Avec le MiG-35, l'Algérie gagne au change

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le "scandale algérien" de 2007 a porté un des coups les plus durs de l'histoire à la réputation du complexe militaro-industriel russe. La résiliation d'un contrat de 1,3 milliard de dollars prévoyant la livraison de 34 MiG-29 et le renvoi de 15 avions déjà fournis, car "ces appareils étaient dotés de pièces usées ou de mauvaise qualité" n'avait eu aucun précédent dans l'histoire de la Russie.

Plusieurs spécialistes ont vu dans cet incident le signe d'une crise profonde dans l'industrie d'armements russe, perdant sa capacité à fabriquer en série du matériel de guerre complexe. Des informations relatives à des négociations au sujet de la livraison éventuelle à l'Algérie de chasseurs Su-35 sont apparues au printemps 2008. On a appris dernièrement, au cours d'une récente conférence de presse qui s'est tenue dans le cadre du Salon aérospatial ILA-2008, que Rosoboronexport (agence d'exportation d'armes russes) avait l'intention de proposer à ce pays des chasseurs MiG-35.

D'ailleurs, le "scandale algérien" est une affaire trop obscure pour pouvoir en tirer des conclusions sur les capacités de l'industrie russe. Certains experts supposent que l'incident a été provoqué par des firmes européennes spécialisées dans la construction de matériel aéronautique afin d'évincer la Russie d'un marché avantageux. Quant aux Algériens, en soutenant ce scandale, ils pouvaient espérer conclure un nouveau contrat à des conditions plus avantageuses que le précédent.

Le fait que les producteurs de matériel de guerre emploient diverses méthodes à des fins de concurrence n'a rien de nouveau. Il suffit de rappeler le scandale de 2006-2007 autour des livraisons de chasseurs britanniques à l'Arabie Saoudite, lorsque les représentants de la corporation BAE Systems furent accusés d'avoir soudoyé les membres de la famille royale. Bien qu'il s'agisse d'événements qui se sont produits il y a 20 ans, cette histoire a failli saper un contrat de plusieurs milliards de dollars pour la livraison de chasseurs ultramodernes Typhoon.

Le scandale a été étouffé. L'attorney général (procureur) de Grande-Bretagne, lord Goldsmith, mit fin à l'enquête "dans l'intérêt de la sécurité de la Grande-Bretagne". De nombreux experts estiment que ces informations de plus de 20 ans ont été ressorties par les services secrets français dans l'intention d'assurer ainsi la victoire à leur chasseur Rafale dans l'appel d'offres saoudien.

En revenant au sujet algérien, on peut constater que, grâce à ce scandale, l'Algérie a reçu la possibilité d'acquérir les avions russes les plus modernes. Qu'apporteront aux forces aériennes de ce pays les chasseurs MiG-35, s'ils sont livrés?

Les Mig-29 et les Mig-35 n'ont en commun que leur aspect extérieur. Les équipements ont subi des changements considérables. Le MiG-35 est doté d'un nouveau système de conduite de tir comprenant un radar à antenne réseau à commande de phase et assurant des tirs "multicibles simultanées" avec l'emploi de missiles ultramodernes. En outre, cet appareil a reçu la possibilité d'employer des munitions modernes "air-sol", ce qui permet de considérer le MiG-35 non pas comme "un chasseur de suprématie aérienne", comme le MiG-29, mais comme un "chasseur polyvalent".

La cabine des pilotes est dotée d'écrans à cristaux liquides polyvalents, et du système HOTAS (hands on throttle-and-stick, mains sur manche et manettes) qui permet au pilote de manipuler tous les systèmes sans avoir à lever les mains des manettes de commande de l'avion et des moteurs.

Les tuyères à poussée vectorielle orientable ont permis de considérablement accroître la manoeuvrabilité de l'avion, augmentant ainsi ses chances de remporter un combat rapproché, et assurent la possibilité d'esquiver un missile lancé à grande distance.

L'existence d'une version biplace de l'avion, le MiG-35D, qui n'a rien à envier au monoplace en matière de performances des équipements électroniques, permet de former des groupes d'avions mono- et biplaces capables d'accomplir les missions les plus complexes. Au sein de ces groupes, les biplaces sont utilisés comme des appareils de commandement d'où sont coordonnées les actions de tout un maillon ou d'une escadrille.

Par rapport au Su-35, dont les livraisons éventuelles à l'Algérie ont été susmentionnées, les MiG ont certainement des capacités combatives inférieures, tout d'abord, parce que leur rayon d'action, leurs armements et la puissance de leur radar sont moindres. Mais le coût élevé des Sukhoi les rend moins compétitifs sur le marché. En outre, pour le théâtre d'opérations relativement étroit des forces aériennes algériennes, un chasseur lourd est tout simplement superflu, estiment de nombreux experts.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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