Revue de la presse russe du 3 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

L'Europe ne sait pas quelle politique appliquer à l'égard de la Russie

L'APCE a adopté jeudi une résolution portant sur les conséquences de la guerre entre la Russie et la Géorgie.

Bien que le texte se soit révélé relativement sévère, Moscou a tout de même réussi à neutraliser la principale menace, et notamment à retirer du texte l'amendement prévoyant de priver automatiquement la délégation russe du droit de vote à l'APCE si la Russie ne revenait pas sur sa reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.

La participation au Conseil de l'Europe, créé en vue de promouvoir les "valeurs européennes", est un héritage de l'époque où Moscou cherchait à prouver son attachement à ces valeurs. Dans les années 1990, la participation de la Russie à des "clubs" était une question de prestige, mais également d'identification: le pays souhaitait avoir sa place parmi les nations "civilisées".

Aujourd'hui, les objectifs sont les mêmes, le prestige et l'identification, mais les réponses, elles, sont à l'opposé: il importe de prouver que la Russie a le droit d'agir en pôle indépendant. La manière dont cela pourrait être réalisé au sein d'une organisation appelée à symboliser l'esprit d'intégration spirituelle et politique n'est cependant pas tout à fait claire encore.

La fin de la guerre froide n'a pas marqué le début de l'établissement d'un nouvel ordre mondial et européen. Au lieu de créer des institutions reflétant les changements de réalités, un autre choix a été fait: transformer les structures ayant existé dans le cadre du bloc occidental "vainqueur" en structures universelles. Au cours de la dernière décennie, cette approche semblait avoir été bien choisie: les intéressés faisaient la queue pour adhérer à toutes les institutions du "monde libre", allant de l'OMC et du FMI au Conseil de l'Europe, l'OTAN et l'Union européenne.

Cependant, il est assez vite devenu évident que l'élargissement de la zone d'influence occidentale ne pouvait s'effectuer que grâce à la singularité de cette époque de l'Histoire. La Russie se trouvait alors en "knock-out politique" et la Chine était encore entièrement concentrée sur ses problèmes politiques intérieurs. Cette période a duré environ dix ans, mais a fini par s'achever. Deuxièmement, la capacité d'adaptation des anciennes institutions aux nouvelles circonstances s'est révélée très restreinte. Celles-ci n'arrivent tout simplement pas à accomplir la mission qui leur était assignée.

Il est difficile d'évaluer le triomphe de la politique réelle dans les termes utilisés par le Conseil de l'Europe. D'autant qu'outre les aspects politiques et humanitaires, il existe encore des intérêts mercantiles: d'une part, on veut punir la Russie, et d'autre part, personne n'a intérêt à perdre un important investisseur financier.

Quoi qu'il en soit, l'Europe devra finalement élaborer un nouveau système de sécurité, qui devra certainement comprendre une structure susceptible de servir de plate-forme de discussion. Le Conseil de l'Europe, la plus ancienne des organisations européennes en place, pourrait bien assumer ce rôle. D'autant que personne - y compris la Russie, critiquée en permanence - ne conteste son mandat et ses compétences, à la différence, par exemple, de l'OSCE. Mais pour ce faire, tout le monde doit reconnaître que le monde a changé et que les événements ne se sont pas déroulés de la façon prévue au début des années 1990.

Par Fedor Loukianov, rédacteur en chef du magazine "Rossia v globalnoï politike" ("La Russie dans la politique globale").

Nezavissimaïa gazeta

Russie-Ukraine: Iouchtchenko accusé d'être à l'origine des livraisons illégales d'armes

Le conflit entre la première ministre et le président ukrainiens ne cesse de s'aggraver et pourrait se solder par un scandale international.

Mercredi dernier, Ioulia Timochenko a avoué que l'Ukraine avait effectué des livraisons illégales d'armes. Cette déclaration a eu lieu au même moment que la révélation d'un autre scandale: les dirigeants de l'Ossétie du Sud ont accusé les autorités ukrainiennes d'avoir livré en toute illégalité des armes à la Géorgie.

Timochenko a indiqué à la presse, que le gouvernement disposait de preuves de ces livraisons mais qu'elle doutait que le président et le Conseil de sécurité nationale permette d'ouvrir une enquête indépendante.

Un rapport de l'expert de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), Paul Holtom, rendu public mercredi dernier, affirme que Kiev aurait livré des armes à des pays engagés dans des conflits régionaux. Le texte indique qu'en 2006-2007, l'Ukraine aurait livré des armes d'infanterie en Azerbaïdjan, en Géorgie, au Tchad, au Kenya et en Lybie. Les représentants de l'opposition ukrainienne estiment que l'inquiétude des Européens ne fera que s'aggraver suite à la capture par des pirates somaliens du cargo Faïna, transportant des chars ukrainiens au Kenya.

Kiev a expliqué qu'il n'existait aucune sanction internationale contre la Géorgie, ce qui rendait les livraisons d'armes dans le pays tout à fait légales. Des députés de l'opposition ont cependant soupçonné qu'une partie de ces livraisons ait pu être effectuée en secret, et ont créé une commission d'enquête. Les membres de la commission, Valeri Konovaliouk et Valeri Bondik ont affirmé à la presse que "l'incendie qui a eu lieu fin août dans des dépôts de munitions à Kharkiv, aurait pu être volontaire, et ce, dans le but d'effacer les traces de la contrebande".

Le rapport préalable de la commission indique que les livraisons d'armes de contrebande à des prix de dumping dans le pays ont effectivement eu lieu, et que Viktor Iouchtchenko lui-même a dirigé l'opération. "On peut considérer comme prouvé le fait qu'un préjudice énorme a été sciemment porté à la capacité défensive du pays. On a retiré du service des groupes entiers de systèmes de missiles sol-air pour les envoyer en Géorgie à vil prix... Cinq systèmes modulaires très modernes Shkval ont été vendus à la Géorgie au lieu d'être livrés à notre armée", a indiqué M. Konovaliouk.

Les experts font remarquer que, selon la loi, le premier ministre doit normalement signer tous les contrats portant sur des exportations d'armes, mais Ioulia Timochenko aurait pu ne pas être au courant de ces transactions, étant donné qu'il s'agissait de contrebande. "Le président aurait pu encourager ce processus en raison de sa solidarité politique envers Saakachvili et des accords officiels entre l'Ukraine et la Géorgie", estime l'analyste politique ukrainien Vladimir Fessenko.

Les experts affirment que ce scandale rendra plus difficile le dialogue entre Iouchtchenko et ses partenaires étrangers, et qu'il pourrait même se solder par des poursuites judiciaires contre le président ukrainien. Les membres de la commission parlementaire doutent cependant qu'il soit possible de prouver la participation du chef d'Etat à ces livraisons illégales d'armes.

Gazeta, RBC Daily, Vedomosti

Gisement Ioujno-Rousskoïe: Gazprom signe un accord avec E.ON

Après cinq ans de négociations, l'Allemand E.ON a reçu une part de 25% dans le gisement gazier Ioujno-Rousskoïe, l'un des plus grands projets de Gazprom, en échange de 1,44% des actions du monopole russe.

L'échange d'actifs devrait avoir lieu le 1er janvier 2009 et la transaction devrait être finalisée au 2e semestre de 2009. Le service de presse du monopole russe souligne qu'E.ON gardera les 3,5% d'actions de Gazprom restantes en sa possession.

Selon le président du géant gazier russe Alexeï Miller, cet accord est un marché très avantageux pour Gazprom et un véritable honneur pour E.ON. "N'importe quelle compagnie ne peut pas devenir notre partenaire dans l'extraction", a-t-il expliqué à la presse.

Les experts partagent pour la plupart l'enthousiasme du président de Gazprom, en indiquant que cet accord a consolidé le statut de l'Allemagne en tant que partenaire le plus important de la Russie dans le domaine de l'énergie. Les analystes estiment cependant que les conditions du marché témoignent de la victoire stratégique d'E.ON. Le groupe gazier allemand est en fait parvenu à garder sa position prédominante dans les actifs-clés du secteur énergétique en Europe: Gazprom avait initialement envisagé d'obtenir des paquets d'actions considérables dans les filiales européennes d'E.ON en échange d'une part dans le gisement Ioujno-Rousskoïe.

Selon l'analyste de la compagnie d'investissement Veles Kapital, Dmitri Lioutiaguine, il est assez avantageux pour Gazprom d'acquérir ses actions, car le gouvernement russe possédera enfin de facto plus de 50% du monopole. De plus, quand la capitalisation du géant russe augmentera, il pourra utiliser une partie de ces titres pour acheter des parts dans d'autres projets, notamment à l'étranger. Ce marché est aussi important du point de vue politique: c'est le premier accord qui est signé après l'aggravation des relations entre la Russie et l'Occident due au conflit osséto-géorgien.

Le directeur de la société de conseil East European Gas Analysis, Mikhaïl Kortchemkine estime cependant que cette transaction est loin d'être une réussite, car Gazprom n'a pas réussi à obtenir les actifs hongrois d'E.ON, ce qui était prévu dans l'accord de 2006.

Le gisement Ioujno-Rousskoïe n'est pas très important si on le compare à des géants tels que le gisement d'Ourengoï, Iambourg ou Zapoliarnoïe: en 1978, par exemple, c'est 276 milliards de m3 de gaz qui ont été extraits du gisement d'Ourengoï, ce qui correspond à la moitié du niveau actuel d'extraction annuelle de Gazprom. Il reste cependant un des gisements les plus importants et tombe sous le coup de la loi sur les investissements étrangers, adoptée au printemps dernier. Le Service fédéral de politique antimonopole n'a pas encore reçu la requête d'E.ON sur ce marché, indique Svetlana Levtchenko, chef du département au FAS. Selon le règlement du service, l'examen de telles requêtes prend entre trois mois et six mois maximum.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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