoquer un sourire ironique chez beaucoup d'experts. Le scepticisme s'explique par le fait de plus en plus évident que les structures économiques créées dans l'espace de l'ex-URSS sont peu efficaces. La CEEA, l'OTSC, l'EEU sont des organisations qui font beaucoup de bruit sans avancer sur le plan économique. La CEEA permet de réaliser certains projets, mais il n'y a rien à tirer de l'EEU" (Liter.kz, 20.03).

Astana s'intéresse au projet de pipeline transbalkanique. "Le nouveau projet offre de nouvelles possibilités au Kazakhstan qui souhaite devenir l'un des plus grands exportateurs mondiaux des produits énergétiques... Nous menons des négociations avec la Russie et les actionnaires du Caspian Pipeline consortium (CPC) sur l'élargissement de l'oléoduc et si nous parvenons à une entente, nous pourrons porter les livraisons de pétrole de 25 à 50 millions de tonnes... La région de la mer Noire aura un excédent de pétrole qu'on pourra transporter par les nouveaux oléoducs comme Burgas-Alexandroupolis (ExpressK, 17.03).

KIRGHIZIE

Les médias publient les propos de certains hommes politiques kirghiz qui critiquent la société canadienne Centerra Gold Inc. chargée de l'exploitation du gisement aurifère de Kumtor et appellent les autorités à recourir aux services de la Russie. "L'accord de 1992 n'a jamais été ratifié par le parlement ni par le président... Les Canadiens versent des sommes minimales au budget national. Nos pourrons exploiter le gisement sans leur assistance. Adressons-nous à notre partenaire stratégique - la Russie - qui a une grande expérience de la production d'or. Elle viendra en Kirghizie avec plaisir... Nous avons raison sur le plan juridique. Nous avons des raisons pour transférer les réserves de la Banque nationale à la Banque centrale de Russie" (Vecherni Bichkek, 16.03).

OUZBEKISTAN

Les experts prévoient un refroidissement dans les relations entre Moscou et Tachkent. "Il semble que les parties russe et ouzbèque essaient de faire bonne mine à mauvais jeu : les relations entre les deux États paraissent "se développer et se renforcer" mais il s'agit en fait d'un écran permettant aux partenaires asiatiques plus habiles à conquérir l'Ouzbékistan qui a besoin d'une coopération réelle avec le monde extérieur"; "Il y a toutes les raisons de croire que les pays centrasiatiques finiront par se désintéresser de l'intégration avec la Russie si Moscou se montre hésitant. Les forces extérieures, avant tout les États-Unis et leurs alliés transatlantiques, ne manqueront pas d'en profiter" (Ferghana.Ru, 15.03).

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