Les femmes sont peu attirées par la carrière professionnelle

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Par Mikhaïl Khmelev, RIA Novosti
Par Mikhaïl Khmelev, RIA Novosti

Parmi mes connaissances dont la majorité appartiennent à la génération sans doute la plus active dans la tranche d'âge des 25 - 35 ans, les ménages où "la plus belle moitié du genre humain" gagne plus que l'homme se comptent sur les doigts d'une seule main. En même temps, dans les familles des générations aînées, les femmes occupent beaucoup plus souvent une situation supérieure à celle de leurs maris. Quoi qu'il en soit, nul n'affirmera que toutes les femmes russes se passionnent pour la carrière professionnelle, voire pour des postes de mieux en mieux rémunérés. Dans leur majorité, nos femmes ne tiennent manifestement pas du tout à intervenir sur un pied d'égalité avec les hommes dans les affaires. Qui plus est, les milieux d'affaires dominés principalement par les hommes les soutiennent totalement. Et les statistiques ne font que le confirmer.

Selon un rapport de l'Economic Policy Institute, dans le monde entier, les femmes ne touchent que 74,7% du salaire d'un homme pour le même travail. Il y a dix ans, cet indice était de 75,7%. Il est vrai que ce genre de discrimination n'existe pas en Russie, mais les femmes ont cependant beaucoup moins que les hommes la possibilité de faire une carrière et surtout dans les hautes sphères de l'Etat ou les grandes sociétés. Dans les petites et moyennes entreprises (PME) où les femmes se voient accorder un choix très limité de postes, ces disproportions sont flagrantes.

Dans les grandes compagnies transnationales, on ne se soucie pas en règle générale du sexe du collaborateur en lui fixant son salaire. Ainsi, d'après un sondage effectué parmi les représentants du gros business en Russie par la compagnie PricewaterhouseCoopers conjointement avec le Centre d'étude des rapports homme/femme (Gender Studies) de Moscou, dans 89% des sociétés, il n'existe pas de distinctions dans les rétributions des hommes et des femmes occupant les mêmes postes. "Cette politique est aussi maintenue à l'égard des dirigeants du plus haut niveau. Selon notre sondage, le montant du salaire ne dépend pas du sexe dans 96% des cas", lit-on notamment dans une récente étude intitulée "Les chances de carrière des femmes dans le business". Dans le même temps, les auteurs de cet ouvrage ne nient pas que les femmes se montrent beaucoup moins énergiques que les hommes auprès de la direction quand il s'agit de demander une augmentation de salaire.

La politique des compagnies concernant le congé de maternité reflète, somme toute, davantage la vision "masculine" du problème. La plupart des sociétés (69%) ne réalisent aucun programme de recyclage à l'intention des femmes à l'issue de leur congé de maternité. Cela s'explique sans doute par le fait qu'on estime en règle générale que le congé de maternité ne se répercute pas sur la carrière ultérieure des femmes au sein de leurs compagnies (62%). Les allocations supérieures aux normes prévues par la législation du travail pour congé de maternité sont plutôt rares (et ne sont pratiquées que dans 38% des cas). En moyenne, les femmes sont en congé de maternité pendant dix-huit mois. Parmi les conditions supplémentaires, des horaires souples et une semaine de travail raccourcie pour les jeunes mères travaillant sont tout aussi rares (42% des compagnies seulement pratiquent ce système). Pire, 11% seulement des sociétés leur permettent de travailler chez elles, à la maison. 21% des compagnies n'accordent tels ou tels avantages à leurs collaboratrices que selon un arrangement individuel, quand il s'agit de certaines catégories de personnel ou de la hiérarchie administrative.

Or, la situation est parfaitement différente dans les petites et moyennes entreprises. Ce n'est pas que les femmes y soient discriminées en matière de rémunération du travail par rapport aux hommes ou qu'on les y surexploite, en les faisant travailler en plus des normes prévues par le Code du travail. Tout y est beaucoup plus simple: dans ce segment du business russe, les femmes ont en général beaucoup moins de chances de gravir les échelons et, par conséquent, beaucoup moins de possibilités que les hommes de gagner beaucoup d'argent. Pourtant, pour le nombre de femmes à des postes de responsabilité dans toutes les sphères de l'administration d'Etat et de la gestion économique, la Russie vient en première position dans le monde.

Comme le montrent les résultats de l'International business report, réalisé par l'organisation Grant Thornton International, à ce jour, les femmes sont présentes dans la plus haute direction de 73% des compagnies russes. Dans le top-management des sociétés russes, les femmes constituent 34%. A signaler que la diminution du nombre de femmes à des postes de responsabilité en Russie où la part des femmes dans la direction avait été encore en 2004 l'une des plus importantes dans le monde (il y a trois ans, en effet, 42% postes clés dans les compagnies russes étaient occupés par des femmes) a été une surprise désagréable pour les chercheurs.

Il n'en est pas moins vrai cependant qu'au sein de la plus haute direction en Russie, les femmes occupent toujours un spectre très limité de postes. Ce sont le plus souvent les postes de chef comptable et de chef du personnel. Qui plus est, la profession de comptable en Russie est, dirait-on, exclusivement féminine. 89% des chefs comptables dans le pays sont des femmes. Même chose à peu près pour les postes de chef du personnel - 62%. Mais dès qu'il s'agit des postes tels que directeur général, directeur financier ou membre du Conseil des directeurs, la part des hommes se monte respectivement à 96%, à 78% et à 86%.

Et bien que pour le recrutement des femmes dans la gestion des affaires, la Russie soit l'un des leaders parmi les pays industrialisés, cela ne change pratiquement rien à la situation générale. Bref, les femmes russes exploitent les possibilités de promotion professionnelle beaucoup moins efficacement que leurs collègues du sexe fort.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

 

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