Revue de la presse russe du 11 janvier

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MOSCOU, RIA Novosti

Troud / Moskovski komsomolets

Rogozine à l'OTAN: provocation ou éloignement?

En désignant Dmitri Rogozine nouvel ambassadeur russe auprès de l'OTAN, Moscou, selon la plupart des experts, a souhaité jouer des muscles face à l'Alliance et se prépare à un dialogue tendu, indiquent les quotidiens Troud et Moskovski komsomolets dans leurs éditions de vendredi.

Cela dit, certains politologues appellent à ne pas surestimer le rôle du nouvel "homme de Moscou" à Bruxelles.

Du nouveau représentant de la Russie auprès de l'Alliance de l'Atlantique Nord, les médias occidentaux disent qu'il est à la fois "un leader nationaliste et un faucon diplomatique".

"En tenant compte du fait que Rogozine s'est fait remarquer ces dernières années par de véhémentes critiques de l'OTAN, et particulièrement de son élargissement, sa nomination en tant qu'ambassadeur russe auprès de l'Alliance témoigne indirectement du mécontentement des autorités russes par rapport à l'activité de l'OTAN", note Viatcheslav Nikonov, président de la fondation Politika.

L'analyste politique allemand Alexander Rahr se déclare quand à lui certain que cet homme politique ferme discutera avec l'OTAN dans une langue non-diplomatique: "Cet homme est un boxeur qui va chercher la bagarre avec l'OTAN."

Dmitri Danilov, qui dirige la section sécurité européenne à l'Institut de l'Europe de l'Académie russe des sciences, appelle cependant à ne pas chercher dans la nomination de Rogozine de signes annonciateurs de confrontation: "Affirmer que les relations peuvent s'aggraver en raison de telle ou telle nomination diplomatique est inexact. Le rôle de l'ambassadeur est de transmettre et retransmettre la politique de l'Etat. Que l'évolution positive des relations dépende de la personnalité de l'ambassadeur et de son énergie, c'est une autre question."

"Il est bien évident que Moscou a plus intérêt à avoir aujourd'hui à Bruxelles un nationaliste obéissant qu'un romantique obéissant", considère Alexeï Malachenko, membre du conseil scientifique du centre Carnegie de Moscou. L'expert fait ainsi référence à l'activité impétueuse de Dmitri Rogozine d'abord en tant que dirigeant du parti Rodina, connu pour avoir appelé à "nettoyer Moscou de ses ordures", sous-entendu les immigrés n'étant pas d'origine slave, puis au sein du parti La Grande Russie, professant des idées analogues et qui n'a toujours pas obtenu son enregistrement auprès des autorités. A présent, il n'aura plus le temps de s'occuper de semblables activités.

Vedomosti

Le fumeur russe a la tête particulièrement dure

La Russie a rejoint la convention de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la lutte antitabac, qui implique l'interdiction de la publicité, l'augmentation des taxes et la limitation du tabagisme dans les lieux publics, indique le quotidien Vedomosti dans son édition de vendredi.

La Russie a à présent cinq ans pour mettre en place ces mesures, mais le ministère russe de la Santé et du Développement social planche déjà sur une stratégie nationale de lutte contre le tabac.

Les propositions évoquées dans la convention sont des mesures traditionnelles de lutte contre le tabagisme, et dans certains pays elles donnent tout de même un certain résultat. Par exemple, dans de nombreux Etats de l'UE il est interdit de fumer dans les bars et de faire de la publicité pour les cigarettes. Selon les données de la Commission européenne, entre 2002 et 2005 le nombre de fumeurs dans l'UE s'est réduit 33 à 27%. Les données de l'OMS font état quant à elles d'une diminution du tabagisme en Europe entre 2002 et 2007 de 40,9% à 40% chez les hommes et d'une augmentation de 0,4% chez les femmes, à 18,2%.

Mais chaque pays est un cas à part. Par exemple, dans l'Etat le plus fumeur du monde, en Chine, seuls les hommes se détruisent ainsi la santé (60% contre 3% des femmes), alors qu'aux Etats-Unis les fumeurs et fumeuses sont en proportions comparables (24% et 18% respectivement): il faut tenir compte de tout ceci en établissant des stratégies antitabac. Les Européens sont réceptifs aux arguments et, si on leur explique que la cigarette représente un danger pour leur santé, ils arrêtent (progressivement) de fumer. Les fumeurs russes sont irrationnels et se rappellent que "vivre est dangereux pour la santé", ce qui explique le calme des producteurs de cigarettes: les méthodes traditionnelles ne seront probablement pas efficaces en Russie. Elles ont d'ailleurs déjà commencé à être appliquées: la publicité est interdite en extérieur, les taxes augmentent, bientôt les messages informant des dangers du tabac occuperont 30% du paquet.

Mais le nombre de fumeurs chez les hommes n'a pas pour autant diminué ces dernières années (ils sont environ 60%), et il a plus que quadruplé chez les femmes depuis 1992 (de 7 à 30%). Même la mesure lésant semble-t-il le plus les droits des fumeurs, à savoir l'interdiction de fumer dans les lieux publics, ne les rend pas pour autant égoïstes: selon les données du Centre Levada, 38% des fumeurs sont prêts à accepter l'interdiction de la cigarette dans les restaurants.

Pour parvenir à faire baisser le pourcentage de fumeurs en Russie, les fonctionnaires devront trouver une approche originale. Le Russe peut très bien fumer naturellement en sortant de la salle de sport, et la cherté de la cigarette ne lui fait pas peur. Si l'on considère que les Russes satisfaits et détendus fument moins, alors l'Etat russe devrait probablement étudier de près l'expérience de la France et élaborer pour la Russie "une politique d'élévation du bonheur".

RBK daily

Une nouvelle maison de cognac passe sous pavillon russe

Les acteurs du marché russe des spiritueux continuent à investir en France, puisque le russe Aroma a fait l'acquisition de la maison de cognac A. de Fussigny, qui s'occupera désormais de la production de ses marques, auparavant confiée à la société Cognac Ferrand, rapporte vendredi le quotidien RBK daily.

Aroma s'occupe de l'importation et de la distribution de produits alcoolisés de France, du Chili, d'Ecosse, du Mexique, d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne et des pays de la CEI. Elle occupe en Russie la seconde place pour les importations de cognac français avec 7% du marché.

La maison de cognac A. de Fussigny a été fondée au milieu du XIXe siècle et ne possède pas ses propres vignes. En Russie, selon les différentes classes, le cognac Fussigny se vend entre 56 et 256 euros la bouteille, et sa part sur le marché russe des cognacs français est insignifiante (données "Biznes Analitiki"). De janvier à octobre 2007, ce sont les marques Hennessy (42,8%) Rémy Martin (12,2%) et Martell (10,6%) qui bénéficient des plus grosses parts de marché.

Igor Komarov, directeur général d'Aroma, a accepté d'évoquer pour RBK daily certains détails de la transaction. Les négociations ont démarré l'été dernier, et l'affaire a été conclue le 28 décembre. "Cette acquisition va nous ouvrir le segment des cognacs très haut de gamme. En outre, ayant à présent notre propre production en France, nous serons en mesure de nous approvisionner en eaux-de-vie par nous-mêmes, ce qui nous apporte une grande pérennité à long terme", explique-t-il.

Le montant de la transaction n'a pas été communiqué, cependant, les experts s'accordent sur un chiffre minimum de 6-7 millions d'euros. Vadim Drobiz, directeur du Centre de recherches sur les marchés fédéral et régionaux des produits alcoolisés, estime quant à lui la transaction à 30 millions d'euros.

Aroma va donc retirer la production de cognac Nakhimov et de brandy Cherny Aist des locaux de la société Cognac Ferrand. Dès fin janvier, les premières bouteilles de ces deux marques sortiront des locaux de Fussigny. D'ici un an, Aroma souhaite élargir les capacités de production de la maison et augmenter les volumes de vente de ses marques. "Nous espérons cette année augmenter de 30% les volumes de vente de Cherny Aist, et ceux de Nakhimov d'au moins 20%, a confié M. Komarov.

"Du point de vue de l'importation en Russie d'une marque aussi rentable que Fussigny, c'est une bonne affaire", suppose Evgueni Kabaline, directeur général d'une entreprise de vins.

Cette acquisition est loin d'être la première du genre. En 2006, MVZ a racheté la maison de cognac Jenssen SAS, et au début de l'année dernière Russian Wine Trust la maison Croizet Eymard. "En cas d'entrée de la Russie dans l'OMC, la question de l'utilisation en Russie des appellations "cognac" et "champagne" se posera forcément, c'est pourquoi les compagnies russes achètent en prévision de cela des moyens de production en France", explique M. Drobiz.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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