Revue de la presse russe du 20 mai

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

En le menaçant, Moscou aidera Saakachvili à renforcer son pouvoir

A la veille des élections législatives, prévues le 21 mai en Géorgie, des informations circulent selon lesquelles il existerait un "plan secret" en vertu duquel pourrait s'effectuer la normalisation si longtemps attendue des relations abkhazo-géorgiennes, indique mardi le quotidien Kommersant.

Cependant, on a du mal à croire que de tels miracles puissent survenir à la veille des élections. On a plutôt l'impression que la situation autour des républiques autoproclamées risque de s'aggraver encore davantage.

Si l'on s'en tient au fair-play, demain, le parti au pouvoir "Mouvement national - Démocrates" ne recueillera sans doute pas autant de voix qu'il en possède aujourd'hui. Or, le pouvoir continue avec obstination de croire que le peuple l'aime plus que tout autre chose au monde. Naturellement, dans un tel contexte, le "parti du pouvoir" a besoin d'un "facteur extérieur" qui, utilisé de manière adéquate, pourrait lui apporter des points supplémentaires. Ce facteur réside en premier lieu dans les problèmes abkhaz et sud-ossète, dont le règlement se trouve aujourd'hui au même point que lorsque Mikhaïl Saakachvili commençait sa carrière de leader national, en pleine "révolution des roses".

Tout récemment, Saakachvili, selon ses "compagnons d'armes", a eu un entretien pénible avec Vladimir Poutine. Les dialogues de ce genre n'ont jamais de conséquences positives. Les soldats de la paix russes ont déjà reçu la consigne "d'agir en fonction de la situation" (ce qui signifie en fait être prêts à d'éventuelles hostilités).

L'aggravation de la situation pourrait également faire le jeu du président géorgien, qui aspire à utiliser le facteur de la menace extérieure pour réunir la société autour du "parti du pouvoir". Le message de Saakachvili est le suivant: comment peut-on ébranler le pouvoir depuis l'intérieur lorsque des ennemis sont en train de l'ébranler depuis l'extérieur? En fin de compte, Moscou aide en quelque sorte son opposant, en commettant une erreur déjà faite à plusieurs reprises par le passé.

Par Andreï Malachenko, expert du Centre Carnegie de Moscou.

Gazeta.ru

La guerre contre la corruption aura-t-elle lieu?

La mise en oeuvre du plan structurel de lutte anticorruption préconisé par le nouveau président russe conduira au démantèlement du système instauré par Vladimir Poutine, lit-on mardi dans le journal Gazeta.ru.

Si Dmitri Medvedev fait preuve d'une réelle volonté de lutter contre la corruption dans le pays, nous assisterons, au lieu de la continuité, à un changement fondamental de politique.

Dmitri Medvedev a fait des remarques très justes au cours de la réunion au Kremlin consacrée à la lutte anticorruption: "Il faut faire quelque chose. On ne peut plus attendre. La corruption est devenue un problème structurel auquel nous devons trouver une réponse structurelle".

Ces paroles constituent la reconnaissance du fait que la corruption est devenue aujourd'hui un véritable système de fonctionnement de la machine d'Etat et - plus largement - des contacts de la société et des agents économiques avec l'Etat, qu'elle n'est nullement une exception à la règle ou un écart par rapport à la norme.

Qui plus est, pour l'instant, il n'y a pas de raisons d'estimer que, dans la lutte contre ce mal qui représente, selon le président Medvedev, "une menace pour la sécurité de l'Etat" et qui "corrompt les milieux d'affaires", des changements réels puissent survenir. Par exemple, le chef de l'Etat a fait une déclaration sur "la transparence des procédures effectuées par l'Etat dans le domaine des travaux, des appels d'offres et des règlements administratifs". Cependant, Gazprom, dont Dmitri Medvedev a été de nombreuses années membre du conseil des directeurs, a reçu 9 gisements début mai sans appels d'offres, et, un mois plus tôt, l'immense gisement de Tchaïanda (Iakoutie), dont le monopole gazier n'entamera probablement pas l'exploitation avant une dizaine d'années.

Il est également quelque peu naïf de parler d'un "ensemble de mesures destinées à lutter contre les prédateurs", alors même que le principal prédateur du pays n'est autre que l'ensemble des structures de force du pouvoir d'Etat, et que la conversion des pouvoirs des fonctionnaires en biens et en argent est devenue presque l'unique objectif de leur travail.

Un conseil anticorruption dirigé par le premier ministre Mikhaïl Kassianov avait également existé au début de la présidence de Vladimir Poutine. Ce dernier, ses procureurs généraux et d'autres hauts fonctionnaires avaient employé les mêmes mots que l'actuel chef de l'Etat pour qualifier la corruption. Mais rien n'a changé. Par conséquent, beaucoup craignent que cette campagne anti-corruption ne se réduise à nouveau à une banale opération publicitaire, cette fois-ci, du faible président Dmitri Medvedev. Alors que le tout-puissant premier ministre Vladimir Poutine va "régler des problèmes" en réduisant par exemple l'impôt sur le secteur pétrolier, au sein duquel les postes de direction ont été occupés, non sans recours aux prédateurs et à des schémas de corruption, par des amis de l'actuel chef du gouvernement, à l'instar de l'affaire bien connue de Baikalfinancegroup.

Kommersant

Caspienne: l'Azerbaïdjan et le Turkménistan bientôt reliés par un gazoduc direct

Après une longue période de refroidissement, le Turkménistan et l'Azerbaïdjan commencent à retrouver un langage commun, les leaders des deux pays ont débattu pour leur première rencontre hier à Bakou de la possibilité de construire un pipeline transcaspien partant de l'Asie centrale et contournant la Russie, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Le point principal de l'ordre du jour était connu d'avance. Peu avant l'arrivée du président turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov à Bakou, le ministre azerbaïdjanais de l'Industrie et de l'Energie Natik Aliev avait laissé entendre que les deux présidents avaient l'intention de mettre l'accent sur la coopération énergétique: "Il s'agit de réunir les infrastructures des gisements maritimes de l'Azerbaïdjan et du Turkménistan, de relier les oléoducs et gazoducs, ainsi que de s'apporter une assistance mutuelle dans le transport des ressources énergétiques".

Les Etats-Unis et l'UE mûrissent depuis longtemps le projet de construction d'un pipeline contournant la Russie: l'année dernière, le Département d'Etat américain avait même accordé une subvention pour le dossier de faisabilité du projet. Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures, s'est rendue en avril à Achkhabad et est parvenue à s'entendre pour que le Turkménistan réserve en 2009 10 milliards de mètres cubes de gaz pour l'UE. Gourbangouly Berdymoukhammedov a également assuré Bruxelles que l'UE pourrait participer aux appels d'offres pour la mise en valeur de nouveaux gisements au Turkménistan. Benita Ferrero-Waldner a évoqué la possibilité de poser un gazoduc sur le fond de la Caspienne en tant que variante préférable pour le transport des matières énergétiques. Si ce gazoduc de 200 km de long est construit (son coût pourrait dépasser un milliard de dollars), le gaz pourra être ensuite transporté par le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum d'un rendement de 8 milliards de mètres cubes par an. Dans ce cas, le Turkménistan serait une des bases de ressources pour le gazoduc Nabucco passant par la Turquie vers l'UE, et que Bruxelles rêve de construire.

Selon les experts, la probabilité d'une entente entre Bakou et Achkhabad est grande. Mikhaïl Kortchemkine, directeur de l'agence East European Gas Analysis, estime que, "du point de vue économique, le projet promet d'être avantageux, pour le Turkménistan, il sera même plus avantageux que le gazoduc caspien proposé par la Russie". De l'avis de l'expert, "les frais de transport du projet transcaspien sont bien plus bas et il se peut que le Turkménistan n'ait aucune dépense à faire pour sa construction". Par conséquent, estime M. Kortchemkine, le Turkménistan aura une importante liberté de manoeuvre dans le choix des itinéraires de transport pour son gaz, alors que les positions de Gazprom pourraient être sérieusement ébranlées.

"Même la mise en oeuvre des contrats de Gazprom au Turkménistan peut être en danger, car la longévité moyenne d'un contrat dans ce pays est de 6 à 9 mois", a déclaré le directeur d'East European Gas Analysis.

Vedomosti

Le patron de Gazprom a empoché 7 millions de dollars pour 2007

En tant que président des différents conseils des directeurs des filiales de Gazprom, Alexeï Miller gagne plus qu'à son poste de président du conseil d'administration de la plus grande compagnie gazière du monde, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

Gazprom n'a révélé le salaire d'Alexeï Miller, établi "selon les critères du marché" (1,4 million de dollars par an), qu'en 2006, au moment de l'approbation d'un programme de stock-options. Comme il ressort d'un rapport de la compagnie, en 2007, Gazprom a versé au total à ses hauts dirigeants près de 663 millions de roubles (près de 28 millions de dollars): en moyenne, 39 millions de roubles (1,64 million de dollars) à chacun des 17 membres du conseil d'administration (contre 25 millions de roubles, soit un peu plus d'un million de dollars, en 2006).

Le revenu d'Alexeï Miller en tant que président du conseil des directeurs de GazpromNeft, de Gazprombank et de Sogaz (pour son travail effectué de juin 2006 à juin 2007) a dépassé 124,5 millions de roubles (5,24 millions de dollars), et ce, sans même tenir compte de sa présidence de Gazprom Média et de NPF Gazfond. Gazprombank, la filiale la plus généreuse du consortium, a versé en 2007, en moyenne, 85 millions de roubles (3,57 millions de dollars) à chacun de ses directeurs. GazpromNeft a viré à Alexeï Miller environ 38,5 millions de roubles (1,62 million de dollars), Sogaz, un million de roubles (421.000 dollars). Alexeï Miller a également reçu un bonus de 16,2 millions de roubles (682.000 dollars) en tant que vice-président du conseil des directeurs de Gazprom. Sa rémunération totale dépasse les 7 millions de dollars d'après le cours moyen de la Banque centrale de Russie.

Le conseil des directeurs de Gazprom examinera demain les projets de décisions à soumettre à l'assemblée annuelle des actionnaires prévue pour le 27 juin, entre autres, les versements à ce même conseil des directeurs pour son travail accompli de juin 2007 à juin 2008. Comme l'ont fait savoir au quotidien Vedomosti deux sources proches du conseil, il est prévu de payer à Alexeï Miller environ 17,5 millions de roubles (737.000 dollars) en tant que vice-président du conseil des directeurs et 15 millions de roubles (632.000 dollars) à chaque membre du conseil. En cas d'adoption d'une décision favorable, le bonus d'Alexeï Miller sera donc de 8% plus élevé que celui de l'année dernière (il est prévu d'accroître les dividendes de 5%). Il s'agira du plus important revenu d'Alexeï Miller à ce poste. Mais, auparavant, il a augmenté plus vite: en 2005, il est passé de 1 à 6 millions de roubles, en 2006, à 15 millions de roubles.

GazpromNeft propose d'accorder un bonus aux directeurs selon la même formule que l'année dernière: en fonction de l'accroissement du bénéfice net (selon les normes comptables russes), a déclaré une source proche de la compagnie. Le bénéfice de 2006 a augmenté de 48%, contre seulement 26,5% en 2007. Alexeï Miller, président du conseil, recevra une récompense d'environ 30 millions de roubles (1,26 million de dollars), fait savoir l'interlocuteur.

Dans l'ensemble, les revenus d'Alexeï Miller provenant de Gazprom et de ses filiales sont comparables à ceux de ses collègues des différentes multinationales. Par exemple, le patron de Shell, Jeroen Van der Veer, a gagné en 2007 près de 9 millions de dollars (salaire, bonus, options, etc.). Par conséquent, les revenus du dirigeant d'une entreprise comme Gazprom (troisième au monde pour la capitalisation avec 365,8 milliards de dollars) doivent constituer, même sans tenir compte des filiales et des options, environ 10 millions de dollars, estime Lia Kouptchina, partenaire gérante de TopContact.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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