Revue de la presse russe du 31 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï

Lavrov à Téhéran: les raisons d'une visite éclair

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est rendu mardi soir en Iran pour une brève visite inattendue. Pour le chef de la diplomatie russe, c'est déjà la deuxième visite en un mois à Téhéran. A la mi-octobre, il avait accompagné le président Vladimir Poutine lors de son voyage en Iran. Après le départ du président russe, les médias locaux et étrangers avaient fait état d'une proposition formulée par Vladimir Poutine aux Iraniens. Ali Larijani, alors secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran, avait été le premier à la mentionner: quelques jours plus tard, il fut privé de son poste.

"Les journaux abondent en informations sur le lien entre la démission d'Ali Larijani et la proposition russe", a déclaré au quotidien Vremia novosteï Nina Mamedova, chef de la section Iran de l'Institut d'orientalisme de l'Académie des sciences de Russie. "On peut attribuer la démission d'Ali Larijani à sa déclaration faite au sujet de la proposition de Vladimir Poutine, sans qu'il ait consulté au préalable l'ayatollah Khamenei, leader spirituel de l'Iran. Autrement dit, il s'est permis de parler au nom du dirigeant supérieur de l'Iran. Mais, sans la provoquer, cela a pu servir de prétexte pour sa démission", estime la spécialiste.

Mme Mamedova suppose que la Russie aurait pu proposer aux dirigeants iraniens de "créer sur le territoire de l'Iran une coentreprise russo-iranienne d'enrichissement de l'uranium avec la participation de compagnies occidentales, d'ailleurs, cette proposition aurait parfaitement pu bénéficier d'un soutien préalable de la part des Etats-Unis". Il se peut que Sergueï Lavrov se soit rendu hier à Téhéran pour recevoir la réponse à cette proposition. Cela expliquerait le secret entourant la visite: une publicité prématurée aurait pu faire échouer les accords intervenus avec les Iraniens.

Les négociations russo-iraniennes d'hier se sont déroulées dans un contexte favorable, à en juger par les discussions qui ont eu lieu la veille au cours de la séance plénière de l'Assemblée générale des Nations unies. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei a confirmé que l'Iran avait présenté à l'agence des informations supplémentaires et permis aux inspecteurs d'accéder à ses sites nucléaires en vue de régler plusieurs problèmes importants. Il a qualifié de "pas important fait dans la bonne direction" l'accord intervenu en août dernier avec l'Iran déterminant un plan de travail prévoyant le règlement de problèmes concrets relatifs à son programme nucléaire. Vitali Tchourkine, représentant permanent de la Russie à l'ONU, a également salué les ententes intervenues entre l'Iran et l'AIEA. "Il n'y a pas d'alternative raisonnable au règlement pacifique de ce problème", a souligné le diplomate russe.

Vedomosti/Gazeta.ru

Poutine condamne les répressions politiques: élan sincère ou coup de pub?

Le président russe a étonné les journalistes en célébrant mardi la Journée de la mémoire des victimes des répressions politiques, en se rendant pour la première fois au polygone de Boutovo, dans le sud de Moscou, où 20.765 Moscovites furent fusillés dans les années 1930.

Défenseurs des droits de l'homme et experts supposent que Vladimir Poutine pourrait avoir été guidé par des motifs politiques. Alexeï Makarkine, directeur général adjoint du Centre des technologies politiques, a déclaré à Gazeta.ru que M. Poutine voulait par ce moyen prendre ses distances avec le culte de la personnalité et avec Joseph Staline lui-même.

"Quelle que soit la raison de ce déplacement, qu'il s'agisse d'une tentative pour répondre à l'émotion de la société à l'occasion du 70e anniversaire de la "grande terreur", d'un désir sincère de prier pour les victimes innocentes ou de quelque considération politique que ce soit, c'est en tout cas un événement emblématique et positif", estime Arseni Roguinski, directeur de l'association Memorial.

Un autre défenseur des droits de l'homme, Lev Ponomariov, directeur exécutif du mouvement Pour les droits de l'homme, a été, quant à lui, moins diplomatique: "Poutine l'a fait pour que la Russie renvoie une meilleure image aux yeux de l'Occident, pour lui montrer que la Russie se développe en toute liberté, pour se blanchir. Mais ceci va à l'encontre de la réhabilitation de Staline qui est entreprise depuis quelques temps".

La déclaration du président, qui condamne sans équivoques les répressions et les arguments idéologiques qui les justifiaient, ne peut qu'être saluée, écrit Vedomosti. Elle peut mettre fin à la tendance alarmante de ces dernières années, lorsque rendre hommage aux victimes des répressions était devenu la prérogative des défenseurs des droits de l'homme et de l'opposition libérale, alors que les autorités évitaient soigneusement d'avoir affaire à tout ce qui était lié aux épisodes tragiques de l'histoire russe.

Pour l'instant, la conscience historique des Russes est divisée en deux: la part des sympathisants et celle des opposants de Staline sont à peu près égales, selon les sociologues, tandis que la figure de Lénine suscite plus de sympathie que d'antipathie.

Ce dédoublement est également présent au niveau de l'Etat. Certes, le président a condamné les crimes du passé. Mais dans le même temps, le pouvoir rétablit des éléments de ce passé qui lui semblent attrayants, tels que l'hymne stalinien, le drapeau rouge des Forces armées, les "corrections" publiques des représentants de l'intelligentsia artistique, les meetings devant les ambassades des pays antipathiques ou la baisse arbitraire des prix "dans l'intérêt des travailleurs". Ce qui est plus dangereux, c'est que le retour de ces attributs est accompagné de celui des signes patrimoniaux du système politique soviétique, lourd de l'isolation volontaire du pouvoir et de la perte de contrôle par la société.

Vremia novosteï

Manifestations pour un troisième mandat: la bureaucratie craint pour sa place

Des actions massives de soutien au troisième mandat présidentiel de Vladimir Poutine se sont déroulées ces dernières semaines à travers toute la Russie. Les parlements régionaux ont adopté, l'un après l'autre, des messages au président lui demandant de rester aux commandes après l'expiration de son mandat présidentiel au printemps 2008.

De telles initiatives ont lieu depuis longtemps, mais jamais elles n'avaient été aussi nombreuses et massives. L'envergure et la géographie de ces actions permettent de parler d'une campagne massive bien organisée. A présent, le parti Russie unie a l'intention de rejoindre le mouvement.

La ligne officielle du parti ne prévoyait pas jusque-là de troisième mandat pour Vladimir Poutine. Mais la position de Russie unie a changé, semble-t-il, lorsque le président a accepté de conduire sa liste aux élections parlementaires, sans pour autant adhérer au "parti du pouvoir". Boris Gryzlov, président de la Douma (chambre basse du parlement russe), a qualifié les élections législatives de référendum de confiance envers le chef de l'Etat. On se demande pourquoi il faudrait organiser un tel référendum si le président doit abandonner ses fonctions, conformément à la Constitution, dans moins de six mois?

Selon Mikhaïl Vinogradov, directeur général du Centre de conjoncture politique, "on le fait pour présenter le succès de Russie unie comme le succès de Vladimir Poutine et en vue de renforcer les positions de ce dernier après les élections législatives".

"Il s'agit plutôt d'une pression exercée par la bureaucratie russe sur Vladimir Poutine, estime Alexandre Konovalov, président de l'Institut d'analyses stratégiques. Je suis fermement persuadé qu'il voulait effectivement partir. Mais, à vrai dire, je commence à me perdre dans les différentes versions concernant ses intentions. D'abord, il a évoqué les fonctions de premier ministre, ensuite, il est revenu sur ses paroles. Il n'a encore aucun plan. Il resterait bien en tant que souverain suprême et leader politique absolu, comprenant qu'en Russie, il est impossible d'abandonner le pouvoir pour seulement six mois, pas plus d'ailleurs que pour une demi-heure".

En ce qui concerne le troisième mandat, la pression sur Vladimir Poutine se poursuivra, car, pour de nombreux représentants de l'élite au pouvoir, il s'agit de conserver non seulement leur source de revenus, mais aussi leur liberté personnelle", a résumé l'expert politique.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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