Courrier des lecteurs JRM, 2008-03-06 10:27

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Les dernières années ont été caractérisées par un président US qui a joué au soldat, laissant le monde financier se livrer à des exactions financières sans merci, aussi bien dans le financement que dans la gestion d'actifs. Peu de banquiers ont imaginé que cela allait conduire à la caramélisation finale du dollar : le dollar jouissant d'une mystique divine selon laquelle il a pu être  l'étalon de référence incontournable depuis 1945.

Cela a permis, pendant 30 ans, à l'économie américaine de mener le monde et de vivre sur le dos des économies étrangères, sans avoir à se soucier des contre-performances économiques internes. La disparition de l'URSS n'est pas étrangère à cette  suprématie monétaire purement théorique.

La question est que le marasme financier est aujourd'hui si grave, qu'une simple récession paraît incapable de rétablir la production à un niveau correct. Les coûts de production et de distribution, telle que cette production et cette distribution sont organisées actuellement, sont incompressibles. La seule voie serait la stimulation de la demande par dissolution de l'épargne et par l'extension du crédit de consommation. Or, cela fait longtemps que ces moteurs-là tournent à plein régime : ce sont justement ces moteurs-là qui ont surchauffé, entraînant la dissolution de  l'épargne (une bonne part de celle-ci étant  investie sous forme de fonds de placement, lesquels fondent comme neige au soleil). Quant aux sociétés qui ont accordé des crédits aux consommateurs, elles déposent leur bilan.

Ceux qui croient que seuls les USA sont concernés, doivent bien réfléchir à la hausse folle des prix qui est survenue ces dernières années sur leurs propres marchés (Russie, Chine, Inde, Corée) : c'est là que l'on voit à quel point la crise est mondiale et n'épargnera personne. Mais ce sera dans des proportions variables. Par exemple,  les USA s'y attendaient et ils ont abaissé leur production depuis août 2007, tandis que de nombreux pays continuaient à croire à une croissance sans fin. Cette saine anticipation des USA pourrait induire à terme un retour vers l'investissement aux USA, les opportunités devenant attractives. Mais rien ne dit que cela suffira : il faudra d'abord que le reste du monde traverse la même passe.

Il était sage que la Russie constitue des réserves pour faire face à des baisses de prix sur matières premières, car les coûts de production sont excessivement élevés et le cours du pétrole non absorbable par les économies, de sorte que les réserves financières constituées pourraient n'être qu'à peine suffisantes pour couvrir la réduction des revenus du pétrole.

D'autres secteurs, tel l'immobilier et le commerce, n'ont pas la chance d'être couverts de la même façon. Ils ne constituent pas un refuge, mais un piège. D'ailleurs, partout, la rente immobilière est devenue complètement hors norme, ce qui devrait aboutir à un nombre croissant de surfaces commerciales vacantes, phénomène qui se maintiendra et s'étendra  jusqu'à ce que l'immobilier soit vendu à la casse, ce qui permettra de retrouver une rente immobilière normale. C'est ainsi que les crises se sont toujours dénouées. Paradoxe : cette liquidation est d'autant plus lente que l'endettement est moindre ! Le propriétaire immobilier qui ne doit rien à la banque est d'autant plus lent à se faire à l'idée de perdre son argent qu'aucun créancier hypothécaire n'est là pour le mettre face à la réalité économique.

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