Revue de la presse russe du 27 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta

Rouble: la dévaluation inévitable selon les économistes

Les dirigeants de la Banque centrale et les membres du gouvernement russe ont promis tout au long du week-end d'empêcher une brusque dévaluation et de brusques fluctuations du rouble, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les experts ont retenu l'apparition du mot "brusque" dans les dernières déclarations officielles. Certains économistes estiment que la dévaluation est inévitable et font des parallèles avec 1998.

Le premier vice-premier ministre Igor Chouvalov a déclaré dimanche que la Banque de Russie disposait de toutes les possibilités en vue d'empêcher de brusques fluctuations du cours du rouble. Un jour avant lui, des déclarations analogues concernant une "brusque dévaluation" avaient été faites par le premier vice-président de la banque centrale Alexeï Oulioukaïev.

De nombreux économistes ne croient pas aux promesses des fonctionnaires. "La dévaluation du rouble est aujourd'hui inévitable, tout comme elle était inévitable en 1998, estime Mikhaïl Khazine, président de la compagnie Neokon. Depuis 2003, les banques et entreprises russes ont emprunté abondamment des dollars, n'ayant pas la possibilité de recevoir des crédits en roubles. Le comportement du gouvernement avait été le même à la veille de la crise financière de 1998. Mais à ce moment-là, les banques avaient échangé de l'argent pour leurs agents, afin qu'ils puissent intervenir sur le marché des bons du Trésor. Par conséquent, il n'est pas surprenant qu'une même politique conduise pour la deuxième fois au même résultat: une dévaluation inévitable du rouble".

Selon Mikhaïl Khazine, le gouvernement ne peut choisir qu'entre une dévaluation graduelle ou brusque du rouble.

"A la veille de la crise financière de 1998, la Banque centrale avait accordé aux banques des crédits de stabilisation qui furent immédiatement échangés contre des devises étrangères et quittèrent le pays. La même chose se produit aujourd'hui: la Banque de Russie accorde aux banques des liquidités qui sont immédiatement échangées contre des devises étrangères", indique Mikhaïl Deliaguine, directeur de l'Institut des problèmes de la mondialisation.

D'après ses données, les paiements des banques et compagnies russes pour les crédits extérieurs constitueront au quatrième trimestre environ 53 milliards de dollars, alors qu'en seulement un mois, la réduction des réserves de change a dépassé 45 milliards de dollars. "La dynamique des réserves prouve que l'argent alloué pour soutenir les banques est échangé contre des devises étrangères, exerçant une pression sur le rouble. De même qu'en 1998, la banque centrale feint de contrôler l'utilisation par les banques de l'aide de l'Etat", souligne M. Deliaguine.

"Compte tenu des cadences actuelles de dépense des réserves de change, celles-ci pourraient manquer avant la nouvelle année, car une partie des réserves se trouve dans des instruments à bas niveau de liquidité, ce qui empêche de les utiliser rapidement. Autrement dit, une partie considérable des réserves de change n'existe que sur le papier, et non pas réellement", a déclaré Mikhaïl Khazine. En outre, selon lui, il y a un danger théorique de défaut de paiement de grandes compagnies pétrogazières comme Gazprom ou Rosneft, c'est pourquoi des réclamations de la part des créditeurs pourraient être adressées aux grands gisements russes de pétrole et de gaz.

SmartMoney

Abramovitch n'a plus d'argent pour le football

Si la sélection russe de football entraînée par Guus Hiddink a créé l'exploit en participant aux demi-finales de l'Euro, dès le mois d'août, la fondation "Académie nationale de football" créée par Roman Abramovitch a cessé de payer son salaire à l'entraîneur, lit-on lundi dans le magazine SmartMoney.

A l'heure actuelle, le travail du Hollandais est rémunéré par la Fédération russe de football. Il s'agit d'une somme importante: d'après une information informelle, Guus Hiddink toucherait environ 14 millions d'euros par an, dont la moitié est constituée d'impôts.

Il se peut que Roman Abramovitch manque d'argent, l'oligarque dépense en effet des sommes astronomiques pour le football. Par rapport aux dépenses pour Chelsea, le salaire de Guus Hiddink est même une bagatelle. D'après les renseignements dont dispose la presse britannique, le club londonien doit à Roman Abramovitch environ 730 millions de livres sterling. Si l'on prend en considération la réduction, ces deux derniers mois, de sa fortune de 15 milliards de dollars, à en juger par la valeur sur le marché des actifs qu'il contrôle, et le fait que le principal actif de Roman Abramovitch - EvrazHolding - ne pourra probablement pas payer à son actionnaire principal des dividendes importants en raison de la baisse de la demande, l'oligarque doit réfléchir sur le bien-fondé de telles dépenses pour le sport. En tout cas, Bruce Buck, président de Chelsea, a déjà déclaré qu'il avait l'intention de réduire considérablement les dépenses du club.

Une vague de faillites pourrait bientôt déferler sur les équipes sportives. David Triesman, président de la Fédération anglaise de football, a récemment déclaré que la dette commune des clubs britanniques atteignait environ 3 milliards de livres sterling. En fait, il est impossible de se procurer cette somme: de nombreux annonceurs, comme les banques ING et Royal Bank of Scotland, ou encore la compagnie d'assurances AIG, sont confrontés à d'immenses problèmes, et réduisent déjà leurs dépenses publicitaires et le financement des équipes sportives.

Aussi étrange que cela paraisse, le sport en Russie se retrouve dans une situation plus avantageuse qu'en Amérique ou en Europe. Et ce n'est pas parce que les principaux sponsors, comme Gazprom ou RZD, ne sont pas encore confrontés à de graves problèmes. Tout simplement, les dépenses des équipes russes sont encore bien moins élevées qu'en Occident. En outre, les problèmes du marché de la pub ne les concernent pas encore.

Vedomosti, RBC Daily

Sanctions américaines contre Rosoboronexport: une punition pour la politique envers l'Iran?

Le gouvernement américain a introduit des sanctions contre le monopole russe d'exportation d'armes Rosoboronexport, ce que d'aucuns considèrent à Moscou comme une punition pour la position obstinée de la Russie sur la question iranienne, lit-on lundi dans les quotidiens Vedomosti et RBC Daily.

Les responsables de Rosoboronexport affirment que ces sanctions ne sont qu'un moyen de justifier une concurrence déloyale.

Le gouvernement américain a annoncé le 23 octobre l'introduction de sanctions contre le monopole russe d'exportation d'armements Rosoboronexport et encore 12 entreprises d'autres pays du monde en raison de violations de la loi sur la non-prolifération des armes de destruction massive en Iran, en Syrie et en Corée du Nord. La loi interdit aux organisations gouvernementales américaines de coopérer sous quelque forme que ce soit durant les deux prochaines années avec les compagnies sanctionnées, c'est-à-dire de signer des contrats avec eux, de garantir des crédits, etc. C'est la troisième fois que Rosoboronexport tombe sous le coup de cette loi américaine, en vigueur depuis la fin des années 1990. De telles sanctions contre la compagnie russe avaient été introduites pour la dernière fois en 2006.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, l'introduction de ces sanctions est liée au refus de Moscou de montrer trop de "complaisance" et d'adopter l'approche américaine dans le règlement du dossier nucléaire iranien. La semaine dernière, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov en visite à Téhéran a indiqué que les six médiateurs internationaux sur le problème iranien étaient à nouveau en désaccord sur la question du durcissement des sanctions contre l'Iran, sur lequel insistent les Etats-Unis et les autres pays occidentaux.

Le directeur du Centre d'étude de l'Iran contemporain Radjab Safarov estime que les sanctions américaines représentent une tentative de punir la Russie pour sa politique indépendante et active envers l'Iran.

Il n'existe actuellement aucun grand contrat d'armement entre l'Iran et Rosoboronexport, c'est pourquoi les sanctions américaines pourraient s'expliquer par des accords sur les livraisons d'armes à la Syrie, indique une source à Rostekhnologuii.

Les sanctions des Etats-Unis ont un caractère rituel et n'auront aucune influence sur la coopération entre les Américains et les sociétés russes liées à Rosoboronexport par sa compagnie mère Rostekhnologuii, telles que VSMPO, affirme Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies.

Chez Rosoboronexport, on qualifie ces sanctions de "manifestation de concurrence déloyale". "Selon les données de l'Institut international de recherche sur la paix, ces dernières années Rosoboronexport a occupé des positions de leader pour le volume des ventes", a déclaré le porte-parole de la compagnie Viatcheslav Davydenko, "cette décision discriminatoire est intervenue presque immédiatement après la publication de ces données".

L'année dernière, le revenu total des exportations de Rosoboronexport s'est chiffré à 6,7 milliards de dollars. Rien que pour les neuf premiers mois de 2008, les livraisons sont en hausse de 23%.

Kommersant

Transport du gaz: Gazprom s'accroche à son monopole

Le conseil des directeurs de Gazprom examinera demain la question de l'introduction d'un accès non-discriminatoire au système unifié de transport du gaz pour les producteurs indépendants, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Dans le cas où le monopole serait privé de l'exclusivité en matière du transport du gaz, ce que réclament le président du conseil des directeurs de Rosneft et le vice-premier ministre russe Igor Setchine, il pourrait perdre une partie de ses revenus. Gazprom estime que cette décision est inacceptable dans le contexte de la crise financière et propose de ne revenir à l'idée d'un accès égal au système qu'après 2011. Dans ces conditions, ce sont les pétroliers qui seraient les premiers à souffrir.

En 2007, Gazprom a extrait 550 milliards de m3 de gaz, contre 98,5 milliards de m3 pour les producteurs indépendants. En 2008, 32 compagnies indépendantes par rapport au monopole ont reçu un accès au système gazier unifié. Le volume de gaz transporté cette année par ce système devrait se chiffrer à 56,9 milliards de m3, alors qu'il avait atteint en 2005 114,9 milliards de m3. Gazprom réclame actuellement l'autorisation d'augmenter de 20% les tarifs du transport du gaz pour les "indépendants".

Les nouvelles propositions du Service fédéral anti-monopole (FAS) ne satisfont pas Gazprom, car elles mettent les filiales du géant gazier au même niveau que les producteurs indépendants. C'est-à-dire que tout le monde recevra un accès au système unifié proportionnellement aux volumes extraits, explique une source proche du FAS.

Gazprom considère qu'il ne faut revenir à la question de la modification du système actuel qu'après le nivellement des prix extérieurs et intérieurs du gaz, ce qui pourrait arriver en 2011. Dans ce cas-là, les conditions seront les mêmes pour tout les acteurs, indique-t-on au monopole gazier.

"Un des arguments-clés sera le fait que la compagnie a besoin d'un soutien financier dans le contexte de la crise", affirme une source proche du conseil des directeurs de Gazprom. Elle ajoute aussi que Gazprombank, principale banque de règlement du monopole russe, a déjà concentré "tous ses efforts" sur les besoins de Gazprom. Un certain nombre de clients de la banque affirment qu'elle a suspendu tous les autres projets et réduit l'octroi de crédits en expliquant que toutes les ressources étaient dirigées vers Gazprom.

Les experts sont dans l'ensemble d'accord avec les arguments du géant russe. "Les indépendants vendent le gaz à des prix libres. Avec l'accès au système unifié, le monopole leur donnera, en fait, la possibilité de gagner de l'argent à ses frais", admet Konstantin Tcherepanov, analyste de la banque d'investissement CIT Finance.

Un ajournement de trois ans pourrait représenter un bon compromis dans le cadre de la crise, car certains producteurs indépendants, comme par exemple Rosneft, ne lanceront leurs nouveaux projets gaziers qu'après 2012-2013, ajoute Valeri Nesterov de Troïka dialog.

Les producteurs indépendants ne sont en effet pas trop enclins à intensifier les livraisons. Itera et Novatek indiquent par exemple qu'ils transportent la totalité du volume nécessaire. La situation chez les pétroliers est cependant différente: TNK-BP fait part de son intérêt pour un élargissement de l'accès au système unifié afin d'augmenter les livraisons de gaz de Rospan.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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