Revue de la presse russe du 10 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta

Pas "d'OPEP du gaz" mais un groupe de fixation des prix

La première journée du forum tenu à Qatar par les pays exportateurs de gaz a été marquée par une sensation à laquelle beaucoup s'attendaient d'ailleurs. Sur proposition de la Russie décision a été prise de créer un groupe de haut niveau chargé de la formation des prix du gaz. Une politique des prix concertée, voilà ce qui constitue le noyau de l'idée d'une "OPEP du gaz". Mais si les participants au forum ne se montrent pas tous enthousiastes quant à sa construction (l'Iran et le Venezuela sont "pour", l'Algérie, l'Egypte et le Qatar ne se hâtent pas de souscrire à cette proposition de cartellisation), peu nombreux sont ceux qui doutent de sa création sous une forme ou une autre.

Le groupe devra se réunir au moins six fois en 2007. La Russie affirmera son rôle d'intégrateur principal dans la communauté gazière (à titre de plus gros producteur et exportateur) en 2008, lors de la tenue à Moscou du prochain forum des pays exportateurs de gaz.

Pour l'instant il n'y a pas unanimité chez les experts pour dire que la décision de constituer un groupe de fixation des prix est un pas en direction d'une "OPEP du gaz". "La création de ce groupe ne signifie pas qu'une "OPEP du gaz" a vu le jour car sur le plan technologiquement et économique il est impossible actuellement de constituer une alliance gazière globale", estime Alexeï Gromov, de l'Institut des monopoles naturels. "Ce n'est pas encore le précurseur d'un cartel gazier. Les prix en soi présentent de l'intérêt", lui dit le président de l'Union des producteurs de gaz, Viktor Baranov, qui s'empresse d'ajouter: "Une "OPEP du gaz" sera créée, c'est évident qu'elle est nécessaire".

Les experts se rejoignent en ceci qu'une politique de coordination pourrait aider à détacher les prix du gaz de la corbeille des prix des produits pétroliers. "Les pays producteurs et exportateurs de gaz y sont tous intéressés étant donné que le règlement de ce problème leur permettrait d'appliquer une politique des prix indépendamment de la conjoncture sur le marché mondial des prix de l'or noir", assure Alexeï Gromov.

Une organisation des exportateurs de gaz permettrait à ces derniers de coopérer sur un pied d'égalité avec le cartel des consommateurs qu'est l'Agence énergétique internationale.

Vedomosti

La Russie se voit déjà dans la jet-set de l'OMC

Une fois de plus, la Russie se dit plus proche que jamais de l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Lundi dernier, à l'occasion de la 2e édition du congrès international sur le thème "La Russie à l'OMC: espoirs et potentialités stratégiques", le ministre russe du Développement économique et du Commerce, Guerman Gref, a déclaré que Moscou comptait boucler les négociations bilatérales avec le Vietnam avant fin avril et avec le Cambodge avant fin mai. Toujours selon M. Gref, la Russie achèvera d'ici juillet prochain les négociations multilatérales sur l'adhésion à l'OMC et entrera dans l'organisation "fin 2007 ou à la rigueur début 2008".

La Russie entre à l'OMC à une époque où la mondialisation en est crise: le taux de croissance de l'économie mondiale n'en finit pas de se ralentir. Dans les pays apôtres du libre échange (Etats-Unis, UE) le protectionnisme retrouve un nouveau souffle, et l'idée même du libre échange est de plus en plus remise en cause.

Or, c'est exactement la raison pour laquelle la Russie se sentira au sein de l'OMC comme un poisson dans l'eau. Les fonctionnaires russes, eux, espèrent que l'adhésion à l'OMC n'aura pas de répercussions libérales directes: l'exemple de la Chine, des Etats-Unis et d'autres pays qui subventionnent à l'envi leurs producteurs et torpillent toute décision contraire à leurs intérêts est on ne peut plus convaincant. En accédant à l'OMC, la Russie se hissera simplement dans la fine fleur du protectionnisme où elle devra se battre pour chaque rouble de préférences. Bien sûr, elle aura de la peine à s'imposer dans un premier temps, mais à l'avenir elle améliorera ses compétences.

Les économistes libéraux, en revanche, caressent un espoir d'un tout autre ordre: quoi que fasse la Russie pour fermer ses marchés, l'appartenance même à l'OMC conduira à un renforcement de la concurrence. La Russie devra faire face à une rivalité inouïe où nos compagnies devront se battre pour chaque rouble. Les compagnies non compétitives, voire des secteurs entiers risquent de succomber, alors que les autres vont redoubler de compétence.

Pour Guerman Gref, les conditions d'adhésion de la Russie ne sont pas mauvaises. Les secteurs les plus sensibles de l'économie seront soumis à une période de transition de 7 ans durant laquelle les taxes à l'importation resteront inchangées. L'automobile, l'aéronautique, les constructions navales et l'agriculture seront les secteurs les plus protégés. Le ministre russe a également calculé les dommages directs dus à l'adhésion à l'OMC: le budget fédéral perdra 40 milliards de roubles (1,2 milliard d'euros) en 2008, 70 milliards en 2009 et 100 milliards en 2010.

En réalité, l'effet de l'adhésion à l'OMC dépendra de la façon dont la Russie mettra à profit les instruments offerts par cette organisation. Les exportations russes sont essentiellement canalisées vers les pays membres de l'OMC. Si la Russie parvient à multiplier les exportations vers ces pays pendant la période de transition, la compétitivité des compagnies russes grandira et le besoin de mesures protectionnistes s'affaiblira. Si l'Etat ne fait rien pour stimuler les exportations, tôt ou tard les importations briseront tous les obstacles protectionnistes.

Kommersant

Moscou fait les frais de son jeu avec les Etats voyous

Il n'y a rien d'étonnant dans les confidences du général iranien Mohammad Bagher Zolghadr, qui a présenté la Russie comme violateur évident de la résolution 1747 du Conseil de sécurité de l'ONU. Il fallait s'attendre à des propos de ce genre de la part des leaders iraniens. C'est le prix que Moscou va devoir payer pour son jeu avec les régimes controversés.

La Russie a maintes fois sauvé l'Iran d'éventuelles sanctions et, lorsque c'était impossible, elle les a considérablement assouplies. Elle a accompli obstinément cette tâche ingrate, bien que ses efforts soient allés de pair avec le risque de détériorer définitivement les rapports déjà complexes avec les Etats-Unis. Cependant, Moscou a assumé ce risque, en espérant recevoir une compensation importante: d'ordre matériel et politique.

Les avantages matériels du jeu avec l'Iran, à savoir les paiements pour la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, sont devenus très hypothétiques pour la Russie: début mars, Téhéran a ouvertement accusé Moscou de non-accomplissement de ses engagements concernant Bouchehr. D'ailleurs, les avantages politiques des "rapports privilégiés" avec l'Iran ont également commencé à tourner pour Moscou en inconvénients. Téhéran a refusé de suivre les recommandations de Moscou et ne s'est pas plié aux exigences raisonnables de l'AIEA. Même un avertissement sévère sans précédent, lancé par une source anonyme proche du Kremlin, "nous ne jouerons pas un jeu anti-américain", s'est avéré inutile.

Comprenant que Moscou est intéressé à entretenir des contacts avec eux, les Etats voyous en profitent habilement. Ils l'obligent à tirer les marrons du feu pour eux (les disculper à l'ONU, ou encore les protéger contre les sanctions), mais, ensuite, au moment propice, ils lui font un croc-en-jambe, ou bien lui tournent le dos, en capitulant avantageusement devant un représentant américain.

Avant le début de l'opération "Tempête du désert", Saddam Hussein n'avait pas prêté l'oreille aux recommandations de Moscou. La Russie avait flirté avec le "Boucher des Balkans" Slobodan Milosevic qui l'avait maintes fois trompée, en passant des accords séparés avec l'OTAN et en envoyant des messages secrets à Bill Clinton.

Aujourd'hui, le Kremlin manifeste son respect pour le "dernier guide communiste" Kim Jong Il, mais celui-ci compromet ostensiblement Moscou en procédant à des essais nucléaires et à des tirs de missiles. La Russie édifie un Etat d'union avec Alexandre Loukachenko, mais celui-ci se permet de lancer de grossières diatribes à son adresse et use même du chantage en menaçant de se tourner vers l'Occident.

En règle générale, Moscou réussit à percer le jeu malhonnête des régimes controversés. Cette compréhension, il est vrai, est souvent tardive.

Novye izvestia

Un enfant sur quatre à Moscou naît hors mariage

Un enfant sur quatre à Moscou est né hors mariage, a déclaré à la fin de la semaine dernière Alexeï Golovan, mandataire aux droits de l'enfant dans la capitale.

Une situation analogue sur le plan des naissances hors mariage avait été observée en Russie aussitôt après la Seconde guerre mondiale, où le nombre d'enfants de familles incomplètes atteignait 24%. Cela était alors compréhensible et tout à fait logique dans un pays dévasté par la guerre qui avait perdu une partie importante de ses hommes. Mais, paradoxalement, ce triste record a été battu en 2000, année prospère. En Russie, le nombre de naissances hors mariage a atteint 28%, soit un indice record.

Certains experts rassurent en affirmant qu'il est trop tôt pour s'alarmer. Le fait est que ces statistiques prennent en compte, pour l'essentiel, non pas des enfants de mères seules, mais nés dans des foyers vivant en concubinage. "Un enfant hors mariage ne vit pas toujours dans une famille en échec social, explique Boris Altchouler, directeur exécutif de l'ONG "Droit de l'enfant". Il existe une tendance mondiale à ne plus se marier. Des couples de plus en plus nombreux préfèrent le concubinage. En règle générale, ce sont des familles normales". Les psychologues partagent l'avis du militant des droits de l'homme. "Dans la société contemporaine, le concubinage est chose courante, par conséquent, l'enfant né hors mariage ne se sent pas différent des autres", a expliqué Tatiana Moukha, neuropsychologue du centre "L'éducation en développement".

De l'avis d'autres experts, la tendance au concubinage suscite une appréhension. Les unions non enregistrées se rompent en moyenne trois fois plus souvent. Qui plus est, les sondages d'opinion montrent que les familles où les parents ne sont pas mariés ont rarement plus d'un enfant. De l'avis des spécialistes, l'attitude irresponsable des pères envers leurs enfants pourrait réduire à néant tous les efforts déployés par les autorités en vue d'améliorer la situation démographique.

"L'engouement pour le concubinage est un signe de la disparition de la famille dans le pays. L'enregistrement du mariage n'est plus à la mode, parce que les jeunes manquent de responsabilité", a commenté Svetlana Roudneva, présidente de la fondation "Famille et enfance".

"Nous penchons actuellement vers les valeurs occidentales. On a vu apparaître en Russie des self-made women, c'est-à-dire des femmes très instruites et bien rémunérées qui ne veulent pas se marier, affirme la psychologue Oksana Orlova. Ces derniers temps, j'ai un grand nombre de clientes de ce genre. Elles ont une maison, un emploi, des enfants et un mari qui vient visiter leurs enfants. Il se peut que l'attitude orientale envers la famille se répande à nouveau dans quelques années et que les jeunes se marient plus volontiers. Mais ce n'est pas pour tout de suite".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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